Fondée en 1910 par Andrew Carnegie, «Carnegie Endowment for International Peace» est l'un des plus influents centre de réflexion en matière de géostratégie au niveau mondial. Ses analyses sont très suivies aussi bien par les décideurs politiques que par les plus gros investisseurs à travers le monde. Celle qu'elle vient de publier sur le Maroc tombe à point nommé puisqu'elle coïncide avec la tenue de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies du 22 au 27 septembre à New York et le Sommet de l'avenir qui se tient les 23 et 24 septembre au siège de l'ONU. Le Think Tank américain montre au monde dans cette analyse, signée par l'économiste Alexandre Kateb, le long chemin parcouru, avec succès, par le Royaume durant les 25 dernières années. L'auteur souligne notamment la percée qui a permis au Maroc de stimuler davantage le flux des investissements directs étrangers (IDE) et de mettre en place une industrie axée sur l'exportation. Sur le plan socio-économique, l'analyste fait observer qu'entre 1998 et 2023, l'espérance de vie moyenne au Maroc a atteint environ 75 ans, au moment où le revenu par habitant et la durée de scolarisation ont presque doublé. Au même titre, le taux de pauvreté absolue a considérablement diminué à 1,7%, alors que le taux d'électrification et de raccordement à l'eau potable est à 100% dans le monde rural, relève la même source. Mettant en avant les infrastructures d'envergure mises en place dans différentes régions du Royaume, le think tank cite notamment le port Tanger-Med, "la plus grande plate-forme à conteneurs de la Méditerranée", et le premier train à grande vitesse en Afrique, ajoutant que le Maroc se distingue aussi comme "premier producteur et exportateur de voitures du continent, loin devant l'Afrique du Sud". Grâce à ces projets de pointe, "le transport aérien, les routes et les ports du pays répondent désormais aux normes de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)", enchaîne l'auteur de l'analyse. Abordant la vocation africaine du Maroc, l'économiste fait remarquer que le Royaume a opéré, depuis le début du millénaire, un "virage vers l'Afrique subsaharienne", tout en réussissant à se positionner "comme un connecteur mondial dans un paysage géopolitique de plus en plus multipolaire". Depuis son retour en 2017 à l'Union africaine, sa famille institutionnelle, poursuit l'auteur, le Maroc a engagé des "investissements importants" en Afrique dans une myriade de secteurs, allant des banques aux assurance, et des télécoms au BTP tant dans les pays de la côte atlantique que dans le Sahel et jusqu'au bassin du fleuve Congo. Dans ce cadre, le centre de recherche américain évoque l'Initiative atlantique lancée récemment par Sa Majesté le Roi, dans l'objectif de permettre aux pays du Sahel d'avoir un accès à l'océan atlantique, notant que cette démarche judicieuse est à même de "favoriser des relations économiques durables entre vingt-trois pays situés le long de la côte atlantique de l'Afrique". Sur le volet géopolitique, Alexandre Kateb relève que le Maroc, tout en maintenant des relations excellentes avec les Etats-Unis et l'Union européenne, a réussi à diversifier ses partenaires, consolidant, depuis 2006, ses liens avec la Chine, rappelant notamment la signature en 2022 d'un accord relatif à l'initiative la Ceinture et la Route. L'énergie renouvelable n'est pas en reste, soutient l'analyste, qui rappelle que le Maroc a entrepris depuis 2009 une transition vers un modèle de croissance plus durable avec l'adoption de la Stratégie nationale de la transition énergétique. À cet égard, le Royaume s'est fixé comme objectif d'atteindre 52% d'énergies renouvelables dans son mix énergétique d'ici 2030, grâce en particulier à la station Noor, relève l'analyse, notant qu'en 2023 déjà, les sources d'énergie renouvelables représentaient 37% de la capacité de production d'électricité. «Carnegie Endowment for International Peace» ne manque pas de relever les relations diplomatiques du Maroc avec l'Algérie, en notant le soutien apporté par les autorités algérienne aux séparatistes du Polisario. «Une stratégie de désescalade, accompagnée d'une reprise des négociations, pourrait éviter une coûteuse course aux armements qui épuiserait des ressources budgétaires précieuses, à un moment où elles sont grandement nécessaires», conclut Alexandre Kateb.