« Le sexisme, on ne sait pas toujours comment ça commence, mais on sait comment ça se termine... ». C'est en ces termes que le HCE introduit les données choquantes de son 5ème rapport annuel sur l'état du sexisme en France. Le document a été rendu public aujourd'hui 23 janvier 2023 à l'occasion du 10ème anniversaire du HCE et du lancement de sa campagne anti-sexisme. Reposant sur les résultats du « Baromètre Sexisme » mené avec l'institut Viavoice, ce sondage a été mené auprès d'un échantillon représentatif de 2.500 personnes, âgées de 15 ans et plus. Il rend compte des perceptions de l'opinion face aux inégalités entre les femmes et les hommes, évalue le degré de sexisme de la population et mesurer l'adhésion aux outils existants de lutte contre le sexisme. Situation alarmante « Malgré des avancées incontestables en matière de droits des femmes, la situation est alarmante... et les jeunes générations sont les plus touchées », tel est le constat inquiétant de ce rapport. Estimant que la société française demeure « très sexiste » dans toutes ses sphères et ses espaces (public, professionnel, privé, numérique), les auteurs du rapport démontrent ces constats via des chiffres choquants. Ainsi entre 2020 et 2021, la France a enregistré une augmentation de 21 % du nombre de victimes de violences conjugales avec 143 morts Les femmes représentent encore 85 % de ces morts violentes. Au sein du couple, le nombre des homicides conjugaux a considérablement augmenté en 2021 avec 122 femmes victimes de féminicide conjugal contre 102 en 2020. Violence sexuelle Concernant la violence sexuelle, 14% des femmes interrogées déclarent avoir déjà subi « un acte sexuel imposé ». 37% affirment avoir vécu des situations non consenties dans les rapports sexuels, dont un rapport non protégé devant l'insistance de leur partenaire (12%) et non consenti sous l'effet de l'alcool ou la drogue (7%). Même si la grande majorité des Françaises et des Français constate des inégalités de traitement, le sexisme continue cependant à être banalisé, comme le déplore le rapport du HCE. En effet, 93 % des Français estiment que les femmes et les hommes ne connaissent pas le même traitement dans au moins l'une des sphères de la société : Milieu professionnel, espace public, école ou famille. Aussi 80% des Françaises ont déjà été moins bien traitées en raison de leur sexe. « Du matin au soir, les femmes subissent remarques, blagues et actes sexistes », ajoutent les auteurs du rapport. Difficile d'être une femme Un consensus autour du traitement inégal entre femmes et hommes « qui suscite dans l'opinion publique le sentiment très net qu'il est plus difficile d'être une femme qu'un homme dans la société actuelle », note le rapport. En chiffres : 55 % des français considèrent qu'il est difficile d'être une femme contre 20 % pour un homme. Les jeunes femmes de 15 à 24 ans y croient encore plus puisque cette idée concerne 4 femmes sur 5. Résultat de ce profond sentiment d'inégalité ? D'après le HCE, le sexisme conduit à des renoncements quotidiens pour 9 femmes sur 10. La moitié renonce à sortir, à faire des activités seules ou à s'habiller comme elles le souhaitent tandis que 8 sur 10 ont peur de rentrer seules chez elles le soir. Cette « masculinisation » de l'espace public touche également le monde virtuel. Le HCE alerte par rapport au « raids masculinistes » sur les réseaux sociaux. Des attaques et des campagnes ayant pour objectif principal de « réduire les femmes au silence ou de les discréditer ». Violence en ligne, virulence accrue sur les réseaux sociaux, barbarie dans les productions pornographiques... Le rapport met en garde contre ces nouveaux phénomènes numériques violents qui viennent empirer la situation et ancrer le sexisme dans les esprits. Pour lutter contre ces différentes manifestations du sexisme, le HCE recommande de réguler les contenus numériques, rendre obligatoires les formations contre le sexisme par les employeurs, créer une Haute Autorité indépendante pour lutter contre les violences sexistes en politique, interdire la publicité pour les jouets genrés et conditionner le versement d'argent public par une contrepartie en terme d'égalité.