Tous ceux qui veulent devenir citoyens israéliens devront prêter serment qu'ils seront des citoyens loyaux d'Israël en tant qu'Etat juif et démocratique». Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, n'en démord pas. Il veut faire adopter au monde entier, le fait qu'Israël est avant tout un Etat juif, fait pour les juifs. Le 10 octobre, il proposait donc à ses ministres d'adopter un avant-projet de loi qui impose aux futurs citoyens non-juifs de prêter allégeance à l'Etat juif. Le gouvernement, fort d'une majorité de droite et d'extrême-droite, a voté sans barguigner le texte qu'il espère voir adopter par la Knesset. Le projet de loi cause pourtant des remous en Israël. Pour les opposants à Benyamin Netanyahou, il fait partie de la «dérive nationaliste et raciste» dans laquelle le Premier ministre entraîne le pays. Une dérive qui sape les fondements sur lesquels s'est bâti l'Etat hébreu, estiment-ils. Au sein même du gouvernement, trois ministres du Likoud, le parti au pouvoir, et cinq ministres travaillistes, ont refusé de le voter. «Ben Gourion doit se retourner dans sa tombe» a déclaré Avishaï Braverman, ministre des Minorités et député travailliste. Que cherche donc Netanyahou ? Dans un premier temps, il satisfait l'extrême-droite de sa coalition gouvernementale et l'aile droite du Likoud. Ils se disent mécontents du Premier ministre qui, estiment-ils, n'est pas assez ferme vis-à-vis des Etats-Unis lorsque ceux-ci demandent à Israël de prolonger - de deux mois - le moratoire sur le gel de la construction dans les colonies de Cisjordanie pour poursuivre les négociations de paix avec les Palestiniens qui sont, de fait, suspendues. Pourtant, Netanyahou n'a rien cédé à Barack Obama. Au contraire. Il a obtenu de Washington certains armements réclamés depuis longtemps et semble-t-il, un feu vert américain pour laisser Tsahal contrôler, pour de longues années, la frontière entre la Jordanie et la Cisjordanie en cas d'accord avec les Palestiniens. En fait, ce texte proposé par Benyamin Netanyahou correspond à son Israël idéal. Fils du secrétaire particulier de Jabotinsky, un des pères fondateurs (de droite) du sionisme, le Premier ministre est fondamentalement favorable au Grand Israël, même s'il se garde, officiellement, de le proclamer. Il se contente de grignoter peu à peu la terre de Cisjordanie. Et dans l'Israël de Netanyahou, les Palestiniens n'ont pas leur place ou comme très petite minorité. En 1996, il avait déjà gagné les élections législatives sur le thème : «Netanyahou est bon pour les juif». Depuis, il s'est opposé mollement à son ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, lorsque celui-ci a proposé non seulement d'échanger des territoires avec les Palestiniens de Cisjordanie mais aussi des populations. En clair : envoyer en Cisjordanie, ou ailleurs, les Arabes israéliens, comme on les appelle en Israël. Pragmatique, Benyamin Netanyahou avance pas à pas. Son projet de loi n'est pas supposé concerner les Palestiniens d'Israël qui ont déjà la citoyenneté israélienne. Par contre, leurs futurs époux ou épouses, s'ils sont des Palestiniens venant de Cisjordanie, de Gaza ou de la diaspora, ne pourraient obtenir la nationalité israélienne sans prêter ce serment et se considérer, de fait, comme des citoyens de seconde zone. Les Palestiniens d'Israël (20% de la population) se sentent de plus en plus fragilisés. Déjà, pour une partie de la droite israélienne, ils ne sont plus des citoyens comme les autres.