Pour les Marocains l'Initiative marocaine de l'autonomie, exposée lors du premier round des négociations avec le polisario à Manhasset "constitue la meilleure garantie et la meilleure forme de réconciliation qui puisse être présentée aux populations de la région". "Nous avons bon espoir qu'à travers les discussions qui ont déjà eu lieu, que cela fasse réfléchir et qu'à travers celles qui vont avoir lieu début août, l'autre partie puisse mesurer tout l'effort qui est fait et saisir cette opportunité historique pour mettre fin aux souffrances d'une partie de la population sahraouie", a souligné le ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa lors d'une conférence de presse. Benmoussa a ajouté que l'initiative marocaine saluée par la communauté internationale offre à la population "qui se trouve aujourd'hui dans des camps, la possibilité de retourner dans son pays, oeuvrer pour le développement de sa région et jouir de ses droits politiques, économiques et sociaux". Le ministre a relevé que le Maroc a présenté à Manhasset le contenu de son initiative, fondée sur "une approche de compromis qui garantit l'autodétermination et garantit également la gestion locale aux plans politique, économique et sociale par la population de la région". Toutefois, Chakib Benmoussa a déploré que la position du Polisario n'ait pas évolué. "Nous considérons ces négociations comme historiques. A travers le dialogue et la négociation, nous espérons que nos frères à Tindouf comprennent toute la signification de cette initiative marocaine audacieuse", a-t-il affirmé. Pour le ministre, la solution proposée par le Maroc privilégie la discussion et les négociations pour parvenir à "une solution de compromis acceptée par l'ensemble des parties". "Il est évident que toute autre solution qui cristallise les divisions et sépare les populations en allant vers l'extrême risque de créer davantage de problèmes et ne peut être une solution durable qui garantisse la paix et la stabilité dans la région", a plaidé le ministre. Quant à Taieb Fassi Fihri, il a affirmé que c'est grâce à la dynamique enclenchée par le Maroc à travers son initiative d'octroyer une large autonomie à la région du Sahara que les négociations de Manhasset ont pu avoir lieu. "Le Royaume a oeuvré inlassablement en associant l'ensemble des partis politiques et la majorité des Sahraouis, qui vit au sud du Maroc, à concevoir une solution gagnant-gagnant pour créer cette nouvelle dynamique", a dit le ministre délégué aux affaires étrangères et à la coopération se référant au Conseil de sécurité qui a dit clairement que les efforts fournis par le Maroc sont sérieux et crédibles et que les négociations doivent prendre en compte les derniers développements survenus pendant les derniers mois, à savoir l'Initiative du Royaume. Le Polisario était-il satisfait? Réponse, le Front a soumis dans la précipitation sa "nouvelle proposition". Il s'agissait en fait d'une simple reprise des positions déjà connues et impossibles à mettre en uvre de l'avis même des Nations Unies. Et le Polisario résiste dans cette tranchée, peut-être confortable pour ses dirigeants mais difficile à tenir par les populations. Taieb Fassi Fihri confirme: "Nous ne pensons pas que, jusqu'à aujourd'hui, l'autre partie est prête à avancer et à tenter de parvenir ensemble à une solution politique", bien que, a précisé le ministre, ce qu'a proposé le Royaume soit "inédit au Maroc et dans la région". Est-ce donc l'échec de Manhasset? trop tôt pour le dire. Il y aura encore d'autres rounds et le ministre délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération préfère garder bon espoir: "Nous avons fait cet effort pour parvenir à une solution consensuelle et nous espérons que durant les prochaines négociations nous allons concrètement pouvoir aller de l'avant et discuter de cette proposition globale et compacte introduite par le Maroc". Mais auparavant, il serait utile de revenir sur les causes des échecs passés. C'est ce qu'a fait le président du CORCAS, Khalihenna Ould Errachid pour qui si tous les processus antérieurs engagés par l'ONU, dont le plan Baker II, ont échoué c'est à cause de leur inapplicabilité tant pour des raisons techniques que politiques. Le président estime que pour résoudre ce problème, un compromis est indispensable. Mais de quel compromis s'agit-il? Réponse de K. Ould Rachid "qui dit compromis, dit renonciation aux demandes maximales". Ce qui veut dire en clair que le Polisario doit renoncer au "séparatisme" qui est différent de l'indépendantisme. Justement, Pour le président du CORCAS, le Polisario qui n'est pas un mouvement indépendantiste, est un mouvement séparatiste car il n'est pas le représentant de la totalité de la population sahraouie. D'ailleurs la preuve en est sa présence même aux négociations. C'est au Polisario donc d'apprendre quelques règles politiques: "Nous pensons que ces négociations vont enseigner à ce mouvement politico-militaire qui est le Polisario la culture du compromis et de consensus pour résoudre un problème aussi complexe et aussi compliqué", a prédit Khalihenna Ould Errachid, qui estime par ailleurs qu'il "faut beaucoup de patience, de concessions, de dialogue et de renonciations aux dogmatismes et aux concepts doctrinaires". Le président du CORCAS a enfin estimé que les négociations de Manhasset ont été positives, puisque "nous avons dialogué entre frères en présence des pays voisins et que peut être dans le prochain round d'août, on pourra avancer positivement si la bonne foi et les bonnes intentions sont là". On y est peut-être déjà puisque désormais le Maroc est conforté dans sa vision; il ne s'agit pas d'un conflit entre le Maroc et les Sahraouis, mais entre le Maroc et le front Polisario. Ce dernier a déjà, par sa présence même aux négociations admis le fait qu'il puisse y avoir des Sahraouis qui veulent rester marocains. Le Maroc qui accepté les négociations l'a fait sans complexe puisqu'ainsi il admet pour sa part qu'il puisse y avoir des séparatistes. Une bonne dose de démocratie est indispensable. De ce point de vue, le premier round, les négociateurs marocains ont donné au dossier sa vraie configuration. Tous les membres de la délégation marocaine ont pris part à la conférence de presse: Taieb Fassi Fihri, ministre délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, Fouad Ali El Himma, ministre délégué à l'Intérieur, Khalihenna Ould Errachid, président du Conseil Royal consultatif pour les Affaires Sahariennes (CORCAS), Mohamed Yassine Mansouri, Directeur général des Etudes et de la Documentation, El Mostafa Sahel, représentant permanent du Maroc à l'ONU. Il y avait aussi les conseillers techniques, Maouelainin Maouelainin Ben Khelihenna, Secrétaire général du CORCAS, et Mohamed Saleh Tamek, Wali de la région de Oued Dahab Lagouira.