Il y a une décennie, Abdelwahab Doukkali retournait en Algérie, après une longue absence, pour une tournée-retrouvailles. A l'annonce de son arrivée, les journaux locaux ont, dans leur majorité, titré: «Le retour du messager de l'amour». Savait-on qu'avec ce télescopage on consacrait l'un des plus grands paroliers qu'a connus le Maroc ? Hassan Moufti, disparu le 1er novembre, aura marqué plusieurs générations à travers une expression artistique plurielle, définitivement pointue. Le zajal qu'il pratiquait avec une rare dextérité a participé à l'édification de plusieurs carrières. Celles d'Abdelhadi Belkhayat, Mohamed El Hayani, Abdessalam Amer, Samira (Ben) Saïd, Abdelwahab Doukkali Natif de Tétouan, créateur boulimique et gourmet à la fois, Hassan Moufti est parallèlement un nom gravé dans la mémoire cinématographique et audiovisuelle du Maroc. Un coeur gros comme ça Au début des années cinquante, il est étudiant à l'Institut du cinéma du Caire où il élit domicile pendant une longue période. Il assiste alors de grands cinéastes égyptiens, comme Salah Abou Saïf, Youssef Chahine ou Henry Barakat. A son retour du Caire, il intègre la RTM pour laquelle il réalise émissions, téléfilms et télé feuilletons. En 1995, il est l'auteur et le réalisateur pour TVM de «Souar Dahika» avec Khadija Assad et Aziz Saâdallah. Une série de 30 épisodes de 26 minutes produite par le dramaturge Mohamed Kaouti. Le cinéma lui doit le célèbre «Doumou'e Annadam » avec le chanteur Mohamed El Hayani comme tête d'affiche. Avec ça, Hassan Moufti était un homme au coeur gros comme ça.