Il ne pleut toujours pas. Au début du printemps, il y a de quoi s'inquiéter car le déficit pluviométrique et le manque d'eau risquent d'atteindre un seuil alarmant si jamais le beau temps persiste. La canicule, la sécheresse, et les températures inhabituelles pour la saison que l'on considérait autrefois comme un fait divers, sont devenues désormais un fait de société, voire une donne structurelle à laquelle il va falloir nous habituer. Le manque de pluies et les variations de températures plus prononcées par rapport à la moyenne des récentes années, prouvent que le changement climatique est déjà là et que le dérèglement météorologique en est peut-être déjà à un point de non retour. Alors que les experts climatologues du GIEC (Groupe Intergouvernemental d'études sur le climat de l'ONU) et de l'OMM (l'Office Météorologique Mondial), tablent dans leurs prévisions sur des augmentations de 6°c pour ce siècle et de 2°c pour l'an 2050, il faut croire que les premières manifestations des changements climatiques sont déjà parmi nous. S'il est établi que le changement climatique est le fruit des activités humaines et de la croissance exponentielle des émissions de gaz à effet de serre, c'est qu'il est temps de remettre en question les modes de vie de nos systèmes économiques car, aujourd'hui, la météo menace ce mode de vie et le risque est durable. Si dans beaucoup de pays, les tempêtes, les ouragans et les cyclones vont devenir de plus en plus nombreux, chez nous le changement climatique menace nos ressources en eau, nos forêts, notre agriculture et, partant, notre sécurité alimentaire. A défaut de mesures d'adaptation face à la vulnérabilité des écosystèmes, voire de mesures draconiennes et volontaristes d'atténuation et de réduction des émissions de gaz à effet de serre, il faut admettre que, d'une manière générale, la biodiversité de notre pays est gravement menacée par le changement climatique. En outre, le réchauffement climatique va fatalement entraîner des risques sanitaires énormes dont le coût humain pourrait être insoutenable. Dans les régions du Sud du pays, la poussée de la désertification et les sécheresses tenaces et persistantes provoquent une aridité des sols et une perte de terres arables qui va pousser des dizaines de milliers de personnes à l'exode. C'est un véritable défi auquel il va falloir s'atteler d'urgence à travers des plans et programmes à moyen et long termes afin de se préparer à cette réelle menace liée aux aléas climatiques et aux conséquences naturelles, sociales, économiques et humaines qui vont avec. Un débat et une réflexion sont à entamer car la question est vitale et elle concerne notre politique énergétique, les transports, l'agriculture, l'aménagement du territoire, la recherche scientifique, l'urbanisme, et elle appelle à concrétiser des grands chantiers dont principalement celui des énergies renouvelables, du développement propre et de la reforestation.