On commençait à peine à s'habituer à la crypto monnaie, qu'une nouvelle tendance est venue lui damer le pion. Le NFT ou Non Fungible Token s'érige aujourd'hui en coqueluche du digital. Derrière une appellation quelque peu ésotérique se cachent les notions de rareté et de marché. Un jargon financier auquel les millennials ajoutent une touche 3.0 afin de générer de la richesse. « Le NFT permet de posséder un titre de propriété sur un objet numérique. La personne détenant le titre en question peut soit le garder, le vendre ou s'en servir comme garantie » explique Ahmed El Bzioui, banquier, analyste économique et consultant en stratégie digitale. La chose est inédite dans la mesure où les biens numériques n'ont jamais été assortis du moindre droit de propriété. La situation a changé et c'est ce revirement qui permettrait d'empocher de gros sous. « On est tout simplement en train de financiariser des dessins, des tableaux, des mots, des tags numériques en les authentifiant. Une fois authentifiés, ils entrent dans la catégorie des biens rares et se voient conférer un prix élevé au sein d'un marché mis en place à cet effet». Une bonne nouvelle à en croire le spécialiste, qui y voit un moyen de faciliter l'investissement dans les entreprises et économies du monde entier « acheter et vendre des NFTs pourrait contribuer à la croissance et à la diversification de l'économie en général ». Autre avantage du procédé : Son côté no limit, car même une blague peut être « NFTisée » et prendre de la valeur. Montre moi ton singe ! Quel est le point commun entre Dj Khaled, Snoop Dog et Quentin Tarantino? La réponse est dans ces trois lettres. Conscientes du potentiel, beaucoup de stars se sont mises à produire et/ou acquérir des objets NFTs moyennant des centaines de milliers de dollars. Parmi les œuvres les plus réputées, on compte les fameux Bored Apes Yacht Club, des singes numériques, dont le moins cher vaut 215.300 dollars! Possédés par quelques happy few, ces tokens valent de l'or et on se les arrache entre fortunés du Métavers. Parmi les célébrités ayant succombé à la tentation Gweyneth Paltrow, Madonna, Eminem, Neymar... Paris Hilton a préféré, elle, commercialiser ses propres NFTs sous forme de collages retraçant sa vie amoureuse. L'un d'eux a d'ailleurs été estimé à 1,1 million de dollars. Sur cotation ? Peut-être, mais il n'en demeure pas moins que l'héritière a trouvé acheteur. From L.A to Casablanca Face à une tendance qui séduit à l'international, des artistes locaux ont eux aussi décidé d'investir le marché. Entrepreneuse, peintre et créatrice de contenu, Miriam Bouanane en fait partie. Cette lauréate de l ́Institut Supérieur des Arts Appliqués de Paris, expose son travail sur Opensea, le plus large market place mondial dédié au Non Fungible Token. « J'ai d'abord effectué des recherches personnelles. Une fois le système des Nfts bien assimilé, j'ai compris que c'était une opportunité à saisir». Pour intégrer la plateforme concernée, la jeune femme a dû se créer un portefeuille électronique en crypto monnaie. « Les transactions ne se font pas autrement. L'étape d'après consiste à se forger une communauté via Twitter, le réseau le plus efficace pour ce type d'activités. La suite consistera à me baser sur ces dessins pour réaliser des animations, des vidéos, de la 3D » précise l'artiste. Séduite par cet univers dans lequel elle se projette sans difficulté, Miriem Bouanane y voit des possibilités infinies pour les jeunes entrepreneurs. Dans le même cas de figure, Nicolas Pegney, pianiste-compositeur, a NFTisé sa musique. Français d ́origine et marocain d'adoption, il a choisi d'éviter les canaux classiques de diffusion artistique. Armé d'une discographie conséquente, il a pu se forger un bon capital NFTs. « La stratégie marketing n'est pas la même. Pas besoin de passer par un producteur ou une maison de disque. Nous sommes dans une nouvelle dimension où chacun peut percer et se faire un nom ». Enthousiaste, le musicien explore les lieux et va de surprises en surprises. « Les droits d'auteur sont encore mieux respectés, on est protégé du plagiat et de la contre façon » plaide-t-il. Avenir ou simple effet de mode ? On est forcément tenté de se poser des questions sur la durabilité du phénomène et sa rentabilité. La réponse est humblement avancée par notre expert financier. D'après lui, l'utilité de cette technologie prendra petit à petit une place considérable que ce soit dans l'authentification ou la valorisation des objets numériques. Preuve en est le lancement par plusieurs groupes mondiaux de produits en version NFT. « La pandémie du covid-19 a fait en sorte d'accélérer la transition numérique et nous a rapprochés du monde virtuel à travers le Métavers et des inventions similaires ». Le Maroc suivra-t-il une courbe identique ? « Si cela marche ailleurs, il n'y a aucune raison que cela ne fonctionne pas chez nous. Mais ne perdons pas de vue que le Royaume n'a pas une réglementation claire à propos de cette technologie ou des monnaies virtuelles et qu'il y a un décalage flagrant entre les couches sociales quant à l'usage de ces pratiques ». Une structuration s'impose donc, afin d'assurer un cadre légal aux protagonistes et de les aider à fructifier leurs opérations sans risques...