Avec sa structure imposante et ses quatre bras dotés chacun à son bout d'une pincette miniaturisée, Toumai trône sur des affiches grandeur nature à l'entrée de la salle de conférence où il est la vedette du jour. De nombreux chirurgiens, des responsables de divers organes mutualistes et des journalistes, entre autres, sont venus, mercredi 5 juillet 2024, faire la connaissance de ce robot du constructeur chinois Medbot. Certains de ceux qui le connaissent intimement, l'ayant déjà utilisé, montent à la tribune. En les présentant, Dr. Redouane Samlali lance : «Nous annonçons aujourd'hui une première, celle d'avoir inauguré l'ère de la chirurgie robotique au Maroc et dans le reste de l'Afrique, en dehors de l'Afrique du sud». Pour briser la glace, le directeur général d'Oncorad, groupe propriétaire de deux cliniques à Casablanca et de deux autres l'une à Marrakech et l'autre à Tanger, raconte avoir mangé un Tagine dans un restaurant marocain en Chine, en compagnie des membres de ses staffs médical et technique qui étaient du voyage pour la finalisation de l'acquisition du Toumai. Il a confié que cette acquisition est intervenue après les tergiversations d'un constructeur d'un robot concurrent. En entrant dans le vif du sujet, Dr. Samlali souligne que le 29 mai 2024 marque une date historique avec la première utilisation du robot Toumai à la clinique du Littoral à Casablanca. Depuis, sept opérations chirurgicales au total (à la date du 5 juin) ont été déjà effectuées avec succès, dont une sur un cancer du rectum, dans cette clinique avec utilisation de ce robot par des praticiens expérimentées ou sous leur supervision par des chirurgiens qu'ils ont formés, détaille le directeur général du groupe Oncorad. Tous ont été dûment autorisés par les services concernés du ministère de la Santé, comme l'a précisé Dr. Redouane Samlali lors de la conférence, en répondant aux questions de L'Observateur du Maroc. Coût de l'opération pour chaque patient : 80.000 DH. Dans ce prix, 14.000 va au consommable qui est la charge du patient et chaque consommable n'assure pour le moment que 10 opérations. Dr. Samlali précise que le robot coûte 40 millions de dirhams. «Plus le nombre d'opérations chirurgicales robotiques augmentera, moins elles coûteront, explique-t-il en affirmant que le groupe Oncorad table sur 150 opérations de ce genre par an. Il ajoute : «Il faut aussi savoir que le robot permet la réduction de 30% des temps de récupération et une diminution de 25% des risques de complications post-opératoires». Exerçant à Nice en France, le chirurgien urologue marocain, Dr. Younes Ahallal, présenté lors de la conférence sous sa casquette d'expert en chirurgie robotique, a souligné que Toumai qu'il a utilisé à la clinique du Littoral n'a rien à envier à son homologue américain Da Vinci qu'il a l'habitude d'utiliser en France. «J'ai été impressionné par la qualité de l'image immersive en 3D qu'il offre», confie-t-il en louant la précision de l'appareil qui a besoin, selon lui, d'une incision de quelques millimètres pour s'introduire vers l'organe infecté qu'il vise directement même dans les endroits du corps les plus difficile d'accès. «Il s'agit d'une précieuse avancée dont le Maroc peut s'enorgueillir en étant le pionner dans sa région», a déclaré Dr. Muneer Deeb. Pour ce chef du service de chirurgie générale et viscérale à la clinique Ammerland en Allemagne, les avantages qu'offre Toumai sont certains aussi bien pour les chirurgiens que pour les patients. Comme ce praticien, Dr. Stefano Gidaro a, lui aussi, contribué au lancement de Toumai au Maroc. Ce chirurgien italien spécialisé en urologie et en chirurgie robotique qui est en même temps chercheur au Département des Sciences Médicales, Orales et Biotechnologiques de l'Université «G. d'Annunzio» de Chieti-Pescara en Italie abonde dans le même sens. Il estime que la chirurgie robotique a de beaux jours devant elle. Encore faut-il que cette pratique soit couverte au Maroc par les organes assurant la couverture médicale d'entreprises publiques et privées cherchant à élargir l'offre de soins à leurs adhérents. Un représentant de la mutuelle de la RAM était présent et a pris la parole pour appeler, séance tenante, certains des représentants de ces organes faisant partie de l'auditoire à prendre vite en main ce dossier. Dr. Samlali, qui est aussi président de l'Association nationale des cliniques privées (ANCP), a bon espoir que la future Haute autorité de santé (HAS) fera avancer non seulement la nouvelle forme de chirurgie que lance Oncorad, mais aussi d'autres innovations qu'apporte la télémédecine. En France, par exemple, où la couverture de la chirurgie robotique est assurée, le pays comptait déjà en 2020 un total de 154 robots destinés à la chirurgie dont 154 Da Vinci. Le même dont le groupe Akdital a annoncé l'acquisition en avril dernier et qui attend d'être autorisé pour entrer, lui aussi, en service. En attendant, le directeur général d'Oncorad assure que la demande des patients pour la chirurgie robotique est telle que la clinique du Littoral est déjà «surbooké».