L'année 2008 aura été l'une des plus riches de l'histoire des arts plastiques au Maroc. D'abord avec l'ouverture de nouvelles et prestigieuses galeries, notamment à Casablanca et Marrakech. Ensuite, la création de maisons de vente d'uvres d'art. Et enfin une avalanche d'expositions de très bonnes factures. Jamais les vernissages n'ont réuni autant de peoples, se déplaçant, écumant les galeries de différentes villes, se faisant shooter pour trôner dans les pages m'as-tu-vu des magasines spécialisés ou non. Heureusement que pour les artistes et les galeristes il n'y a pas que les jet-setters. Le marché de l'art s'est particulièrement bien porté cette année. A côté des habituels acheteurs et collectionneurs, on a vu émerger une nouvelle faune d'amateurs, excédée par la crise financière ambiante et voyant en l'art une espèce de valeur refuge. Cet engouement va-t-il se poursuivre ? Les avis sont contradictoires sauf chez les galeristes qui croient fermement en un avenir radieux. Des espaces affichent complet pour toute l'année 2009 et au-delà. On assiste au retour de toutes les valeurs sûres de l'art contemporain, mais aussi à l'apparition de nouveaux talents à la fraîcheur incontestable. Peintres, sculpteurs, photographes, installateurs , jeunes où l'ont déjà été font de ces multiples expressions le langage suprême, quoiqu'élitiste, de l'art marocain de ces derniers mois. Il y a eu Miloud Labied (disparu le 9 octobre), Bouchta El Hayani, Omar Bouragba, Mahi Binebine, Abderrahim Yamou, Saâd Hassani, Najia Mahadji, Mohamed Mourabiti, Fatna Gbouri, Mustapha Boujamaoui, Fouad Bellamine, Mohamed Abouelouakar Et puis, le must du must : un grand et fulgurant retour, celui de Hossein Tallal, après un silence d'un quart de siècle. Celui qui a fait taire son art au profit de la carrière de sa mère Chaïbia, a frappé fort avec des uvres monumentales en acrylique figurant un personnage androgyne décliné à l'envi. D'un autre coté, il y a la phénoménale percée de l'art de l'installation. On pense à Mohamed El Baz, à Faouzi Laâtiris et à Safaa Erruas. L'heureux évènement photographique est signé Touhami Ennadre, «le peintre dans le noir», le magicien du sombre. En définitive, une année plastique palpitante, hautement artistique, sérieusement lucrative.