La nouvelle figure de la gauche en Amérique latine est une scientifique de 61 ans, titulaire d'un doctorat en ingénierie énergétique, membre dans les années 2000 d'un panel du GIEC sur l'atténuation du changement climatique. La scientifique mexicaine est loin d'être novice en politique. Elue après un an de campagne, elle avait dès septembre remporté haut la main une sorte de primaire à gauche face à cinq hommes. La présidente, qui prendra ses fonctions le 1er octobre, a été maire de Mexico (2018-2023), où elle se félicite d'avoir réduit la criminalité dans la mégapole de neuf millions d'habitants. Elle avait été auparavant maire de district (2015-18) et responsable de l'environnement (2000-2006). La victoire de Claudia Sheinbaum est due "à son engagement en faveur de sujets populaires comme l'énergie renouvelable et l'éducation, et à son expérience à la tête du gouvernement de la ville de Mexico", commente Michael Shifter, chercheur au centre d'analyse Diálogo Interamericano. Le journaliste et universitaire Carlos Bravo Regidor met aussi en avant sa fidélité au président sortant Andres Manuel Lopez Obrador, qui termine son mandat avec 66% d'opinions favorables sur son action. "C'est ce qu'elle appelle construire le second étage de la transformation. C'était un message clair et facile à comprendre, radical, qui à force de répétition et de discipline a réussi à pénétrer (dans les esprits)", d'après l'expert. L'élue a promis qu'elle poursuivrait la politique sociale de son mentor, le président sortant, qui a augmenté les salaires et soutenu les jeunes et les personnes âgées. Claudia Sheinbaum a cependant prévenu que son style de gouvernement "serait différent" de celui du président sortant dans un entretien au site d'information El Pais quelques jours avant le vote. "Lopez Obrador est irremplaçable. Mon leadership dépendra de ma personnalité et sera comme celui que j'exerçais au gouvernement de la ville de Mexico, basé sur les résultats, l'engagement et l'honnêteté". Pour sa victoire, Mme Sheinbaum a pu aussi compter sur l'enracinement institutionnel et militant du parti de gauche au pouvoir Mouvement pour la régénération nationale (Morena), créé par Lopez Obrador. En à peine dix ans d'existence, Morena et ses alliés ont conquis outre la présidence, la majorité au Congrès et au Sénat, et 23 Etats sur 32. La présidente élue a indiqué que Morena avait de nouveau remporté dimanche "la majorité qualifiée à la chambre des députés et très probablement aussi au Sénat".