«Les paris sportifs illégaux constituent un réel danger aussi bien pour les parieurs, les gouvernements que pour le sport en général », a expliqué le ministre de l'éducation nationale, du préscolaire et des sports, Chakib Benmoussa, lors d'une conférence sur les paris sportifs illégaux organisée par le conseil de l'Europe et la Marocaine des Jeux et des Sports (MDJS). Les avis des intervenants sont unanimes : il existe un lien étroit entre les plateformes de paris sportifs illégaux et le crime organisé. Pire encore, des mafias utilisent ainsi ces plateformes pour blanchir leur argent, selon des procédés bien rodés. Selon Khalid Naili, chargé de mission au sein de la MDJS, le jeu illégal représente un danger significatif pour la population, l'ordre public et l'intégrité du sport marocain. Il souligne que les opérateurs illégaux n'ont pas l'autorisation d'opérer au Maroc, car la MDJS est la seule entité autorisée à proposer des paris sportifs. «les opérateurs de paris illégaux sont fréquemment associés à des matchs truqués et à des compétitions manipulées, menaçant ainsi l'intégrité du sport. Bien qu'ils puissent sembler attrayants en offrant des cotes de paris plus avantageuses en raison de l'absence de taxation, ils exposent les joueurs à de multiples risques. Ces risques incluent la dépendance, l'incertitude quant au paiement des gains et le soutien involontaire au crime organisé », met-il en garde précisant que tous les revenus et ressources de la MDJS sont réinvestis dans le développement du sport au Maroc. Près de 50 % du marché des paris au Maroc est capté par des opérateurs illégaux, Selon Khalid Naili de la MDJS Concernant les efforts déployés par le pays pour lutter contre cette pratique, Khalid Naili souligne que la signature de la convention de Macolin par le Maroc en septembre 2021 constitue une première étape cruciale, car elle définit clairement le jeu illégal et établit un cadre légal. Il précise que le Maroc est actuellement en train de mettre en place une plateforme nationale regroupant diverses institutions, notamment la police, la justice, les fédérations sportives, le monde du sport, les affaires étrangères et d'autres acteurs, dans le but de collaborer et d'échanger des données pour lutter contre ce phénomène. Il ajoute que la réunion de Rabat vise à sensibiliser le public et les institutions à la gravité du problème, encourageant ainsi une collaboration globale pour éliminer les opérateurs illégaux. De son côté, Carmen Morte-Gomez, cheffe de bureau du Conseil de l'Europe à Rabat, a mis l'accent sur les avancées du Maroc dans l'harmonisation de sa législation nationale avec les conventions du Conseil de l'Europe, notamment celles liées à la cybercriminalité et au blanchiment d'argent. En ce qui concerne les paris sportifs illégaux, elle estime que la conférence organisée à Rabat pourrait contribuer à la ratification de la convention de Macolin signée en 2021, renforçant ainsi l'arsenal juridique national pour lutter contre les paris illégaux. La problématique des paris illégaux n'est pas spécifique au Maroc, elle est d'ordre mondial. La présidente du GREF (Gambling Regulators' European Forum), Isabelle Falque-Pierrotin, souligne que la lutte contre l'offre illégale est une priorité partagée par de nombreux pays européens. Elle précise que cette offre illégale peut représenter jusqu'à 20 % du marché des jeux en Europe, citant une récente étude qui estime cette offre illégale entre 1,1 milliard et 1,5 milliard d'euros en France, sur un marché de 13 milliards d'euros. Isabelle Falque-Pierrotin insiste sur la nécessité d'une coopération internationale pour contrer la propagation de ce fléau, d'autant plus que les acteurs illégaux cherchent à exploiter les failles de la régulation.