La dernière exposition de Chaïbia fut tenue à la galerie Bab Rouah à Rabat, cinq mois avant sa disparition le 2 avril 2004. Un succès intégral avec une moyenne de 300 visiteurs par jour. Depuis, son fils Houssein Tallal veille à ce qu'on ne s'approche pas trop de l'uvre de la défunte. Pourquoi alors ce subit revirement ? C'est qu'il a été séduit et ému par l'approche des surs Berrada Sounni (Myriem et Yasmine) de la galerie Loft. Pour leur première exposition, elles proposent à l'artiste et galeriste de les accompagner dans la réalisation d'un rêve commun, celui de rendre hommage à une idole d'enfance. En acceptant l'idée, Houssein met forcément la main à la pâte. Le contenu de l'exposition ne manque d'ailleurs pas d'originalité. Une grande huile, des gouaches, des sérigraphies (histoire de faire oublier les nombreuses fausses qui circulent depuis quelque temps) et un livre d'artiste tiré à une trentaine d'exemplaires. Ce dernier est composé de dessins de Michel Barbault illustrant des poèmes de Chaïbia traduits au français il y a plusieurs années déjà. Le célèbre illustrateur est un maître verrier ayant travaillé pour Matisse, Braque ou encore Léger. Ce beau linge est agrémenté de 70 reproductions numériques d'affiches et de couvertures de magazines d'art étrangers sur lesquelles trônent Chaïbia et son uvre. Une uvre qui prend vie au début des années soixante. Histoire. En 1961, Pierre Gaudibert, directeur de la section Arc du musée d'art moderne de Paris, est en visite au Maroc accompagné de l'artiste Cherkaoui. Ce dernier lui présente son ami Houssein qui invite toute une smala chez sa mère. Chaïbia profite de la présence de Gaudibert et sort à la fin du repas des cartons où sont entassées des reproductions de motifs de tapis peints au doigt. Le Français est épaté. Il prédit sur le coup un riche avenir à la dame qu'il expose à Paris en 1966 après trois premiers essais en France et au Goethe Institut de Casablanca la même année.