«Les intermédiaires d'assurances, qu'ils soient agents ou courtiers, de petite ou de grande taille, vivent des moments de questionnement sur l'avenir de leur métier et sur les orientations qu'ils doivent prendre pour pérenniser leur cabinet », déclare le président de la Fédération nationale des agents et courtiers d'assurance au Maroc (FNACAM), Farid Bensaid, en marge de la 5e édition de la rencontre annuelle de la Fédération, tenue sous le thème «un nouvel élan pour l'intermédiation après la crise». Obstacles à lever Aujourd'hui, les intermédiaires d'assurances font face à de nombreuses contraintes. Bensaid évoque la problématique de la TVA sur les commissions. «Cette taxe constitue un problème majeur et gravissime pour nous. C'est une taxe qui n'a pas lieu d'être et on se bat contre cette aberration depuis des années. On compte sur la nouvelle ministre des Finances pour revoir ce point, ce qui permettra de donner un peu d'oxygène pour les professionnels », détaille le président de la FNACAM. Concernant le problème des revenus des intermédiaires, il précise : «l'intermédiaire a un revenu et il a des tâches à faire. S'il est plus performant qu'un autre intermédiaire, il faut le rémunérer plus, c'est ce qu'on demande. D'autant plus que bon nombre de professionnels ont du mal à faire face à leurs charges et à finir leurs mois. En gros, le mode de commissionnement actuel est obsolète et il faut le revoir ». Digital, opportunité ou menace ? Face à une clientèle de plus en plus exigeante, plus connectée, le digital s'impose. Ce virage inquiète de nombreux intermédiaires des assurances. Bensaid reconnait qu'il y a des craintes dans ce sens dans la mesure où la vente en ligne des produits d'assurance pourrait impacter le chiffre d'affaires des professionnels. «Il y aura certainement de la casse sur ce volet, mais il faut se préparer et s'adapter aux tendances actuelles. On n'a pas le choix », résume celui qui préconise une clarification de la situation de la part de l'ACAPS, avec notamment la publication du livre IV du code des assurances. Ce texte n'est plus en phase avec le contexte actuel et la réforme tarde à voir le jour. Présent lors de cette rencontre, le président de la FMSAR, Mohamed Bensalah tente de rassurer : «Les clients sont devenus plus exigeants, ils sont plus connectés. Pour pouvoir les toucher, nous n'aurons d'autres choix que d'élargir nos canaux de distribution. Que ce soit via le digital ou via d'autres réseaux physiques, tels que les opérateurs télécom, les organismes de paiement ou encore les agences bancaires », explique-t-il. Et d'ajouter : « il faut savoir qu'une stratégie multicanale n'est pas une menace pour les agents et courtiers, mais vient en soutien pour drainer une clientèle nouvelle, notamment parmi les plus vulnérables, sur des produits peu ou pas commercialisés. C'est un sujet qu'il faut aborder avec autant de lucidité que de bon sens. Il ne s'agit pas d'un choix, mais d'une transformation profonde de notre société, de laquelle notre secteur ne peut rester en marge ». Défis communs Des commissions paritaires ont été mises en place entre la FMSAR et la FNACAM pour traiter certains sujets prioritaires. De même l'ACAPS a pris certains points importants en main, comme le digital, pour faite évoluer le secteur. Mais, au-delà des aspects liés à la distribution, compagnies et intermédiaires auront à faire face à d'autres enjeux majeurs, comme le note Bensalah. Le premier est lié au recouvrement et au reversement des primes. « Le système actuel mérite d'être revisité afin d'obtenir une remontée d'informations sur l'encaissement en temps réel et un reversement dans des délais très courts. Nous gagnerons à mettre en place un dispositif visant à sécuriser l'intermédiaire, fiabiliser l'information et à remonter le cash plus rapidement. Nous menons d'ailleurs une réflexion dans ce sens, afin de faire évoluer ce process et éviter des situations douloureuses, comme celles que nous avons vécues récemment », souligne-t-il. Autre point soulevé : la pression concurrentielle qui tire les prix vers le bas, ce qui n'est ni dans l'intérêt de la compagnie, ni dans l'intérêt de l'intermédiaire, ni celui du client. Bensalah espère que la provision pour risque tarifaire, qui tarde à se mettre en place, permettra de moraliser la tarification et la course aux primes. Le troisième enjeu cité par le même intervenant concerne la généralisation de l'assurance maladie. « Véritable projet de règne, il impose un recentrage de notre rôle au niveau des complémentaires Santé. Il s'agit d'un virage majeur pour notre secteur, qu'il faudra gérer avec beaucoup d'intelligence, pour protéger les intérêts des compagnies et ceux des intermédiaires », conclut-il.