« Le marché du livre scolaire repose sur un modèle économique désuet, maintenu artificiellement par des financements publics et semi-publics, ne correspondant plus à la réalité économique », estime le conseil de la concurrence dans un récent avis intitulé «Avis sur le fonctionnement concurrentiel du marché du livre scolaire». Le rapport ajoute que ce secteur est aux prises avec des problèmes profonds qui menacent gravement le système éducatif du pays. Un modèle économique archaïque Selon le conseil de la concurrence chaque année, entre 25 et 30 millions de manuels sont produits, conçus pour une utilisation unique, ce qui génère un énorme gaspillage de ressources et d'énergie. La qualité des manuels a également souffert de cette production de masse, les droits d'auteur ne représentant en moyenne que 8% du prix des manuels. Le modèle économique, fixant les prix par l'Etat et n'ayant pas été révisé depuis 2002-2008, a mené à une dégradation de la qualité du papier et des illustrations, rendant les manuels moins attrayants pour les élèves et nuisant à leur apprentissage. De plus, le rapport note que les manuels scolaires sont devenus essentiellement un produit commercial, générant la majorité des revenus des éditeurs et des libraires. La dépendance croissante aux fonds publics a été accentuée récemment par l'octroi de subventions par l'Etat, limitant la hausse des prix de vente publics des manuels scolaires à seulement 25%. Cette dépendance financière est exacerbée par l'augmentation significative des coûts des matières premières, notamment une hausse de plus de 103% des prix du papier. Une réforme urgente s'impose Face à ces constats alarmants, le conseil de la concurrence émet 9 recommandations pour une transformation du marché des manuels. Parmi elles, une révision du modèle économique pour encourager l'innovation, impliquant l'Etat, le secteur privé et le monde académique. Il suggère également une réforme profonde du rôle du ministère de l'éducation pour faire du manuel scolaire une priorité nationale. Aussi, il propose de mettre en place un cadre légal transparent et sûr avec la révision des programmes scolaires en collaboration avec toutes les parties prenantes. La souveraineté de l'Etat sur la production des manuels officiels doit être affirmée, selon le conseil de la concurrence qui plaide pour une responsabilisation des enseignants dans le choix des manuels et appelle à une réforme profonde pour garantir un accès équitable aux manuels scolaires et améliorer la qualité de l'éducation au Maroc.