Anas Houir Alami, le directeur général de la Caisse de dépôt et de gestion, a tenu une conférence de presse lundi 11 avril 2011 à Rabat pour présenter les comptes et les projets de l'institution. Exercice tout à fait libre puisque la CDG n'y est pas tenue par la loi. La CDG n'étant pas cotée en bourse. Toutefois, pour le directeur général, la CDG ayant en charge la gestion de l'argent des déposants, elle se doit de communiquer à ceux-ci, dans la transparence, les résultats de ses activités afin qu'ils sachent comment leurs fonds sont employés. De ce côté, ils n'ont pas à s'inquiéter puisqu'«après une année 2009 relativement difficile, le résultat net consolidé du Groupe s'établit à 1.933 millions de DH, affichant une progression spectaculaire par rapport à 2009 (+164%)», souligne Anas Alami. Les fonds propres du Groupe progressent de 33% et s'élèvent aujourd'hui à 19 729 millions de DH. Ces deux indicateurs attestent de deux réalités économiques fondamentales : la première concerne la création de richesses, «générées par nos différentes lignes de métiers et essentiellement par le secteur banque et activités financières». La seconde, relative au renforcement des fonds propres, «confirme notre identité d'investisseur de long terme, capable de jouer un rôle contra-cyclique sur le marché financier marocain et de réaliser des investissements productifs, à caractère social structurant», rassure le directeur général. Les ressources se sont également renforcées en 2010, grâce au transfert à la CNRA de la Caisse interne de retraite de l'OCP pour un montant de près de 7 milliards de DH, et grâce à une progression de plus de 12% des dépôts, portant le total à 51.961 millions de DH et dépassant ainsi pour la première fois la barre des 50 milliards de dirhams. A cet égard, la signature de la Convention de partenariat avec la Chambre notariale, dans le contexte d'une réforme juridique de la profession, et la signature de conventions de gestion avec les cinq plus grands barreaux du pays, consolidera le positionnement de la CDG en tant que banquier des professions juridiques et des consignations. «La structuration du Fonds d'entraide familiale, en partenariat avec le ministère de la Justice s'inscrit aussi dans le renforcement des ressources et donc dans la mobilisation de l'épargne longue», explique A. Alami qui regrette néanmoins «le rythme très faible des dépôts de la CNSS qui limite nos capacités d'action dans le domaine de l'investissement». Mais la Caisse est décidée à parvenir à une relation normative avec la CNSS par tous les moyens. «La lecture de nos performances 2010 démontre le dynamisme de la CDG sur les marchés des capitaux et sur les investissements financiers», précise la DG. Ainsi, la cession de 40% des parts de Méditel à Orange (France Télecom), en partenariat avec le groupe FinanceCom, a permis de dégager une plus-value brute de 1,2 millard de DH. Double gain donc : en plus de la performance financière, cette opération permet de renforcer la cohésion des actionnaires de Méditel et de reposer sur un opérateur leader dans la recherche et développement avec plus de 3000 chercheurs et 1 milliard d'euros de budget en R&D. «Nos investissements se sont bien comportés, globalement.» Anass Houir Alami, directeur général de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) Entretien réalisé par f-z jdily L'Observateur du Maroc. Comment se sont comportés les investissements en 2010, surtout après une année 2009 très difficile ? Anass Houir Alami. Nos investissements se sont bien comportés, globalement, pendant l'exercice 2010. Effectivement, il y a eu une baisse importante pendant l'exercice 2009, et il y a encore quelques investissements qui n'ont pas encore dégagé de bons résultats en 2010. Je pense particulièrement à une société qui produit des caméras… Mais je rappelle qu'un travail très important a été réalisé pendant l'exercice 2010, et continuera pendant l'exercice 2011 pour réaliser des résultats lors de l'exercice 2012. Les investissements qui ont été très intéressants, ce sont nos investissements au niveau du secteur télécom. Qu'est ce qui explique la forte présence de votre groupe dans le secteur immobilier et le marché financier ? La présence dans le secteur immobilier s'inscrit dans le cadre de la stratégie globale de l'aménagement du territoire. Le Maroc, sur les 10 dernières années, a fait un saut qualitatif extrêmement important grâce à différentes structures de l'Etat, notamment les offices qui opèrent dans différent secteurs. La CDG a participé également à cette montée en qualité et en quantité dans le secteur de l'infrastructure. Et l'aménagement du territoire passe par des projets immobiliers de grande taille. En ce qui concerne le marché financier, nous avons une présence et une expérience réussies. C'est un secteur qui s'est très bien porté. Notre ambition est celle d'aller là où le secteur privé a du mal, là où la rentabilité est sur le très long terme. Vous augmentez votre poche d'action de 6 %. Qu'est ce qui explique cette augmentation en matière d'achat d'actions ? La poche d'actions a augmenté dans le cadre de l'exercice 2010, principalement après l'acquisition du titre BMCE, pour un montant de 3 milliards de dirhams. Pendant l'exercice 2010, nous avons eu une approche plutôt neutre par rapport au marché, avec quelques cessions qui ont permis de dégager des plus values et qui entrent dans le cadre de l'activité normale de la caisse. On a remarqué une baisse de dépôts de la CNSS. Est ce que cela n'inquiète pas ? Les dépôts de la CNSS ont effectivement baissé. Pour nous, c'est un sujet extrêmement important. C'est un sujet qui n'a pas trouvé, malheureusement, un terrain d'entente sur les derniers mois. C'est un sujet extrêmement important et il faut que nous ayons une visibilité sur les ressources, qui nous permette d'augmenter la cadence de nos investissements et de remplir notre rôle de protecteur, par les textes de lois. Le Maroc projette une régionalisation avancée, dans quelle mesure la CDG pourra-t-elle accompagner ce mouvement ? La régionalisation avancée est un projet qui est important pour la Caisse de dépôt et de gestion et dans le cadre du développement de son activité d'accompagnement des services ou des collectivités locales. Nous avons déjà un pôle au sein de la Caisse de dépôt et de gestion qui accompagne les collectivités locales, notamment dans le domaine de parking, parce que nous voulions avoir une concentration sur un secteur qui nous permet de dégager de bons résultats et de capitaliser des réussites. La régionalisation est une avancée importante et une continuité dans nos efforts d'accompagnement et donc nous nous préparons à plus d'efforts et à nous doter de plus de moyens pour accompagner les collectivités territoriales qui vont, a priori, avoir une dimension beaucoup plus importante à l'avenir que celle qu'elles ont aujourd'hui. Si jamais des opérateurs étrangers venaient à se retirer de certains investissements, est ce que vous seriez prêts à reprendre ces investissements? Ce sont des questions qui se posent au moment opportun et il est difficile de répondre sans réflexion préalable. Dans l'activité de gestion de portefeuille, nous regarderons toujours les opportunités qui se présentent et nous aurons toujours la question de rentabilité qui se pose. Si c'est dans l'intérêt de déposants, nous n'hésiterons pas. C'est ce que nous avons fait dans le cadre de Méditel. Même si l'opération était tout de même de grande taille, et les enjeux relativement importants dans le contexte de marché financier relativement difficile, nous avons saisi l'occasion. Nous n'hésiterons pas à faire de même si jamais des occasions se présentent.