La Cour internationale de justice doit se prononcer mercredi à La Haye sur une requête de la RDCongo qui entend ordonner à son voisin rwandais de cesser sa «guerre d'agression». Le 28 mai dernier, Kinshasa avait déposé une requête auprès de la CIJ, organe judiciaire des Nations Unies chargé de juger les différends entre Etats, accusant le Rwanda de «violations massives, graves et flagrantes des droits de l'Homme» dans la partie orientale de son territoire. C'est en effet dans cette zone que le Rwanda est venu soutenir, depuis août 1998, les rebelles du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), opposés au pouvoir de Kinshasa. Ce groupe rebelle et son allié rwandais ont pris le contrôle de près d'un tiers de la RDCongo, des provinces du sud et du nord-Kivu (Est), du Maniema (centre-est) en passant par le Kasaï (centre-sud) et le nord-Katanga (sud-est). Une menace imminente qui a poussé les autorités congolaises à demander à la justice internationale de reconnaître la responsabilité du Rwanda, coupable, selon elles, du génocide de plus de 3,5 millions de Congolais. La décision que doit rendre la CIJ mercredi ne devait pas porter que sur des mesures conservatoires demandées par Kinshasa «pour éviter que des préjudices irréparables ne soient causés à ses droits et à ceux de sa population du fait de l'occupation par les troupes rwandaises». La RDCongo a aussi réclamé la mise en place d'un embargo sur les armes, sur l'or, le diamant, le coltan ainsi que d'autres ressources provenant du pillage systématique de richesses de la RDC dans sa partie occupée, en direction du Rwanda. La décision de la CIJ intervient par ailleurs au moment où des ministres des deux pays ont entamé des discussions en marge du sommet de l'UA. Depuis Durban, le président rwandais Paul Kagamé s'est également déclaré prêt à rencontrer son homologue congolais Joseph Kabila, «pour trouver une solution à la guerre civile». De son côté, le Rwanda accuse la RDCongo de donner asile aux milices Hutus soupçonnées du génocide de 800.000 Tutsis et Hutus modérés en 1994.