Ces prochains jours pourraient être décisifs au Proche-Orient. Nul ne doute que le 2 mars, à Charm el-Cheikh, en Egypte, lors du sommet sur la reconstruction de Gaza, la communauté internationale n'ouvre largement sa bourse pour remettre sur pied ce petit territoire détruit par trois semaines de bombardements israéliens. Cinquante-sept ministres des Affaires étrangères, dont Hillary Clinton et la totalité des chefs de la diplomatie arabe, seront présents. En Europe, Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi, l'Italien, Manuel Barroso, le patron de la Commission européenne doivent faire le déplacement. Le décor sera en place. Mais augure-t-il du succès du sommet et surtout de la reconstruction de Gaza ? Pas nécessairement. L'Autorité palestinienne a estimé les dégâts à 2 milliards de dollars. Le problème n'est pas de savoir qui va payer, mais à qui et comment ? Pour les Occidentaux, l'Egypte, la Jordanie... pas question de donner des fonds au Hamas pour qu'il renforce sa position politique. Or, le mouvement islamiste est, dans l'immédiat, le seul aux commandes à Gaza. Une seule issue donc : la mise en place d'un gouvernement d'union nationale, en clair la réconciliation - ou la mise en scène d'une réconciliation - entre les frères ennemis du Hamas et du Fatah. Pour les négociations sous l'égide du général Omar Soleiman, le puissant chef des renseignements égyptiens, les deux parties ont mis en place cinq commissions, réformes de l'OLP, organisation des élections présidentielles et législatives, réforme des services de sécurité.... Le fossé est immense entre les deux camps mais ils ont un intérêt commun à leur rapprochement. Le Hamas veut être considéré comme un interlocuteur valable par le monde extérieur (ses responsables ont remis une lettre à John Kerry à l'intention de Barack Obama, lors du passage de l'ancien candidat à Gaza ce week-end) et demande la modification des statuts de l'OLP pour y adhérer. L'Autorité palestinienne, elle, veut reprendre pied à Gaza, mais y revenir en seigneur. Mahmoud Abbas exige que le mouvement islamique adhère aux Accords d'Oslo, en clair qu'il reconnaisse Israël. Le Fatah et le Hamas peuvent-ils aplanir leurs profonds différends avant le sommet de Charm el-Cheikh ? Au Proche-Orient, les revirements les plus spectaculaires sont parfois possibles. Déjà, Hamas et Fatah ont chacun relâché des prisonniers. Et le Fatah serait prêt à admettre que la promesse du parti islamiste de reconnaître l'Etat hébreu lorsque celui-ci aurait formellement reconnu l'Etat palestinien, sera la preuve de son virage politique. On affirme aussi en Egypte que Barack Obama exerce de fortes pressions sur le Fatah pour aboutir à la réconciliation. Car si elle échoue, la communauté internationale remettra certes les fonds de la reconstruction entre les mains de l'Autorité palestinienne à Ramallah, mais les Palestiniens de Gaza risquent d'attendre longtemps avant de voir s'effacer les stigmates de la guerre et que leur quotidien s'améliore. En supposant qu'Israël ouvre les points de passage pour laisser entrer hommes et marchandises à Gaza.