Têtes coupées, corps décapités ou éventrés, les plus célèbres criminels du pays ont usé de toutes les ruses pour tuer. Passionnés par l'odeur du sang ou poussés par un véritable besoin de survie, ils n'ont pas manqué de moyens pour parfaire leurs crimes, terroriser la société et faire courir la police durant des mois, voire des années. Si ces grands criminels sont des légendes, rarement vivantes, dans le pays, leurs souvenirs hantent leurs régions et demeurent l'un des sujets les plus évoqués et une arme redoutable pour faire obéir les enfants. Souvent issus de petits villages, ils attaquent violemment leurs victimes, sans pitié. Ils tuent, égorgent, éventrent et deviennent de vrais meurtriers en série. Entre Al Khanfouri, Mjinina et Ninja, les plus grands tueurs du pays ont sévi au milieu des années 90. Leurs histoires ont fait la une des médias et les populations ont suivi assidument le déroulement de leurs affaires. Dans le cas d'Al Khanfouri, des fêtes ont même été organisées à l'occasion de son arrestation. Mjinina Le monstre de Meknès Voleur, violeur et serial killer, Mjinina est l'un de ces grands criminels dont la simple évocation du nom fait dresser les poils. Son souvenir est toujours lié aux multiples crimes qu'il a commis et aux nombreux corps qu'il a décapités. Originaire de Borj Moulay Omar, à quelques kilomètres de Meknès, Mjinina, de son vrai nom Abderrahmane Souihi, souffrait depuis son jeune âge de poussées de folie et de crises d'hystérie. Son entourage croit toujours que ce grand criminel était réellement le diable incarné. On ne sait toujours pas à quel âge il a commencé à commettre ses crimes. En 1991, Mjinina assassine Hanfouza, un chef de bande rivale avec lequel il a eu quelques embrouilles lors d'un ancien passage en prison. Il l'attaque, lui coupe la tête en récitant un verset coranique et la met dans un sac en plastique qu'il dépose chez les gendarmes. Condamné à mort, il réside à la prison centrale de Kénitra où il provoque des bagarres et attaque tous les prisonniers. Tout le monde craignait celui qui multipliait les frasques. A la fin des années 90, il attaque violemment les détenus et les gardiens à l'arme blanche avant de s'enfermer. Durant la même nuit, il se suicide par pendaison, seul, dans sa cellule. Al Khanfouri Le serial killer de Sidi Kacem Originaire de Jamaâ El Harafate, à quelques kilomètres de Sidi Kacem, Al Khanfouri, Ghaffar Aissa de son vrai nom, commet son premier crime à l'âge de 20 ans. Depuis son jeune âge, il s'attaque particulièrement aux riches et aux bourgeois de la région. Les gens de Sidi Kacem s'en souviendront à vie : ses crimes étaient d'une cruauté immonde et il reste le sujet de discussion le plus prisé de la région. Victime de la misère et du chômage, Al Khanfouri, qui doit son nom à un nez démesurément gros, est condamné vers la fin des années 90 pour crime. Il égorge un compagnon de cellule puis un gardien avant de s'enfuir. Il fait des mariages son gagne-pain préféré. Il attaque les invités, viole les mariées et disparait. Il récidivait sans cesse en tuant, égorgeant, coupant les langues, décapitant les corps… Un jour, deux gendarmes le coincent dans un champ de canne à sucre. Il les tue froidement en leur défonçant le thorax à l'aide d'un fusil à double canon scié avant de s'enfuir, de nouveau. C'est suite à un grand ratissage sécuritaire que Ghaffar est arrêté. Des habitants de la région ont fêté son arrestation en organisant des fêtes sous des tentes caidales. Al Khanfouri est condamné à mort. Mohammed Zouita L'assoiffé de sang Le boulevard Roudani et la Gironde à Casablanca sont parsemés d'horreur : les lambeaux de deux corps mutilés gisent sur la voie publique. Ce 11 février 2003, le premier corps, trouvé tôt le matin, est celui d'une femme nue avec une lettre manuscrite sur une petite feuille de carnet d'élève. Quelques heures plus tard, un tronc d'homme enroulé dans des cartons est découvert dans une artère du quartier Maârif. Les deux victimes ne peuvent pas être identifiées puisque les doigts de leurs mains ont été découpés. Les enquêteurs s'engagent sur la piste des cartons qui appartiennent à la même société, spécialisée dans la vente et l'installation de boîtes aux lettes métalliques. Ils mènent leur enquête chez les différents promoteurs de la ville qui travaillent avec la même société. Après avoir interrogé plusieurs personnes, vient le tour d'un certain Mohammed Zouita, concierge d'un immeuble, qui affirme récupérer les cartons et les redistribuer à des amis qui les lui réclament. Sauf que tous les amis qu'il a cités nient avoir reçu des cartons de chez lui. Quelques jours après son interrogatoire, le concierge disparait de la circulation sans même récupérer son salaire. Les enquêteurs retrouvent dans sa chambre le carnet aux feuillets comme ceux retrouvés sur le corps de la femme et d'autres cartons de la fameuse société. Quelques jours plus tard, Zouita se suicide dans un bureau de l'immeuble qu'il gardait. Ninja L'angoisse noire Son rêve était de tuer cinq policiers. Le 23 novembre 1992, Ninja se dirige vers deux policiers, sort son revolver et tire en leur direction. Le lendemain, il débarque dans le quartier Sidi Othmane à Casablanca, tire deux balles sur un policier et le blesse. Lorsqu'un marchand de saucisses veut l'attraper, il vide le reste des balles en sa direction. Recherché par la police, Ninja se débarrasse de l'arme à feu en la jetant sur la voie ferrée et disparait. Durant des mois, il suit de loin l'évolution de l'affaire sans donner signe de vie. En l'espace de deux ans et demi, il devient l'homme le plus recherché du pays. Le 4 avril 1995, il réapparait et tue un gardien de nuit vers quatre heures du matin en le blessant au couteau. Le 18 avril de la même année, soit quatre ans après son premier crime, il se présente au siège de la sûreté de Hay Mohammadi-Ain Sebaâ. Après tant d'années de recherches infructueuses, aucun policier ne veut croire que c'est le vrai Ninja. Il avoue tous ses crimes devant le préfet de police et est traduit devant la Cour d'appel de Casablanca. Une année après son arrestation, la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca le condamne à la peine capitale. Un grand soulagement pour les habitants de la ville qui ont vécu dans l'angoisse durant des années. Boussemma SDF converti Il tuait les SDF de Rabat avec quelques coups assenés à la tête à l'aide d'une grosse pierre tombale. Nombre de victimes : 12. Abdelali Amer, surnommé Boussemma, a réussi pendant 10 mois à tromper les enquêteurs. Ces derniers ont cru à chaque fois à des chutes mortelles de voyous saouls, ce qui était confirmé par les autopsies. Il est arrêté quelques semaines après avoir assassiné sa douzième victime, une vieille femme qu'il viole avant de la tuer. Boussemma avoue qu'il tue pour avoir de quoi vivre. Ce cinquantenaire meknassi, ancien soldat de Laâyoune, devient marchand ambulant grâce à sa sœur qui lui achète une charrette. Ses affaires marchaient bien jusqu'au jour où sa sœur décède. Le sort s'acharne alors contre lui quand il perd sa charrette, son seul gagne-pain. Boussemma devient SDF. En 2004, il vole de l'argent à un clochard et le tue dans un cimetière de la ville. Depuis, il s'engage dans une série d'homicides qui lui rapportent à chaque fois de quoi vivre encore quelques jours... avant le prochain homicide. Boulouhouch Le faux-criminel Vivant dans les forêts de l'Atlas, Mohammed Azzou était apprécié par tous les habitants qui voyaient en lui le sauveur de la région, par sa lutte contre l'injustice et la corruption. Brave et débrouillard, le jeune homme, grande fierté du village, s'est initié à la chasse dès son jeune âge et accompagnait même les gardes forestiers dans leurs balades en forêt. Mais à l'âge de 27 ans, il est condamné à cinq ans de prison pour une affaire de vol. Après avoir purgé sa peine, le jeune homme ressort de prison, plus violent que jamais. Dès lors, les autorités ne le lâchent plus et l'accusent, sans preuve, à chaque infraction dans la région, qu'il s'agisse de vol ou de crime. En 1996, les gendarmes enquêtent sur une affaire de vol de fusil. Il est encore une fois le principal suspect. Mohammed fuit alors le village et se réfugie dans la région de Ketama. Quand il apprend que les gendarmes ont chassé ses parents de la maison familiale, il entre dans une colère noire, se procure un fusil et se cache dans la forêt. C'est à ce moment là qu'on le surnomme Boulouhouch. Il fait de la forêt son propre monde, agresse quelques touristes et passe sa vie avec les bêtes. Pour les autorités, Boulouhouch tue les enfants, viole les femmes et mange les corps d'animaux sauvages, aussi, elles lui collent plusieurs autres crimes sur le dos. Au bout de 10 mois, courant 1996, il se rend de son propre chef au ministère de l'Intérieur à Rabat. Il est alors poursuivi pour constitution de bande criminelle, attaque à main armée et écope d'une condamnation à perpétuité. Azrou et Ifrane sont sous le choc.