‘La réduction du déficit en logements est la principale priorité du département de l'Habitat pour 2014. Pour redonner un coup de fouet à la production, le ministère s'appuie sur le nouveau dispositif du logement pour la classe moyenne dont les premières unités devraient arriver durant l'année en cours. Etats des lieux, perspectives... Nabil Benabdallah fait le point.' L'Observateur du Maroc : Quelle appréciation faites-vous de l'évolution du secteur immobilier à l'heure actuelle ? Nabil Benabdellah : L'immobilier a connu des années florissantes et les croissances d'une année à l'autre étaient de deux chiffres. C'est normal qu'il y ait un tassement aujourd'hui, surtout que la demande sur le social est moins importante et le secteur a fini par être affecté par la crise internationale. Les conséquences se font ressentir, que ce soit en terme de demande ou d'unités produites. Pour relancer le secteur, nous travaillons sur diverses mesures notamment la création de nouvelles villes, le développement du locatif, entre autres. Les deux dernières lois de Finances ont d'ailleurs apporté pas mal de mesures nouvelles. L'année prochaine, nous allons mettre en place une indemnité de logement tout en donnant plus de mordants à la classe moyenne. La réduction du déficit en logements semble être la principale priorité de votre département pour 2014. On est toujours loin du compte. Votre commentaire ? Le déficit en logements a été ramené à 642.00 unités. Ce déficit était de 1,2 millions il y a dix ans, et de 840.000 il y a deux ans. L'objectif est de le ramener à 400 000 unités à l'horizon 2016, ce qui aboutirait à une résorption totale du manque aux alentours de 2020. Rappelons que ce déficit englobe les bidonvilles, les habitats sans autorisations, les habitats menaçant ruine et les logements collectifs (regroupant plusieurs familles). Beaucoup d'efforts ont été déployés pour venir à bout de ce déficit et cela ne suppose pas seulement l'augmentation continue de la cadence de production d'habitats. Il s'agit également de développer, entre autres, le locatif. Lequel, s'il devenait plus viable, libérerait une offre supplémentaire sur le marché et contribuant à réduire le déficit. D'ici 2016, nous tablons sur la production de 170.000 logements par an. Par segments, 9.000 doivent consister en des logements à 140.000 DH, 80.000 doivent être des logements sociaux et 20.000 doivent cibler la classe moyenne. Le reste touchera d'autres segments (maisons marocaines, villas...). En matière de relogement des habitants des bidonvilles d'abord, nous nous fixons comme objectif de déclarer 14 nouvelles villes sans bidonvilles pour cette année. Dans ce lot, figurent, entre autres, Tanger, Tétouan, Settat, Smara ou encore Al Hoceima. Nous comptons aussi redimensionner notre intervention dans d'autres villes où le nombre de familles recensées dans les bidonvilles a été revu à la hausse. Casablanca, Rabat, Kénitra ou encore Khémisset sont, entre autres villes, dans ce cas de figure. Le segment social souffre. Où réside le problème ? Ce segment est-il réellement arrivé à maturité ? Il de s'agit pas de maturité de ce segment, mais sa croissance ne se fera pas comme auparavant. A l'heure où la demande continue d'exister dans certaines villes, d'autres connaissent une régression. Il y a d'abord la crise économique se manifestant par la problématique de la liquidité qui a réduit sensiblement le nombre de personnes potentiellement aptes à répondre aux critères d'acquisition. Certains acquéreurs potentiels n'ont pas les moyens de se payer ce type de logement malgré les prix pratiqués. Avec une offre de plus en plus abondante, les promoteurs ont du mal à écouler leurs produits. Toutefois, il y a toujours un déficit en logements qu'il faut combler dans ce segment. La population cible reste également importante. Donc le problème est davantage lié à une question d'adéquation entre l'offre et la demande. Une étude a été lancée par votre département concernant le bilan des réalisations du dispositif du social. A quand les résultats ? Effectivement, nous allons achever une étude d'ampleur sur le segment. En plus, une enquête est en cours d'exécution pour cerner les attentes des ménages, la satisfaction des acheteurs et le mode d'exécution des projets par les promoteurs. Tout cela permettra de dégager les dysfonctionnements existant au niveau du dispositif pour lui permettre de repartir sur de bonnes bases, et surtout de mener une politique publique viable. Les résultats sont prévus pour la fin de cette année. Comment les choses avancent dans le moyen standing ? L'objectif des 20.000 logements fixé d'ici 2016 est-il atteignable ? Les promoteurs se sont habitués à une exonération fiscale totale dans le social. Sur le moyen standing, cet avantage n'est plus accordé. La loi de finances 2014 a répondu à pas mal de leurs doléances. Les choses avançaient à petits pas. Mais, avec l'adhésion officielle de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) au dispositif, actée en avril dernier avec le ministère, avec à la clé la promesse de construire 20 000 unités à l'horizon 2016, la cadence devra s'accélérer. Pour cela, nous essayons de les accompagner pour atteindre l'objectif fixé ❚