« Avec son potentiel solaire et éolien exceptionnel, le Maroc se positionne comme un acteur clé dans la production d'hydrogène vert. Une ambition stratégique, soutenue par des projets d'envergure et un contexte mondial marqué par l'urgence de la transition énergétique », déclare à l'Observateur du Maroc et d'Afrique le spécialiste et entrepreneur dans le secteur de l'hydrogène vert, Philippe Esposito en marge de la Science Week 2025 organisée par l'UM6P. Un avantage concurrentiel naturel « En Afrique, dès lors qu'un pays dispose d'une ressource solaire et éolienne abondante, il est candidat à produire de l'hydrogène vert », explique Philippe Esposito. L'Afrique, et particulièrement le Maroc, la Tunisie, la Mauritanie, l'Ethiopie... disposent de conditions idéales pour développer cette énergie propre à grande échelle. Pour le Royaume, qui ne dispose pas de ressources fossiles et reste dépendant des importations pour sa production électrique, l'hydrogène vert représente un levier stratégique. « Le Maroc pourrait, en peu de temps, basculer vers une production énergétique totalement propre », estime Esposito. Selon l'expert, le Maroc bénéficie d'une « ressource solaire et éolienne exceptionnelle », une chance que peu de pays dans le monde peuvent revendiquer. Cette richesse naturelle, couplée à une proximité géographique avec l'Europe, place le pays en position idéale pour répondre aux besoins croissants en hydrogène vert du continent européen. « L'Europe aura des besoins bien plus importants que ce qu'elle sera capable de produire », souligne-t-il, ce qui renforce le potentiel du Maroc en tant que fournisseur stratégique. Des défis à relever Malgré ces atouts, le développement de l'hydrogène vert repose sur plusieurs défis. « Il existe une courbe d'apprentissage que l'on observe aujourd'hui en Europe et dont le Maroc pourrait tirer profit », indique Esposito. Il insiste aussi sur la mise en place des infrastructures de transport de l'hydrogène et la réduction des coûts de production. Aujourd'hui, l'un des principaux freins reste le coût élevé des électrolyseurs, bien que Philippe Esposito se montre optimiste : « Comme tout process industriel, dès lors qu'il y a massification et industrialisation, les fabricants d'électrolyseurs ajusteront leurs prix pour rendre l'hydrogène compétitif», précise-t-il. Mais le facteur clé de compétitivité repose avant tout sur le coût de l'électricité, et là encore, le Maroc a un atout majeur. « L'énergie solaire continue de démontrer sa capacité à réduire ses coûts année après année », souligne-t-il. Bien que l'énergie éolienne ne soit pas aussi bon marché que le solaire, elle demeure un complément indispensable, notamment pour assurer une production continue d'hydrogène. Un enjeu de souveraineté énergétique À l'horizon 2050, la décarbonation massive de l'économie mondiale nécessitera des solutions viables et durables. « Aujourd'hui, aucune alternative aussi crédible ne s'impose à grande échelle », note Philippe Esposito. Si le nucléaire reste une option, il souffre de contraintes techniques majeures et de délais de mise en œuvre considérables. Dans ce contexte, l'hydrogène vert apparaît comme une réponse incontournable, et le Maroc entend bien jouer un rôle de premier plan dans cette transition énergétique. Philippe Esposito porte plusieurs projets stratégiques liés à cette filière dans le Royaume et a soumis sa candidature auprès de Masen pour leur mise en œuvre, dans l'attente d'une validation qui pourrait accélérer leur concrétisation. En parallèle, il développe un projet innovant de construction de bateaux fonctionnant exclusivement à l'hydrogène. « Ces navires totalement propres permettront de naviguer de manière durable et respectueuse de l'environnement », fait-il savoir. Son ambition dépasse la simple conception : il vise la création d'un chantier naval au Maroc pour produire localement ces bateaux écologiques, avec l'appui du gouvernement marocain.