Après son adoption à la majorité à la Chambre des représentants, la loi N°13-21 relative à l'usage licite du cannabis est entrée officiellement en vigueur vendredi 30 juillet. Objet d'une grande polémique, cette loi a été finalement adoptée par 119 voix contre 48. Un pas de taille franchi par le Maroc que Abdelouafi Laftit, ministre de l'Intérieur qualifie d'avancée en phase avec les mutations que connait le système mondial de contrôle des stupéfiants et dans un contexte spécial marqué par un grand engouement mondial pour développer la culture du cannabis. Rappelons qu'en décembre 2020, la commission des stupéfiants onusienne a retiré le cannabis de la liste des drogues dangereuses, à la lumière des recommandations de l'OMS. Disposant d'importantes potentialités, le Maroc serait, selon des études élaborées par le département de Laftit, d'une grande attractivité en termes d'investissements et l'industrialisation du cannabis. Article 9 Dans son article 9, la loi 13-21 désigne comme régions autorisées à cultiver le cannabis à usage médical, la province d'Al Hoceima à Ktama, Targuist et Sanhadja. La province de Chefchouen à Bab Berred et Bni Ahmed, la province de Ouazzane à Oum Krissat et la province de Tétouan aux communes de Bni Hassan et Bni Said sont également concernées par cette autorisation à cultiver la cannabis. Rappelons qu'au lendemain de l'adoption de la loi 13-21 au parlement, les réactions se sont multipliées par rapport à la délimitation des régions concernées par la légalisation et les activités des coopératives de valorisation. « Les provinces de Chefchouen et Al Houceima sont historiquement les régions productrices du kif. C'est donc logique que la légalisation devrait délimiter cette culture à ces zones précises. Il y a une grande inquiétude par rapport à ce point dans le milieu des agriculteurs », nous explique alors Abdellah Jout, l'un des membres fondateurs de la Coordination des zones d'origine du cannabis, créée au lendemain de l'annonce de la légalisation de la culture du Kif. Nouvelle filière Avec la légalisation de la culture du cannabis, une nouvelle filière s'ajoutera aux 19 filières agricoles existant au Maroc. Elaboré par le ministère de l'Intérieur, ce texte légalise enfin la culture du cannabis dans notre pays à des fins médicales et thérapeutiques. Le chapitre n°7 de ce projet prévoit la création de l'Agence nationale pour la légalisation des activités afférentes à cette culture. Cette dernière se chargera de la mise en œuvre de la stratégie de l'Etat en termes de culture du cannabis en plus de son circuit de production, de fabrication, de transformation, de commercialisation et d'acheminement ainsi que de son export et import à des fins médicales, pharmaceutiques et industrielles. Considérée comme une solution de la problématique du cannabis et du trafic de drogues, cette légalisation sera appliquée via un système d'autorisation et de réglementation pour le développement de cette filière agricole et industrielle. Un dispositif coopératif sera proposé aux cultivateurs. Les coopératives seront ainsi les intermédiaires entre l'agriculteur de cannabis et les sociétés de production, de transformation ou d'export. Ceci en coupant le chemin aux « intermédiaires/distributeurs» qui s'enrichissaient auparavant aux dépends des agriculteurs.