Le gouvernement de Abbas El Fassi multiplie les sorties médiatiques ces derniers jours. Le Premier ministre et nombre de ses poulains n'ont en effet pas cessé de mettre en exergue tout ce que leur gouvernement a réalisé en faveur des classes les plus défavorisées de la société marocaine. Les derniers mouvements de grève qu'a connus le pays depuis le début de l'année 2009 n'étaient pas pour calmer cette tendance. C'est d'ailleurs dans ce sens que s'inscrit la dernière étude menée par le ministère de l'Economie et des finances (direction des études et des prévisions financières plus exactement-DEPF), rendue publique il y a quelques jours. Il s'agit dun travail de synthèse qui reprend toutes les mesures contenues dans la Loi de finances pour l'exercice 2009. Une manière comme une autre pour le gouvernement de soigner sa communication d'un côté, et de montrer à l'opinion publique la mesure de l'effort fourni pour améliorer le quotidien des Marocains de l'autre. Dans ce sens, le gouvernement met en avant les 44 milliards DH répartis comme suit : 33,9 milliards de DH pour soutenir les prix de certains aliments, augmentation des salaires (3,5 milliards de DH), réduction du prélèvement fiscal sur les revenus (4,8 milliards de DH) et introduction de mécanismes de soutien dans le cadre du ciblage (1,95 milliard de DH). Et comme pour marquer le caractère particulier de cette loi de finances 2009, le département de Salaheddine Mezouar commence par faire allusion au contexte particulièrement difficile dans lequel ces mesures budgétaires ont été prises. «La loi de finances 2009, élaborée dans un contexte international difficile marqué par une crise financière aiguë, vise à maintenir l'économie nationale sur un sentier de croissance élevée et à donner une nouvelle impulsion aux secteurs sociaux et au développement humain», peut-on lire dans le document de la DEPF. Priorité à la formation Cette dernière a par la suite passé en revue les différents budgets sectoriels, chiffres à l'appui. Mais ce sont les secteurs sociaux qui ont été le plus mis en évidence par ce travail de synthèse. A commencer par l'enseignement. Au total, ce sont près de 46 milliards de DH qui seront alloués tout au long de l'année en cours pour les écoles, collèges et lycées nationaux. Ce chiffre est en hausse de 23% par rapport à 2008. Le gouvernement y a ainsi consacré un budget additionnel de 8,6 milliards. «Cette enveloppe permettra d'augmenter les dépenses d'équipement et d'investissement de 90%, ce qui constitue un tournant décisif dans le processus de réforme du secteur», soulignent les cadres des Finances. Et d'ajouter que ces efforts budgétaires consentis seront également consacrés à la mise en uvre du plan d'urgence. La part du lion de ce budget sera allouée à l'enseignement primaire et secondaire avec près de 39 milliards de DH en augmentation de 7,3 milliards de dirhams par rapport à 2008. L'objectif à terme (2012) n'est autre que d'arriver à un taux de scolarisation dans l'enseignement primaire de l'ordre de 95%, et ce au niveau de chaque commune et à 90% au niveau de l'enseignement collégial. Ceci devrait globalement passer par la construction de 3.600 classes dans le préscolaire, 2.500 classes dans le primaire, 6.800 classes au niveau du collège et 320 lycées. Le gouvernement s'est également intéressé à la formation professionnelle, pilier de toute politique d'émergence économique. Dans ce sens, il a été consacré à ce secteur près de 713 millions de DH, soit une hausse de 34% par rapport au budget de l'année dernière. Un logement pour tous Le deuxième secteur auquel le gouvernement de Abbas El Fassi s'est attaqué est la santé. Les crédits alloués aux dépenses étatiques en matière de santé publique pour l'année 2009 s'élèvent à 9,7 milliards de DH, enregistrant une hausse de 20,3%. Durant cette année, ce budget permettra la construction de 13 hôpitaux locaux, la réhabilitation de 37 hôpitaux provinciaux et locaux, l'acquisition de 50 unités médicales mobiles pour le monde rural, le parachèvement des travaux du centre d'oncologie du CHU de Fès et l'accélération du rythme de réalisation des CHU de Marrakech et d'Oujda. Toujours en matière d'oncologie, un grand pas a été franchi par les pouvoirs publics en exonérant tous les médicaments anticancéreux et antiviraux (hépatites B & C) de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Ce budget à très grande connotation sociale accorde une grande importance à l'encouragement des citoyens, quel que soit leur niveau matériel, d'accéder à un logement décent. Le budget 2009 réserve 2,57 milliards de DH à ce pôle, soit une hausse de 9% par rapport à l'année 2008. Habitat destiné à la classe économique, logement à 140.000 DH, mobilisation du foncier public, lutte contre tout foyer d'habitat insalubre sont autant d'objectifs inscrits sur l'agenda du ministre de l'Habitat, de l'urbanisme et de l'aménagement de l'espace Taoufik Hejira. Le document des Finances pousse même jusqu'à présenter la prorogation de la réduction de 50% de l'IS ou de l'IR pour les promoteurs immobiliers construisant au moins 1.500 logements sociaux. L'étude a manqué de rappeler que ces exonérations étaient de l'ordre de 100% et que leur réduction de moitié a complètement gelé le secteur du logement social depuis le début de l'année 2008. Et on ne pourrait parler de budget social sans s'attaquer à l'INDH. Cette initiative entre dans son quatrième exercice budgétaire. «La tendance haussière des interventions de l'INDH se traduira par une augmentation de l'enveloppe y afférente qui passera de 2 milliards de DH en 2008 à 2,25 milliards de DH en 2009», rapporte l'étude.