Pour la première fois depuis le lancement des négociations sur le Sahara, les parties au conflit se sont séparées sans parvenir à fixer une date pour le prochain round. Une première certes, mais sans surprise, pour la communauté internationale, et moins encore pour le Royaume du Maroc qui a alerté, dès le lancement du 4ème round, lundi soir à Manhasset, sur le plan préétabli par Alger pour faire capoter cette nouvelle manche de dialogue. «Comme tout le monde a pu le constater, les autres parties se sont montrées plus agressives, ces derniers temps, et ont mobilisé, de manière intensive, tous les moyens et possibilités dont elles disposent, dans une tentative d'attenter à l'initiative marocaine d'autonomie», a relevé le négociateur marocain en chef, le ministre de l'Intérieur Chakib Benmoussa, à la fin du 4ème round, lors d'une conférence de presse au siège de la mission permanente du Maroc auprès de l'ONU. Pas de surprise non plus, car «comment peut-on s'engager dans des négociations et, en même temps, inciter à l'escalade, aux troubles et à la violence, entraver ces pourparlers et s'employer à les saborder?», s'est demandé le responsable marocain, en ajoutant que « ceux qui parient sur de tels choix ne peuvent, par conséquent, prétendre s'engager dans de telles négociations ». L'Algérie, qui se livre à un véritable jeu de cache-cache, a imposé au Polisario un «agenda » précis. Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Taïeb Fassi Fihri, l'a dévoilé devant le commun des journalistes, à l'issue du 4ème round. « Lors de ce round, nous avons constaté que le Polisario et l'Algérie tentent de combattre l'Initiative marocaine », contrairement aux résolutions du Conseil de sécurité (1754 et 1783) qui ont clairement salué les «efforts crédibles et sérieux» du Royaume du Maroc pour tourner la page du passé. «Le Polisario et l'Algérie ont combattu l'Initiative marocaine avant même que le Maroc ne l'ait présentée officiellement aux Nations Unies, usant de deux stratagèmes, d'un côté, en affirmant qu'elle n'est pas conforme au principe d'autodétermination, ce qui est faux, et de l'autre, en essayant de modifier la réalité sur le terrain», a fait constater le chef de la diplomatie marocaine. La réponse du Royaume est claire et ferme. Tout en réaffirmant sa disposition à poursuivre les négociations, dont il est d'ailleurs à l'origine, «le Maroc ne peut accepter que soit apporté un changement sur le terrain, surtout à l'est du mur de défense», a tranché le ministre Fassi Fihri. « Le choix n'est pas entre l'autonomie et l'indépendance mais entre l'autonomie et le statu quo », a martelé pour sa part le ministre Benmoussa, qui a déploré que les autres parties soient restées prisonnières «d'une logique de solutions désuètes, dont la communauté internationale a constaté l'inapplicabilité». «Le Polisario, qui est sans pouvoir de décision, s'est contenté de ressasser des positions et des thèses révolues», a fait remarquer le directeur général des Etudes et de la Documentation (DGED), Mohamed Yassine Mansouri. Le président du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes, Khalli Henna Ould Errachid, a enfoncé le clou en affirmant que «la marge de décision du Polisario est extrêmement limitée». «Le Polisario se trouve sur le territoire algérien. Il est financé et guidé par l'Algérie et, certainement, celui qui finance est celui qui commande», a-t-il précisé, en espérant que «la position du Polisario évoluera lors du prochain round». Et que l'Algérie, surtout l'Algérie, adhère à la dynamique créée par l'offre marocaine d'autonomie.