Récemment récompensé par un brevet en Chine pour ses travaux sur la sécurité des batteries pour véhicules électriques, Rachid Yazami, physico-chimiste inventeur de l'anode graphite pour les batteries lithium-ion est connu et reconnu mondialement pour ses recherches sur la charge rapide et la durabilité des batteries, des éléments essentiels pour l'avenir de l'électrification des transports. « La méthode traditionnelle de charge à courant constant montre ses limites. Pour réduire le temps de charge à moins de 10 minutes tout en maintenant une température de sécurité sous 55°C, j'ai développé un nouveau procédé basé sur un contrôle précis de la tension. Cette approche représente une véritable rupture technologique », explique-t-il en mettant l'accent sur l'importance stratégique des brevets dans un secteur aussi compétitif. « Les brevets permettent de protéger des innovations fondamentales et de garantir aux inventeurs une reconnaissance internationale », insiste-t-il. Néanmoins, le chemin vers l'obtention d'un brevet est semé d'embûches, comme le confie Yazami. « Chaque demande de brevet doit réussir des examens minutieux dans divers bureaux de brevets, ce qui peut prendre des années. Cependant, lorsque le brevet est finalement accordé, c'est une grande satisfaction tant personnelle que professionnelle », fait-il savoir. Le Maroc, un potentiel industriel prometteur Selon le professeur Yazami, le Maroc a une opportunité unique de devenir un acteur clé de la production de batteries en Afrique. Cependant, il met en garde contre les limites d'une simple sous-traitance industrielle. « Aujourd'hui, on parle d'une gigafactory à Kénitra. Mais la grande question est : serait-ce sous une marque marocaine ou simplement pour des acteurs étrangers ? ». Optimiste de nature, il met en exergue les grandes capacités du Maroc à devenir un acteur clé dans ce secteur, notamment grâce à ressources naturelles et son accès aux marchés internationaux. « Avec des investissements dans la recherche et le développement, le Maroc pourrait devenir un véritable hub technologique en Afrique », affirme-t-il. Il insiste également sur l'importance d'un écosystème intégré combinant production et innovation : « Si nous investissons dans la recherche, comme avec l'Université Mohammed VI et l'OCP pour optimiser la production de batteries LFP, nous pourrons réellement innover.» Pour Yazami, la clé réside dans la vision à long terme : « Produire à faible coût et exporter vers l'Europe, les Etats-Unis et l'Afrique peut être très rentable. Mais pour créer de la valeur ajoutée, il faudra développer nos propres technologies. ». Une révolution à portée de main En explorant l'avenir des batteries, Rachid Yazami évoque des avancées intéressantes, notamment dans l'aéronautique : « Un vol électrique entre Tanger et Malaga en 20-30 minutes pourrait devenir une réalité d'ici 2035. Ces avions seront silencieux, non polluants, et parfaitement adaptés aux courts trajets. » La batterie lithium-ion reste, selon lui, l'une des solutions les plus viables pour le 21e siècle, même si les batteries solides suscitent de l'intérêt, elles sont encore loin d'être réalisées à grande échelle. Yazami le dit avec son sourire habituel, signe de son intarissable optimisme.