Ce n'est pas par hasard que le plan Emergence (étude Mc Kinsey) a identifié l'artisanat comme l'une des activités économiques que notre pays gagnerait à développer comme locomotives de l'exportation. Secteur vital, l'artisanat contribue au PIB national, à la création d'emplois tout en assurant des revenus pour une importante frange de la société que ce soit en milieu urbain ou rural. L'artisanat serait également le meilleur ambassadeur de notre pays. Le savoir faire des artisans, la beauté et la qualité des produits venant du Maroc rehaussent l'image de notre pays et redorent son blason au niveau international. Les professionnels et les responsables en sont d'ailleurs conscients, et la vision 2015 en est l'éloquente expression. Mise à niveau Cette stratégie nationale a l'ambition de répondre à un double objectif : la création de nouveaux emplois et l'implication de l'administration dans le développement du secteur en général. Ceci à travers l'élaboration de 15 stratégies régionales et le lancement de chantiers de restructuration incluant les différentes régions. Concrètement, cette stratégie aspire à augmenter le chiffre d'affaires de l'artisanat pour atteindre 24 milliards de DH alors qu'il était de 10 milliards en 2008. Il s'agit également de multiplier les exportations par 10, à l'horizon 2015, en passant de 700 millions de DH à 7 milliards de DH. La création de 115.000 emplois représente l'un des axes majeurs de la vision 2015 au même titre que l'organisation des métiers, la réforme des chambres professionnelles et la mise à niveau sociale du secteur. S'ajoute à cela un volet important, à savoir l'orientation et l'encadrement des acteurs privés. Ces derniers, de leur côté, se voient charger de la mise en œuvre de ces axes de développement et de création d'emploi. Ainsi, la Fédération des entreprises d'artisanat (FEA) travaille, en étroite collaboration avec le secrétariat d'Etat chargé de l'artisanat, sur l'ensemble des dossiers du secteur et avec l'ensemble des filières, que ce soit au niveau de la production, de la formation ou de la promotion. Un défi d'envergure pour un secteur au fort potentiel, mais qui a toutefois besoin d'une mise à niveau générale. «Nous avons comme objectif la mise à niveau des outils de production mais aussi l'innovation en matière de design, sans oublier l'amélioration de la qualité des produits», nous explique Saâd Sefrioui, président de la Fédération des entreprises d'artisanat du Maroc. Mais avant d'en arriver là, la FEA, épaulée par l'ANPME (Agence pour la promotion de la petite et moyenne entreprise), s'emploie à faciliter l'accès au financement et à l'amélioration de ses conditions. «Nous œuvrons pour créer des produits spécifiques qui répondent aux exigences des entreprises du secteur. Il y a aussi la mise en place par l'Etat du nouveau fonds de garantie d'une valeur de 400 millions de DH. C'est une bonne initiative qui a le mérite d'encourager les entreprises et les banques à financer le secteur», argumente le président de la FEA, avant d'ajouter qu'au niveau de l'accès au foncier, la fédération est en train de préparer la mise en place de la zone d'activité pilote Minyadina à Casablanca. Au niveau national, dix autres zones sont également prévues pour les dix prochaines années. Tous ces projets prennent forme sous la supervision de l'Observatoire de l'artisanat. Ces différents chantiers, aux différents acteurs, menés à bien, devraient donner le jour à des entreprises championnes. Des entreprises capables de porter l'ambitieux projet d'un artisanat de qualité, compétitif et surtout générateur de revenu. D'où l'importance de l'élaboration d'une stratégie de commercialisation de l'artisanat marocain. D'après Saâd Sefrioui, ce volet est le sujet de toutes les attentions car garant de l'aboutissement de tant d'efforts et d'actions. «Avec la Maison de l'artisan (MDA), nous organisons les semaines du Maroc à l'étranger qui sont, d'ailleurs, très appréciées», explique-t-il. Au niveau local, la zone commerciale, très prisée, de Sidi Ghanem à Marrakech voit l'organisation de diverses activités et animations pour la promotion des produits artisanaux. Toujours dans le cadre de cette stratégie marketing, le président de la FEA nous fait part d'un projet qui lui tient à cœur : le Shopping festival de Casablanca. En préparation depuis plus de deux ans, cet événement ambitionne de devenir «LE» rendez-vous incontournable. L'artisanat national en sera l'incontestable vedette. C'est du moins ce que confirme Sefrioui. Toujours d'après lui, cette initiative sera boostée par le système de la détaxe. De quoi séduire les consommateurs, tout en les incitant à faire de bonnes affaires. «Le Morocco Mall, qui va ouvrir ses portes courant 2011, accueillera également les show rooms des entreprises membres de la FEA. Il sera de même un lieu d'exposition du meilleur de notre artisanat», ajoute Sefrioui. Rappelons que la FEA, toujours avec l'appui de la MDA, organise chaque année le salon professionnel Minyadina. Des prescripteurs et des journalistes du monde entier y sont invités. Salon itinérant, Minyadina voyage à travers les villes afin de faire découvrir, aux visiteurs étrangers et marocains, les différentes régions de notre pays et leurs spécificités artisanales. «Notre artisanat est un véritable laboratoire.» Saâd SEFRIOUI, Président de la Fédération des Entreprises d'Artisanat du Maroc, DG de Premier Tax Free et Consul honoraire de la République de Pologne. Entretien réalisé par Hayat Kamal Idrissi L'Observateur du Maroc. Comment l'artisanat participe-t-il à la représentation de l'image du Maroc à l'étranger ? Saâd SEFRIOUI. Le Maroc a su créer des concepts bien plus que des produits, et qui sont aujourd'hui exportés partout dans le monde, tels que le bien-être, la décoration, l'habillement… et de manière plus générale l'art de vivre marocain, qui est aujourd'hui très à la mode! Notre artisanat a su également marier tradition et modernité afin de répondre à la demande des consommateurs aussi bien marocains qu'étrangers. Le design, mêlé au savoir faire de nos maitres artisans et aux matières uniques du Maroc, a donné une touche exceptionnelle à notre artisanat national. Il faut dire que ce dernier constitue un véritable laboratoire. En tant qu'acteurs actifs du secteur, nous travaillons aussi sur la labellisation de nos produits et la professionnalisation de l'ensemble des filières. Je pense que c'est là où résident notre succès et nos opportunités pour le futur. Quelle est la part de l'artisanat dans les achats des touristes et dans la détaxe ? Notre artisanat est intiment lié au tourisme. C'est un véritable levier pour le secteur. Les deux vont de pair. Les touristes qui visitent notre pays sont de grands consommateurs des produits de l'artisanat. Actuellement, au niveau de notre système de détaxe Premier Tax Free, nous faisons un travail de fond pour sensibiliser les show rooms et les magasins d'artisanat quant à l'intérêt de la détaxe. La totalité des entreprises membres de la Fédération des entreprises d'artisanat, ayant des magasins ou des shows room, ont déjà mis en place ce système. Par conséquent, ils réalisent plus de ventes et de bénéfices grâce notamment au support marketing et commercial de Premier Tax Free. Toujours dans ce sens, nous en avons équipé l'ensemble des show rooms de Sidi Ghanem, la zone commerciale, artisanale et industrielle de Marrakech. Que fait la FEA pour aider l'artisanat à s'exporter ? Au niveau de la promotion, la FEA s'allie à la Maison de l'artisan, pour plus d'innovation et d'impact. Nous participons activement à des salons professionnels partout dans le monde. Nous organisons aussi des Road shows qui sont préparés à l'avance avec, au menu, des rencontres business to business. Nous partons sans cesse à la conquête de nouveaux marchés. Fin 2010, nous sommes partis en Amérique du Sud. Cette année, nous allons investir les pays du Golfe pour prospecter de nouveaux marchés. Chaque région possède un énorme savoir-faire, à quoi est dû le déséquilibre en matière de production et de promotion au niveau des régions ? Nous essayons de pallier ce déséquilibre moyennant la formation. Nous sommes en train de mettre en place un processus d'apprentissage par formation continue en entreprise. Il y a aussi la préservation des métiers, par région, qui est très importante et enfin la construction d'une académie dédiée à la formation aux métiers d'artisanat et à leur valorisation.