On le surnomme «Le roi du nouveau swing». Et il était à très bonne école. Dans les années 80, à peine sorti de l'adolescence, il officie au sein du prestigieux Jazz Messengers d'Art Blakey. Il est également pris sous l'aile de Don Pullen et Roy Haynes. Malgré son immense talent, son aura reste confidentielle. Il a fallu bien gratter pour le dénicher et lui faire goûter la profusion de rythmes et de sons de la Cité des vents. Le Louisianais est l'un des maîtres du coin. En 1991, volant enfin de son propre plumage, il enregistre «Indian blues», où les sonorités du Congo Square de la Nouvelle Orléans sont largement jazzifiées. Il étonne et ce n'était qu'un début. Donald Harrison s'aventure -avec maestria- sur d'autres terrains. Il crée en 1994 le «Nouveau swing», un genre qui prend vie dans le jazz, en s'en éloignant, en y injectant les différentes cultures musicales qui jonchent la ville et l'Etat du saxophoniste. Le résultat est stupéfiant. Créatif boulimique, il donne naissance ensuite au Donald Harrison Electric Band, une formation de smooth jazz, un style apaisant, souvent intimiste. Et, à l'instar d'un Brandford Marsalis, il s'oriente vers le hip-hop qu'il marie avec une grande subtilité à une certaine musique africaine bien ancrée dans la Nouvelle Orléans. C'était l'époque du groupe The New Sounds of Mardi Gras, toute la mémoire française de la région est là. Il sera variablement honoré par des prix, des magazines spécialisés, des critiques des plus intraitables. Donald Harrison est acclamé et sollicité. Il compose pour des big bands et figure dans le documentaire «When the levees broke» de Spike Lee. Harrison n'est pas seulement un musicien de premier plan aux mélanges gratifiants, c'est aussi un grand cur. A la Nouvelle Orléans, il s'occupe de musiciens en herbe. Quand on aime transmettre, c'est qu'on est en perpétuel apprentissage.