L'Observateur du Maroc et d'Afrique : La banque participative a été lancée il y a un an au Maroc, quel est le bilan aujourd'hui ? Mohammed Maarouf : Le bilan des banques participatives au Maroc est très réjouissant et très encourageant puisque les données jusqu'à d'octobre 2018, il y a eu 95 agences et 52.000 comptes ouverts, avec des dépôts de 1.32 milliard de dirhams. C'est quand même une réalisation plus qu'honorable, sachant qu'au niveau du financement, le secteur a pu financer 3.61 milliards de dirhams avec la Mourabaha immobilière et auto. Et on n'a pas encore toute la panoplie de produits qui permet de répondre à la fois aux besoins des particuliers et des entreprises. C'est un bilan plus qu'honorable sachant que l'écosystème n'est pas encore définitivement créé, et que la panoplie des produits et services n'est pas encore mise en place dans son intégralité. Peut-on dire aujourd'hui que la banque participative a déjà son assise ? Je dirais au-delà de l'assise. L'exercice 2018 a montré qu'il y a de l'appétence pour ce type de financement et que la finance participative a bien sa place comme partie importante de l'industrie financière au Maroc. Nous ne pouvons parler d'une assise consolidée, solide et durable que lorsqu'on aura les autres piliers de la finance participative qui doivent arriver certainement cette année. Je fais référence au-delà des banques participatives, à l'assurance participative, ou Takaful, que nous attendons avec impatience puisque cette offre d'assurance permet de libérer tout le potentiel de la finance participative. Et puis le deuxième pilier c'est le marché de financement parce que le prix de cette réussite ou de ce début de réussite constaté en 2018 va se traduire en pression financière et de liquidité sur ces jeunes acteurs, et donc un besoin de plus en plus grandissant en refinancement. Ainsi l'absence d'un marché de capitaux de refinancement pourrait nuire à l'essor de cette industrie. Puisque vous avez parlé de l'injection de liquidité est ce qu'on peut dire que l'arrivée des banques participatives a soulagé un petit peu cette liquidité Votre question pouvait avoir un sens s'il y avait une interaction au niveau du refinancement entre les banques participatives et les banques conventionnelles, ce qui n'est pas le cas. Cette interaction n'a qu'un seul sens, aujourd'hui via un contrat que le Charia Bord vient de valider. Ce sont les banques participatives qui peuvent se refinancer auprès des banques conventionnelles. Le schéma inverse n'est pas possible et ça veut dire que les 1.32 milliard de dirhams collectés rien qu'avec les dépôts à vue, puisqu'on a encore les dépôts d'investissement, ne sont pas suffisants pour financer les besoins en financement de ces banques. Avec le 1.32 milliard de dépôt nous avons distribué 3,6 milliards financements. Les banques participatives ont elles-mêmes un besoin de refinancement de plus en plus grandissant, et je ne vois pas comment les dépôts actuellement levés par les elles pourraient contribuer au financement des banques conventionnelles. Vous avez parlé de financement immobilier, de financement Auto, est ce que les offres pour le financement des projets est prévu pour 2019. Les choses qu'on attend pour l'année 2019 avec beaucoup d'impatience sont l'assurance Takaful, et le dépôt d'investissement qui est un produit très puissant puisqu'il permet d'une manière très conforme à la Charia de rémunérer les dépôts des clients. Ce produit sera à même d'améliorer les ratios entre ce qu'on a aujourd'hui en termes de dépôts et en termes de financements. Nous attendons le Salam qui sera un puissant outil de financement des cycles d'exploitation. Nous attendons la Moussawama et puis après avoir levé quelques contraintes persistantes encore, nous attendons l'Ijara. D'une manière très rationnelle se sont les produits probables et possibles pour cette année. Il y a une autre liste de produits qui font la distinction de la banque participative et que nous souhaitons voir sur le marché très rapidement, mais très raisonnablement je ne pense pas qu'ils puissent être conçus et mis sur le marché durant l'année 2019. Le financement Mourabaha immobilier est très demandé comment avez-vous géré la demande? Dès son lancement le produit Mourabaha immobilier a suscité une grande curiosité de la part du public qui s'est transformée rapidement en demande effective ce qui démontre l'appétence pour ce type de financement tant attendu. Ainsi, lors de la phase première phase d'expression de l'intérêt par le public il fallait faire preuve de didactique et mettre en place d'outils suffisants d'information et de sensibilisation, nos équipes se sont mobilisées pour expliquer ce nouveau mode de financement et répondre aux interrogations des clients et prospects. Ensuite, pour un traitement efficace et efficient de la demande nous avons mis en place les process nécessaires afin de fluidifier les opérations dans le respect des avis du Conseil Supérieur des Olémas, sachant que nous étions doté de ressources humaines formées et d'outils technologiques garantissant la meilleure qualité de service. Enfin, une des valeurs ajoutées de BTI Bank remarquée sur le marché c'est que nous assurons à nos clients un accompagnement et un conseil personnalisé lors de toutes les étapes de la conclusion du financement Mourabaha. Quels sont les vertus des produits de financement dédiés à l'immobilier? Les Produits Mourabaha Immobilier sont d'abord des produits qui répondent aux attentes d'une large catégorie de clientèle soucieuse d'avoir des produits de financement conforme à leurs valeurs. En plus, ce sont des produits très transparents ou les engagements des deux parties sont clairs et reposent sur des principes d'équité. Et enfin, au niveau coût financier pour le client, ces produits ont l'avantage d'être alignés sur le pricing en vigueur dans le marché. Entretien réalisé par Fatima Zohra Jdily * BTI Bank est une filiale du Groupe BMCE Bank