Sur la sellette, le président Joseph Kabila et son entourage, qui ont mis en coupe réglée des pans entiers de l'économie RD congolaises comme l'ont révélé de nombreuses enquêtes (celles de Bloomberg, du GEC, du Soir, du Monde, etc.), tente de mettre à l'abri l'immense fortune accumulée ces dernières années dans diverses places financières à travers le monde (voir à ce sujet l'affaire des « Panama Papers » dans laquelle Jaynet Kabila, la sœur jumelle du chef de l'Etat RD congolais, est impliquée). Pour organiser cette fuite massive de capitaux (dont une bonne partie relève de détournements d'argent public), Joseph Kabila et ses proches se tournent vers des sociétés anonymes mais aussi diverses personnalités. C'est dans ce cadre qu'Eugène-Richard Gasana, un ancien diplomate rwandais, a été missionné par le président RD congolais en personne. L'opération consiste à exfiltrer, par des voies détournées, des fonds de la RDC vers des institutions financières internationales avant d'en recycler une partie dans le système financier local, notamment via les banques qu'il contrôle à travers sa famille (BGFI, BCDC, ce qu'il reste de la BIAC, etc.). Techniquement, il s'agit d'une opération de recyclage de capitaux, donc de blanchissement. Dès la première transaction, une cinquante de millions de dollars avaient été blanchis par ce biais. Depuis, d'autres opérations du même type ont eu lieu. A Kinshasa, c'est l'incontournable Kalev Mutond qui sert d'intermédiaire entre Joseph Kabila et l'ex-diplomate rwandais. C'est d'ailleurs le patron de l'ANR qui avait présenté au président congolais Eugène-Richard Gasana. Pour ce dernier, manifestement, il ne s'agit pas d'une première. L'année dernière, de lourds soupçons concernant des activités financières frauduleuses lui avaient coûté son poste de Représentant permanent du Rwanda auprès des Nations Unies, avec rang d'Ambassadeur, des fonctions qu'il occupait depuis 2009 et qu'il combinera avec celles de ministre de la Coopération après sa nomination en 2012. Le Président Paul Kagamé l'avait brutalement démis de ses fonctions après avoir pris connaissance d'un rapport très détaillé faisant état de ses activités « indélicates ». Une décision officialisée lors du Conseil du gouvernement rwandais du 10 août 2016.