A l'initiative du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger et du Centre Jacques Berque pour les études en sciences humaines et sociales au Maroc, le colloque dEssaouira aspire à replacer lhistoire des migrations juives au Maghreb du XVIe siècle à nos jours dans le contexte plus général des flux migratoires qui ont marqué cet espace au cours de lHistoire. La rencontre qui se veut scientifique vise à inscrire ces migrations dans une histoire de migration commune à toutes les composantes des sociétés du Maghreb et à en faire ressortir toutes les spécificités. Selon les organisateurs, il ne sagit pas dun colloque supplémentaire sur lhistoire du judaïsme maghrébin, ni dun colloque sur les relations entre majoritaires et minoritaires, mais dun colloque dhistoire où migration et Maghreb ne font plus quun. Dans lambiance orientale de la ville dEssaouira, la rencontre propose un programme haut en couleurs enrichi par de nombreuses conférences, expositions et rencontres littéraires. Lhistoire commune des juifs et musulmans, la migration plurielle ainsi que les trajectoires de ces migrations et les ruptures qui les ont accompagnées sont autant de thèmes mis en discussion. Au menu figurent également des expositions de photographies et portraits de juifs marocains de Casablanca dans les années 1960, une exposition sur lécrivain franco-tunisien Albert Memmi, président dhonneur du colloque, et une autre sur «un siècle dhistoire culturelle des Maghrébins en France par laffiche». Les débats du colloque seront puisés dun Maghreb indissociable de sa mémoire juive assumant pleinement ses historicités plurielles et reconnaissant dans ceux qui furent ses ressortissants, des dépositaires légitimes de sa mémoire. Surprenantes réactions Des activistes marocains condamnent le colloque sous prétexte que différentes personnalités dorigine israélienne y prennent part. Le groupe daction en solidarité avec les peuples palestinien et irakien a même envisagé dorganiser un sit-in à Rabat. Il dit vouloir dénoncer la participation de plusieurs chercheurs israéliens et condamner toutes les initiatives de normalisation avec lEtat juif. Devant cette réaction, Frédéric Abécassis, chercheur au Centre Jacques Berque pour les études en sciences humaines et sociales à Rabat et lun des organisateurs du colloque répond : «plusieurs personnes sont intéressées par le colloque et tout se passe comme prévu». Il se dit désolé que la manifestation suscite certaines réactions défavorables. «Il sagit avant tout dun colloque scientifique et universitaire» précise-t-il, soulignant que ce rassemblement examine lhistoire du Maroc et interroge sur les migrations dans le Maroc de 2010.