« Monter en gamme, se débarrasser du superflu et garder l'essentiel », tel est désormais l'objectif de la marque roumaine réputée jusqu'ici pour ses modèles low cost. C'est en tout cas ce que nous avons pu constater lors de notre visite du Business center, du Bucarest Design center et du site de production de la filiale de Renault en Roumanie. Montée en gamme Ayant bâti son succès en Roumanie en réduisant au maximum les coûts et les marges, la filiale roumaine de la firme au losange dont l'efficacité industrielle n'est plus à prouver, a affiché une hausse de ses ventes de 27 % en Europe début 2023 (573 800 véhicules vendus en 2022) et enregistré une marge supérieure à 10 %. Ce qui la conduit incontestablement à une montée de gamme pour séduire les classes moyennes avec des modèles mieux équipés à prix défiants toute concurrence. En témoigne le lancement cette année de la gamme Extrême et le futur SUV segment C prévu en 2024. Si ces deux dernières années, les prix de la spring et du Jogger hybride ont relativement augmenté en Europe, il n'en demeure qu'ils restent les modèles les moins chères des voitures électriques en France. « Nous avons la meilleure offre prix/prestation du marché », tient à rappeler Xavier Martinet, Directeur Marketing Dacia. En effet, chez Dacia, du processus de création jusqu'à la production, tout est conçu pour optimiser et maximiser le rendement sans jamais concéder sur la qualité du véhicule. Pour Denis Le Vot, CEO de la marque Dacia, il s'agit avant tout « d'une réflexion de bon sens ». Du haut de gamme industriel Une réflexion qui se ressent au centre Design de la marque situé en périphérie de Bucarest tout comme dans l'usine de Mioveni, que nous avons eu le privilège de visiter le 16 juin, en compagnie de nos confrères journalistes européens. Ici, au centre de production, le maitre mot est « efficience ». Le site ultra moderne, doté d'outils digitaux de pointe, compte un taux de robotisation d'environ 44 % -contre 80 % chez la concurrence- et abrite une des meilleures chaînes de montage High-speed au monde. « Cet équipement n'existe que dans cinq usines du groupe Renault : à Maubeuge (France), à Tanger (Maroc), à Palencia (Espagne), à Bursa (Turquie) et ici en Roumanie, explique Alina Predescu responsable du département qui exhibe fièrement les marques des robots derniers cris suisses, allemands et coréens de la ligne. « Au mois de mai, cette unité qui a coûté 37 millions d'euros, a produit 704 capots à l'heure. » Pour Christophe Drifi, Directeur industriel Dacia, la formule gagnante qui permet « une grande flexibilité » pour la marque roumano-française réside dans le mix du faible coût de la main-d'œuvre et de l'automatisation. Résultat : un véhicule sort de la chaîne toutes les 55 secondes, soit près de 1 400 par jour (dont environ 900 Duster). Ici, l'ensemble des modèles -Clio, Captur, Arkana- sont construits à partir de la plateforme modulaire CMF-B adaptée à l'esprit « essentiel et contemporain ». Et cela concernera également les trois prochains modèles du segment C, à venir d'ici 2027. Nouveaux Spring et Duster sont annoncés pour 2024, Bigster en 2025 et Sandero électrique entre 2027 et 2028. Délocaliser la fabrication des voitures plus petites vers l'usine de Tanger 31 929 voitures Dacia ont été fabriquées à l'usine de Mioveni pendant le mois de mai, ce qui constitue un record. Et vu l'intérêt suscité par les nouveaux véhicules de la marque, Dacia a entrepris une démarche d'optimisation de la production en délocalisant la fabrication des voitures plus petites vers l'usine de Tanger. La marque roumaine compte ainsi se concentrer davantage sur la production de voitures de plus grande taille, comme le Duster et le Bigster. Dans sa version HYBRID 140, la fabrication de Jogger à l'usine de Tanger, sera portée par la ligne 2 du site industriel qui intégrera un process propre à la technologie hybride, avec une capacité de production allant jusqu'à 120.000 véhicules par an. Cette industrialisation s'accompagnera d'un projet de robotisation adapté et soutenu par une trentaine de robots dans les départements tôlerie et montage. En plus de ce dernier modèle, le site marocain qui est à la fois zéro carbone et zéro rejet liquide industriel, s'était déjà vu affecter en septembre 2022 la production du Mobilize Duo (lancement en 2024) par le groupe Renault. Renault group Maroc qui rappelons le, a dépassé les 350.000 véhicules produits en 2022. Les usines de Tanger et Casablanca ayant enregistré une hausse de leur production de 15,3% en 2022, par rapport à 2021, avec 350.018 véhicules. Le passage au « tout électrique » En quelques années, la marque roumaine est ainsi passée du « low cost » au « meilleur rapport qualité prix », avec des voitures attrayantes, fiables et rationnelles. Les chiffres du marché qui progressent depuis des années malgré la crise le confirment avec une part record de 2021 à aujourd'hui ainsi qu''un leadership européen en matière de ravitaillement en GPL. Le secret d'une telle réussite réside ainsi dans « un business model alliant parfaitement réduction des coûts, efficacité industrielle et offre commerciale simple avec des prix transparents ». A cet effet, Luca De Meo, PDG du groupe Renault, a souligné le rôle fondamental de Dacia, à la fois pour sa position sur le marché, mais aussi pour sa contribution à l'électrification. Ne sachant pas « à quelle vitesse l'électrification du marché va se faire », Denis Le Vot précise qu'il est important pour Dacia de « conserver une marge de manœuvre sécuritaire au sein du groupe Renault et le passage au tout électrique ». Pour sa part, Lionel Jaillet, Directeur produit de la marque, explique qu'en matière de séduction d'une nouvelle cible client, de montée en gamme ou d'électrification, « la marque souhaite être désirable tout en préservant notre ADN ». Ainsi, après le Duster (avec plus de 2 millions de modèles produits) et le Jogger, Dacia s'apprête à lancer dans les deux ans à venir, son futur Bigster. Un SUV haut de gamme équipé d'un bloc essence avec GPL « ECO-G », micro hybride 48 Volt MHEV et une version E-Tech, -couplé à une boîte manuelle ou automatique, ainsi qu'une traction avant ou 4×4-, et qui sera proposé à un prix très attractif. Une manière pour la marque la plus abordable du groupe Renault de "gratter une part de marché" et de concurrencer plusieurs modèles d'un segment qui se veut concurrentiel et en forte croissance.