La Banque centrale européenne a encore émis le signal fort qu'elle était prête à embrasser le Quantitative Easing ou politique d'assouplissement quantitatif pour éviter que la zone euro ne sombre dans la déflation ou dans une longue période de faible inflation. La Banque centrale européenne a ignoré les appels de Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international, à déployer dans l'immédiat les mesures d'une politique monétaire exceptionnelle, telle que l'achat d'obligations, et a maintenu les taux d'intérêt à 0,25% pour le cinquième mois d'affilée. Mais Mario Draghi, président de la BCE, a voulu réagir aux préoccupations envers la complaisance de la Banque centrale pour une inflation ultrafaible en affirmant que le conseil des gouverneurs était unanime dans son soutien à des actions plus radicales si la situation l'exigerait. « Le conseil des gouverneurs est unanime dans sa volonté de déployer également des instruments non conventionnels lors de son mandat afin de faire face efficacement aux risques d'une période trop prolongée de faible inflation », a-t-il assuré. Ses propos ont provoqué la chute de l'euro de 0,4% à 1,3716 dollars à la fin de la journée à Londres, son plus bas taux depuis la fi n de février. Les rendements obligataires italiens, espagnols et portugais, qui évoluent en sens inverse des prix, ont également chuté à un plus bas niveau pluriannuel. Draghi a confirmé plus tard que ces mesures non conventionnelles comprenaient en effet l'achat d'obligations. « Tous les instruments qui relèvent du mandat, y compris le QE sont destinés à faire partie de cette déclaration », a-t-il précisé. Et d'ajouter que les décideurs avaient discuté la question du QE lors de la réunion. Néanmoins, il a souligné que le conseil n'avait pas encore épuisé son arsenal conventionnel, ce qui suggère que le lancement du QE n'aura lieu qu'après des coupes de taux. Alors que d'autres grandes Banques centrales, dont la Réserve fédérale américaine et la Banque d'Angleterre ont embrassé le QE au début de la crise financière, la BCE s'est montrée plutôt hostile à cette politique. La déclaration d'intention de M. Draghi a abaissé la barre pour le QE en signalant que la BCE achèterait des obligations non seulement si les prix baissaient, mais aussi si d'autres signes indiquaient que l'inflation resterait très basse pour une période prolongée. L'inflation de la zone euro est actuellement à son plus bas niveau depuis quatre ans, à 0,5% – environ un quart de l'objectif fixé par la BCE, soit juste en dessous de 2%. Ses dernières prévisions montrent que l'inflation atteindra la cible, soit 1,7% à l'horizon de 2016. Draghi a dû absorber une grande partie du blâme pour la dernière chute accusée l'année dernière au début de Pâques – la période durant laquelle les entreprises ont tendance à augmenter les prix – et maitriser les coûts de l'énergie. Mais il a reconnu que les décideurs avaient été surpris par l'ampleur de la baisse le mois dernier. Il a également admis que les décideurs avaient été pris à plusieurs reprises par la faiblesse des pressions des prix, les obligeant à réduire les prévisions d'inflation. Mais il y avait un certain scepticisme à propos de la dernière tentative de la BCE à convaincre qu'elle était prête à déployer des instruments plus radicaux. « Le conseil n'a pas agi en réponse à la faiblesse de l'inflation... et on ne sait pas s'il agira à l'avenir », a déclaré Richard Barwell, de la Royal Bank of Scotland. Le marché était susceptible de « digérer le discours du soutien unanime des mesures non conventionnelles avec appétit et continuer de flirter avec la possibilité d'un QE de la BCE. L'accent sera remis à temps sur le fait que le conseil n'a pas réduit les taux. »❚