Les deux principales Banques centrales de l'Europe se sont engagées, le 11 avril, dans un commun effort pour relancer les titres adossés à des actifs (Asset-backed securities ABS) qui ont été vilipendés pour leur rôle dans la crise financière. Et ce, dans le but de relancer les prêts aux entreprises de la région assoiffées de crédits. Dans un projet de document consulté par le quotidien britannique Financial Times, la Banque d'Angleterre et la Banque centrale européenne appellent à un assouplissement des règles « indûment punitives » qui réduisent l'attrait de l'achat de ces ensembles homogènes de créances. Le document, publié le même jour, fait partie d'une campagne menée par la BCE afin de distinguer la dette européenne de haute qualité qui a été présentée ou « titrisée » des prêts américains plus risqués. Malgré des taux de défaut beaucoup plus bas qu'aux Etats-Unis, le marché européen de la titrisation a été gelé depuis la crise. La réduction et l'amputation des prêts ont été à l'origine de la propagation des problèmes qui ont affecté le marché des crédits subprime aux Etats-Unis vers le reste du système financier mondial. Les banques utilisent les titres adossés à des actifs, qui peuvent être créés à partir de regroupement de prêts pour des services allant des prêts hypothécaires ou auto aux cartes de crédit, comme un outil de financement. La vente des titres libère plus de fonds pour les prêts destinés aux entreprises et aux ménages. En dépit de sa valeur sociale à long terme, la titrisation souffre aujourd'hui de stigmatisation, reflétant à la fois sa réputation défavorable parmi les investisseurs et le conservatisme des régulateurs et les normalisateurs, constatent les Banques centrales dans le projet de document. Mario Draghi, le président de la BCE, a laissé entendre que s'il y avait suffisamment de liquidités dans le marché des ABS, la Banque centrale serait prête à les acheter pour contrer le risque croissant de déflation. Le soutien de Mark Carney, le gouverneur de la BoE, qui est également président du Conseil de stabilité financière, ajoute une voix puissante aux efforts de la BCE. Le document souligne que le marché européen de l'ABS ne représente que le quart de la taille du marché américain, avec un encours en baisse d'un tiers depuis son pic. Le même document fait valoir que, compte tenu de la performance à long terme de l'ABS au sein de l'UE, les initiatives réglementaires sont trop restrictives. L'une des raisons est que les récents changements n'ont pas réussi à établir une distinction nette entre les ABS « simples et structurés avec prudence » et « les structures plus opaques et complexes ». Selon l'agence de notation S&P, seulement 1,5% des ABS européens en circulation à la mi-2007 ont fait l'objet de défaut de paiement au troisième trimestre de 2013. Le chiffre américain correspondant était de 18,4%. Le marché européen de l'ABS n'est plus que l'ombre de ce qu'il a déjà été. Les volumes émis par les institutions financières du continent pour l'année à ce jour s'élèvent à un peu plus de 10 milliards de livres, le chiffre le plus bas depuis 2009 et une baisse annuelle de 3 milliards de dollars selon Dealogic, le fournisseur de données. Les assureurs, traditionnellement de grands acheteurs d'ABS, jettent le blâme sur les lourdes charges de capital pour les avoir dissuadé de se lancer dans cette activité ❚