Le président Zoran Milanović avait fait la une des journaux lorsqu'il avait déclaré que le pays retirerait ses troupes des forces de l'OTAN en Europe de l'Est en cas d'escalade des tensions avec la Russie au sujet de l'Ukraine. La question mérite réflexion. Toutefois, ce n'est pas au président de décider en pareille matière. C'est au Premier ministre de le faire. Or le premier ministre Andrej Plenkovic est un rival politique du président Milanovic. Le parti du premier ministre, l'Union Démocrate Croate, (HDZ) est le plus important au Parlement avec 61 sièges et 15 ministres sur 18 en sont issus, y compris ceux des Affaires étrangères et de la Défense. C'est ainsi que la déclaration du président a été rapidement contredite par le chef de la diplomatie Gordan Grlić-Radman. Elle l'a été encore une fois à propos de l'adhésion de la Finlande à l'OTAN. Le président estimait, le 26 avril 2022 que "l'adhésion de la Finlande à l'Otan n'est qu'un charlatanisme dangereux ». Ce à quoi le ministre des Affaires étrangères a exprimé le soutien de son pays à l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'OTAN. "Ces deux pays sont des pays partenaires qui partagent les mêmes valeurs que nous", avait -il déclaré. Pour Grlić-Radman, les commentaires de Milanović n'avaient rien à voir avec la position du gouvernement. C'est ce qu'il avait précisé à un journaliste du Frankfurter Allgemeine Zeitung allemand: « le président ne parle pas pour la Croatie, mais pour lui-même », soulignant que le gouvernement restera un membre loyal de l'OTAN. "Dans des moments comme ceux-ci, il est particulièrement important de faire preuve de solidarité entre partenaires, et la Croatie le fera au sein de l'UE et de l'OTAN", a-t-il réaffirmé. Lorsque le président avait déclaré qu'il demanderait au représentant croate à l'OTAN de voter contre l'adhésion, le ministre des Affaires étrangères avait répliqué que le représentant suivrait les instructions de son département. La situation est d'autant plus tendue entre le gouvernement et le président que l'analyste en politique étrangère Denis Avdagic, a estimé sur la radio et la télévision croates que le gouvernement pourrait demander la destitution de Milanovic. "Le Premier ministre Plenkovic et la majorité au pouvoir pourraient demander la destitution de Milanovic. Le motif étant la déclaration de veto de Milanovic. J'espère que le gouvernement et le président pourront se réunir autour d'un consensus commun, en tenant compte des intérêts du pays", analysait-il. Il faut préciser que bien que le président soit le commandant en chef de l'armée croate, les déploiements de l'OTAN sont gérés par le ministère de la Défense, avec l'approbation du parlement. Pour l'Union européenne comme pour l'OTAN, la présence de Zoran Milanivic à la tête de la Croatie peut poser problème à cause, justement, de sa position pro-russe. « S'opposer aujourd'hui à l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN porte un coup à la solidarité et à l'alliance de tout le monde démocratique occidental contre ce que fait la Russie en Ukraine. C'est sans aucun doute une position pro-russe », affirmait le président du Parlement, de Croatie Gordan Jandroković le 4 mai dernier lors de sa visite en Espagne. Une position qui devrait en principe faire réagir l'Administration américaine. Un allié russe dans cette pattue centrale de l'Europe n'est pas une bonne nouvelle, ni pour l'OTAN, ni pour l'Union européenne.