Abbas El Fassi présentera sa déclaration devant le Parlement en mai. L'annonce a été faite par Khalid Naciri. En attendant son grand oral, le Premier ministre s'est attelé à recoller les morceaux de sa majorité qui, ces derniers temps ne cesse de battre de l'aile. Lundi à Rabat, les présidents des partis qui soutiennent l'actuel gouvernement entouraient Abbas El Fassi. La photo, au moins, suggère l'unité des cinq composantes de la majorité. Le thème choisi pour cette rencontre, s'inscrit dans cette même perspective voulue par El Fassi: «Ensemble pour l'approfondissement du processus de réforme». Mais dans les faits, la chose a pris une mauvaise tournure pour le Premier ministre. Sa droite a adopté un ton critique alors que sa gauche, Koutla oblige, ont joué la modération et ont pris la défense du Premier ministre. Salaheddine Mezouar ne s'est pas montré tendre avec son supérieur hiérarchique. Le président du RNI a critiqué l'absence de cohésion et la faible communication entre les membres de la majorité. Des critiques qui ne sont pas sans rappeler celles des derniers communiqués du PAM qui ont pointé du doigt la cacophonie dans laquelle patauge la majorité de Abbas El Fassi. La sortie médiatique de Radi est dans une certaine mesure compréhensible du fait que de nombreux députés de la majorité ont boudé sa candidature et soutenu celle du PJDiste El Othmani. Le président du RNI ne s'est pas contenté des ces seuls reproches au Premier ministre, il s'est même interrogé sur le devenir des engagements du gouvernement énoncés dans sa déclaration de 2007, ceux qui attendent encore leur mise sur les rails ou ceux encore qui sont en cours mais non encore achevés. Mezouar a également soulevé les défis des réformes qui n'ont pas été abordées par le gouvernement. Bien en verve, le président du RNI a tenu à rappeler à son supérieur hiérarchique la nouvelle réalité des chiffres au Parlement. «Le groupe RNI/UC est la première force au parlement avec 69 députés. Une nouvelle donne qui exige d'être prise en considération avec sérieux et responsabilité». La balle est donc dans le camp du Premier ministre. Mohand Laenser, le secrétaire général du Mouvement populaire, a joué la même partition que Mezouar, pointant du doigt également l'absence de cohésion au sein de la majorité et la faible coordination entre ses composantes. Le ministre d'Etat apparemment non satisfait de la teneur de ce séminaire a appelé à l'organisation d'une autre rencontre de ce genre qui serait consacrée à l'examen de dossiers importants tels que les terres d'Al Joumouê (les terres collectives), le rapport de la Cour des comptes et les lois électorales. Des termes qui ne sont pas sans rappeler le langage de la maison PAM. Avec moins de tonus, Ismaïl Alaoui a reproché au gouvernement son faible bilan social. En revanche, le secrétaire général du PPS a défendu, dans l'ensemble, l'action de l'équipe de Abbas El Fassi au point de qualifier l'opposition du PAM de «bizarre». Une petite consolation au moins pour le Premier ministre. L'autre parti de la Koutla qui participe au gouvernement est l'USFP. Son premier secrétaire s'est montré assez virulent vis-à-vis de l'action du Parlement, se permettant le luxe d'asséner des coups aux membres des deux Chambres dont «le travail n'est pas à la hauteur» et qui n'ont pas réussi à réaliser les défis de rénovation, de changement et de modernité. Il faut préciser que ces appels émanent de Abdelwahed Radi qui n'est autre que l'actuel président du Parlement. La sortie médiatique de Radi est dans une certaine mesure compréhensible du fait que de nombreux députés de la majorité ont boudé sa candidature et soutenu celle du PJDiste El Othmani. Abbas El Fassi La confiance royale, d'abord Et Abbas El Fassi, qu'est-ce qu'il a dit au cours de ce séminaire? Il faut dire que l'homme, contrairement à sa majorité, est resté cohérent dans sa démarche. Fidèle à sa ligne de conduite, il a tenu à rappeler à ses opposants et détracteurs que son gouvernement est fort grâce notamment à la confiance royale. Un discours qu'il ressert à chaque fois qu'il est devant la presse. Lors du séminaire de coordination de la majorité «Ensemble pour l'approfondissement du processus de réforme», l'absence de cohésion a été même soulevée par les propres composantes de cette même majorité. Abbas El Fassi parfaitement conscient du fossé qui est en train de diviser sa majorité, a évité de trop s'étaler sur cette question. Et pourtant, lors d'un point de presse tenu en janvier 2008 dans la résidence de la Primature, El Fassi avait déclaré que «je défie quiconque de déceler une seule fausse note dans l'action ou les déclarations des différents membres du gouvernement». Précision : ces propos ont tenu juste trois mois après l'avènement dans la douleur de son gouvernement. Depuis lors, le fleuve tranquille a connu beaucoup de turbulences.