Le pianiste et compositeur légendaire Randy Weston s'en est allé à l'âge de 92 ans, le 1er septembre 2018. Il y a 2 ans, l'Observateur du Maroc et d'Afrique a eu l'énorme chance de le rencontrer au Festival Gnaoua d'Essaouira, lors d'une Master class qu'il a animé au côté de son complice de Tanger Maâlem Abdallah El Gourd. Jazzman hors norme, il est le premier à avoir mixé Jazz et rythmiques gnaouis dans le monde en 1967 ! C'est justement à cette époque qu'il s'installe à Tanger et se lie d'amitié avec Abdellah Boulkhair El Gourd grâce à ses amis maâlem Mustapha bakbo et Gerrard Brandenburg. Il découvre alors la musique gnawa qui l'inspire pour l'ensemble de ses compositions et lance avec Jacques Muyal l'African Rhythms, le mythique bar du jazz de Tanger. « Gnaoua, c'est ma famille, nous confie t-il. En fin de compte, quand on joue de la musique, on se rend compte qu'on est tous des Africains, on compose la même chose, …même notre façon de préparer les repas est exactement la même. Ici, en Afrique, je me sens vraiment chez moi, c'est la terre de mes ancêtres. En tant qu'artiste venu de New York, j'ai appris beaucoup plus de choses ici, j'ai rencontré de nouvelles personnes, j'ai appris à avoir de nouvelles habitudes, j'ai découvert de nouveaux genres musicaux. En tant que musicien de jazz, je trouve que je n'ai rien perdu et je ne regrette rien ! ». Mâalem Abdellah El Gourd dira de lui qu'il est d'abord « un ami, un frère et un père ». « Il m'a appris beaucoup de choses et m'a fait connaître plusieurs personnalités. Je lui dois toutes mes tournées en Europe, aux USA et en Afrique. En 50 ans, il est resté le même, humble et professionnel ». Pendant près de 60 ans, Randy Weston a composé dans un style caractérisé par une synthèse de musique africaine et de jazz américain. Il a joué avec les plus grands comme Duke Ellington, Count Basie ou encore Thelonious Monk. Grâce à lui, la musique Gnaoua s'est frayé un chemin dans l'univers fermé du jazz.