L'Observateur du Maroc et d'Afrique : Comment la région Rabat-Salé-Kénitra procède-t-elle pour améliorer ses indicateurs socio-économiques et les harmoniser ? Rachid El Abdi : Rabat-Salé-Kénitra est la deuxième région en termes démographiques et la troisième en termes de balance commerciale. Pour les exportations, on est sur 12 % quant au PIB, on est sur 16 % ; ce qui classe la région en deuxième position. En se basant sur ces indicateurs-ci, on peut être fier de notre positionnement sur l'échiquier national. Dans la région de la capitale, il y a des avancées qui sont très remarquables. Nous enregistrons également d'importantes percées sur beaucoup de volets. Certes les indicateurs socio-économiques ne sont pas les mêmes sur toute la région. En allant de Rabat vers la profondeur de la région, on peut remarquer qu'il y a certains « écarts » ou plutôt que les indicateurs ne sont pas similaires, mais on se penche activement là-dessus. D'ailleurs, on a prévu un budget conséquent de l'ordre de 30 % du budget général de la région qui sera consacré aux collectivités territoriales situées au niveau de Khémisset, Sidi Kacem, Sidi Slimane et une bonne partie de Salé. Des zones qui n'ont pas eu la chance d'être « soignées » dans les termes civils. Un budget sera également alloué pour les centres ruraux aussi bien pour la mise à niveau des marchés et les souks que pour les routes rurales. Aussi pour la santé, l'éducation et pour les terrains de proximité. C'est un budget conséquent qui a été développé et consacré au niveau de la région au profit de ces zones-là. Dans le moyen terme, ces efforts vont nous permettre d'améliorer les indicateurs socio-économiques et de ne pas avoir une fracture au niveau de développement entre le grand Rabat et le reste de la région. La ville de Rabat est devenue un succès story au niveau national. Comment la région peut-elle exporter ce même changement à ses autres villes et collectivités ? Ça va se faire ! C'est un travail de longue haleine certes, les résultats ne seront pas immédiats mais ils viendront dans le moyen terme, dans trois à cinq ans. Un mandat n'est pas suffisant pour accomplir une telle mission, mais nous avons commencé à développer cette stratégie-là et à la mettre en œuvre. Les travaux vont commencer bientôt et ils seront achevés d'ici deux ans. Ceci dit, il faut se préparer aussi pour une deuxième étape de développement qui va concerner l'humain, l'infrastructure d'investissement et l'infrastructure économique. Donc c'est une stratégie de moyen terme sur les dix années à venir. Nous avons déjà commencé et nous nous conformons aux instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, concernant l'équité territoriale. Dans ce même sens, nous sommes en train de développer des modèles qui seront pérennes et qui vont s'autogérer. Ces modèles sont déjà en phase de maturité. D'ailleurs, sur la région de Rabat, et spécifiquement sur la ville, nous avons lancé des sociétés de développement axées sur le patrimoine, la mobilité et l'ingénierie. L'expérience lancée dans un premier temps à Rabat, est en train de s'étaler aux autres villes. Aujourd'hui, on peut percevoir à l'œil nu que certains indicateurs, et paramètres sont les mêmes sur le long de la rive. D'un autre côté, nous nous penchons actuellement sur la profondeur de la région. C'est un processus qui demande de la patience, mais ce sont des efforts qui vont aboutir au final car se basant sur un modèle qui fonctionne. Accélérer la régionalisation avancée, c'est accélérer avec une vision novatrice en se détachant des modèles archaïques qui ne fonctionnent plus. Innover, chercher la particularité et s'aventurer sur de nouveaux terrains mais avec beaucoup de prudence. Votre région et en particulier Rabat est-elle prête pour accueillir la Coupe du monde 2030 ? Qu'est ce qui reste à accomplir ? Rabat se prépare activement à accueillir le Mondial. Nous n'avons pas encore les détails du calendrier de l'événement, mais nous devons être prêts sur la mobilité, sur les espaces verts, sur l'infrastructure urbaine en général et aussi sur l'élément humain. Pour réussir ce chantier-là, il faut travailler et se préparer sur tous les plans, que ce soit matériel ou immatériel. D'ailleurs, nous avons déjà restauré les monuments historiques notamment Chellah et les Oudayas. Maintenant nous sommes sur Kénitra et la Casbah de Mehdia. Nous allons œuvrer de telle manière à harmoniser ce chantier en se basant sur le même paramétrage. Concernant la mobilité sur Rabat, en plus du tramway, on va étendre le réseau avec les BHNS (les bus à haut niveau de service). Nous allons également travailler sur le réseau de mobilité de personnes, dans les conditions et dans les temps voulus. Concernant les espaces verts, nous avons une belle coulée verte sur le long du littoral. Actuellement, on travaille aussi sur la pente. Pour l'investissement, nous avons pu développer des parcs industriels que ce soit à Ain Johra, à Bourknadel ou encore à Kenitra. La région en devient plus attractive en attirant de l'investissement. On a également développé le fonds de promotion de l'investissement qui est de l'ordre d'un milliard 250 millions de dirhams. Un fonds qu'on est en train de promouvoir auprès des investisseurs. Aujourd'hui, on peut être fier de ce que nous sommes en train de réaliser. Il y a certes la charte nationale, mais la région a pu développer ses propres instruments qui la rendent hautement compétitive au niveau national et international. Rabat peut fièrement se mesurer aux villes européennes qui vont abriter le Mondial et elle fait déjà des jaloux.