Le Roi Mohammed VI a adressé un message aux participants au Forum national de la haute fonction publique, qui a ouvert ses travaux ce mardi 27 février 2017 à Skhirate, sous le thème de la restructuration du système de la haute fonction publique. Dans son message dont lecture a été donnée par le Conseiller royal, Abdeltif Manouni, le Roi Mohammed VI a émis le souhait que ces assises « soient l'occasion d'une réflexion sereine sur les transformations que connaissent toutes les composantes du système de la Fonction publique, ainsi que sur les insuffisances inhérentes à son fonctionnement ». Et le Souverain d'ajouter : « Nous espérons aussi qu'à l'occasion de ce forum, vous examinerez les mesures législatives et réglementaires qu'il convient de prendre pour améliorer le rendement des services et des établissements de l'Etat. » Par ailleurs, le Roi Mohammed VI a rappelé que l'Administration marocaine, qu'elle soit centrale ou locale, aborde aujourd'hui un tournant majeur, qui exige que ses responsables s'impliquent avec vigueur dans la dynamique de changement économique et social à l'œuvre dans notre pays. « Un tournant, poursuit le Souverain, qui suppose également un accompagnement conséquent des politiques publiques menées et des chantiers de développement lancés. » Service public et nouveau modèle de développement Le diagnostic royal concernant l'actuel modèle de développement du pays est sans appel : « Tel qu'il a été initialement conçu, notre modèle de développement a atteint ses limites et se révèle, désormais, inapte à générer des bénéfices en termes de développement global. S'il ne répond plus aux attentes des citoyens, c'est qu'il se heurte à de multiples carences, notamment le rendement insuffisant de l'Administration, son faible potentiel en compétence et en créativité et l'absence d'une bonne gouvernance administrative ». Le Roi Mohammed VI d'ajouter : « Nous avons appelé précédemment à l'élaboration d'un nouveau modèle de développement pour appréhender les défis présents et à venir. Aujourd'hui, Nous lançons un appel pour que la notion de service public soit inscrite au cœur de ce modèle grâce à une réforme globale et profonde de l'Administration marocaine ». Dans son message, le Souverain affirme que ses observations critiques sur le rendement et l'efficacité de l'Administration publique sont parfois sévères, mais que ceci ne veut nullement suggérer que cette Administration ne remplit pas son rôle. « Le but n'est pas non plus de dévaloriser les compétences apportées par ceux qui y travaillent, ni de déprécier les efforts consentis pour accroître sa performance. Nous savons parfaitement que l'appareil administratif de notre pays connait, depuis des années, une évolution significative. En outre, Nous avons connaissance des remarquables réalisations dont il peut se prévaloir, des grands chantiers qu'il a contribué à faire aboutir. En définitive, ce que Nous voulons, c'est hisser la productivité de l'Administration à des niveaux supérieurs et l'infléchir pour qu'elle s'adapte aux changements intervenus à l'échelle nationale, qu'elle assimile les dynamiques d'évolution à l'œuvre au niveau mondial, et qu'elle contribue à relever les défis de développement auxquels est confronté notre pays », explique le Roi Mohammed VI. Charte des services publics Autres messages lancés par le Souverain : . « Nous appelons à la célérité la plus grande pour que soit adoptée la Charte des services publics, prévue par la Constitution. Revêtue d'un caractère contraignant, elle doit devenir la référence fondamentale en matière de bonne gouvernance, de gestion des administrations publiques, des collectivités territoriales et des services publics ». Le Souverain trace la voie à suivre à ce sujet : « Notre vœu est que cette Charte soit l'expression franche et vigoureuse de Notre nouveau concept d'autorité qui englobe, in extenso, les administrations et les services publics, tous paliers et toutes catégories confondues, et, au premier chef, le système de la haute fonction publique. » . « Au regard de ces multiples enjeux, la réforme globale et intégrée de l'Administration publique s'impose sans délai. En effet, à l'impératif d'assurer en permanence la bonne marche du service public s'adjoint la nécessité de veiller à la qualité des prestations publiques. Outre un renforcement de sa dimension régionale, la gestion des ressources humaines doit être optimisée en créant les conditions de la déconcentration administrative et en donnant la priorité aux exigences de compétence et d'efficacité. En tant que mode pratique et efficient de gouvernance territoriale, la régionalisation avancée est le socle sur lequel l'Administration doit s'appuyer pour offrir au citoyen les prestations et les services de proximité dont il a besoin et pour le rapprocher des centres de décision. Or l'opérationnalisation optimale de ce chantier structurant n'est possible qu'au prix d'une implication active de tous, notamment l'Administration publique, centrale et locale. » . « L'Administration devrait disposer, à tous les paliers, de ressources humaines qualifiées. Il est, par conséquent, primordial de relever le défi de la formation et de la mise à niveau continues des membres du personnel administratif, cadres et agents. De plus, les recrutements doivent être effectués en parfait accord avec les besoins réels de l'administration concernée et en fonction des qualifications requises pour les postes à pourvoir. Dans la même veine, il faut veiller au strict respect des critères de compétence, de mérite et d'égalité des chances au cours de ces processus d'embauche. Par ailleurs, outre la mise en place de conditions et de cadres de travail appropriés, le recours à une panoplie de mesures incitatives et disciplinaires est nécessaire pour assurer des niveaux élevés de rendement professionnel. » . « L'utilisation des nouvelles technologies est un facteur clé pour améliorer le travail administratif. Il convient, par conséquent, de tendre vers une généralisation de l'administration électronique par la fourniture de services à distance et la facilitation, pour les différents départements, de l'accès commun aux informations. » . « Nous avons bon espoir que ce Forum national de la haute fonction publique soit un moment fort qui mette en avant les nouveaux principes de gouvernance publique et fasse des propositions avant-gardistes sur les modalités de gestion efficace de la chose publique. Le modèle managérial souhaité reposera sur une contractualisation de la relation de travail dominée par les maîtres mots que sont l'engagement à atteindre les objectifs tracés et l'obligation de rentabilité et de résultat. Il devra également faire prévaloir la logique du service public, où prédominent les principes d'intérêt général, d'intégrité, de justice spatiale et de cohésion sociale. Nous espérons aussi que ce forum sera une occasion idéale pour formuler des recommandations, pour prendre des résolutions pratiques, déterminantes et applicables, en prélude à la mise en chantier de la réforme souhaitée. Ces décisions marqueront concrètement le point de départ pour mettre en marche le passage graduel d'un modèle de la fonction publique axé sur la gestion des carrières à un autre, tout nouveau, fondé sur la gestion des compétences. Il s'agira ainsi d'un modèle administratif efficace s'harmonisant avec le modèle de développement recherché et répondant aux impératifs de l'étape présente et à venir. »