Entre Israël et le Hamas, c'est un duel terrible et sanglant pour obtenir que l'adversaire mette un genoux à terre, qui se déroule ces dernières semaines. Les civils, en particulier Palestiniens - 130 morts en sept jours - plus l'assassinat de huit adolescents israéliens, étudiants dans une école talmudique, paient le prix de ce bras de fer. Et nul ne veut prendre l'initiative de céder. De prime abord, le Hamas semble en position de force dans ce duel sanglant mené contre l'Etat hébreu. Ostracisé par Israël, les Etats-Unis, l'Europe et même le Fatah, après son installation au pouvoir par la force à Gaza en juin dernier, le parti islamiste était incontestablement en perte de vitesse. L'Europe a coupé l'aide financière à Gaza, les Israéliens lui ont imposé un blocus. C'était oublier un peu vite que le Hamas a été régulièrement élu aux législatives de janvier 2006, que les assassinats ciblés et les punitions collectives imposées par l'adversaire ne font que renforcer la solidarité et que l'honneur et la résistance sont les dernières cartouches d'un peuple quand il a perdu tout le reste. En janvier, en parvenant à ouvrir des brèches dans la frontière avec l'Egypte pour permettre à la population de se ravitailler, le Hamas réussissait le coup qui allait redorer son blason parmi les Palestiniens. Et qui très probablement lui a permis de faire rentrer davantage d'armes modernes à Gaza, des roquettes Grad venus d'Iran. Celles-ci atteingnet Askelon, une ville de 120.000 habitants à 15 kilomètres de là. En fait, Israël est tombé dans le piège tendu par les islamistes. Après avoir hésité, l'armée a lancé une offensive meurtrière sur la bande de Gaza et a été obligée de l'arrêter, sur injonction américaine, quarante-huit heures plus tard. La communauté internationale a condamné « la réplique disproportionnée » de Tsahal et Mahmoud Abbas, le président palestinien, a déclaré mettre fin aux pourparlers de paix si une trêve n'était pas respectée de part et d'autre et des points de passage ouverts entre Gaza et I'Etat hébreu pour mettre fin au blocus qui dure depuis le 17 janvier. En tournée dans la région, Mahmoud Abbas était appuyé par Condoleeza Rice, la secrétaire d'Etat américain. Pire pour Olmert, pour la première fois depuis 2004, un Palestinien lançait une attaque meurtrière en plein Jérusalem. Elle était revendiquée par le Hamas qui déclarait que « toute trêve israélo-palestinienne devait être réciproque et simultanée ». Le coup est rude pour le Premier ministre israélien. Lorsqu'en décembre, le Hamas avait déjà proposé une trêve, il n'avait pas jugé bon de répondre. Il était alors persuadé qu'Israël allait mettre au pas le mouvement islamiste et que les Palestiniens allaient de révolter contre lui. Peine perdue. Que va-t-il faire après tant de gâchis et de sang versé? Ehoud Olmert a les mains de plus ne plus liées. L'attentat de Jérusalem pousse la population et les durs à prôner une solution uniquement militaire. Mais la voie est sans issue : le Hamas est mieux armé qu'autrefois, il ne craint pas le nombre des morts (contrairement à la population israélienne) et s'il attire Tsahal dans Gaza, il sait que le nombre élevé de victimes causé par l'affrontement se soldera par une défaite politique pour l'Etat hébreu. Olmert peut-il accepter une trêve israélo-palestinienne? Difficile. Si elle est proposée par Mahmoud Abbas, elle est en fait négociée par les Egyptiens, appuyés par les Américains, avec le Hamas et le Jihad islamique. Sans l'accord de ces deux partis, aucune trêve n'est possible. Mais cela revient à remettre le Hamas et le Jihad, dans le jeu politique et à le faire accepter, de fait, par les Américains et les Israéliens. Le parti islamique en rêve depuis le mois de juin lorsqu'il s'est installé à Gaza. Israël, les Etats-Unis et le Fatah y sont-ils prêts ? Pourquoi pas : le Hamas a déjà respecté une précèdente trêve pendant prés de deux ans.