Par Mieille Duteil Cette semaine, le gouvernement malien a récupéré le contrôle de ses territoires du Nord perdu il y a dix ans. Dès 2003, lorsque des Algériens liés au GSPC se sont installés à Taoudeni, dans les anciennes mines de sel du Sahara. Contrairement aux attentes, le plus facile a probablement été fait. L'armée française intervenue en soutien d'une armée malienne démobilisée et peu formée, a pris possession sans se battre, des villes du Nord abandonnées par des groupes djihadistes en fuite. Il leur reste en cette fin de janvier à rentrer dans Kidal, fief des islamistes à l'extrême-nord du pays. Et après ? L'objectif d'Aqmi et de ses alliés est très probablement de se retrancher dans le massif rocheux du Tigharghar, aux confins de l'Algérie. Ils ont entrepris, ses derniers mois, de gros travaux de terrassement pour y trouver de l'eau, aménager des caches d'armes, de nourriture et des refuges pour les hommes. A Bamako, chacun affirme, paraphrasant George Bush en Irak, « qu'il faut finir le job ». En clair, aller chercher dans les grottes et les rochers, des djihadistes qui s'y sont installés depuis dix ans et en connaissent les moindres recoins. Ce ne sera pas une partie de plaisir. Qui va s'y risquer ? François Hollande a semblé dire que c'était aux Africains d'aider les Maliens à « récupérer l'intégrité de leurs territoires ». La France ne jouant qu'un rôle de soutien. En bombardant ? Probablement. On risque de se retrouver dans la situation des Américains lorsqu'ils cherchaient à s'emparer de Ben Laden en bombardant Tora Bora en Afghanistan. Une seconde question se pose déjà : celle de la réconciliation entre le Nord et le Sud du Mali. Et d'éviter les règlements de compte. Traditionnellement, les Maliens originaires du sud du pays, noirs de peau, regardent avec suspicion leurs compatriotes à la peau claire, les Arabes et les Touaregs. Quelques heures après la libération de Tombouctou, une partie de la population s'est vengée en pillant les boutiques des Arabes accusés d'être des traîtres alliés avec les djihadistes. Il n'en est rien même si les chefs des groupes armés sont des « blancs ». Mais les Arabes de Tombouctou, craignant ces débordements avaient quitté la ville dans le sillage – mais avec – des islamistes. Seconde population qui peut légitimement craindre pour elle : les Touaregs. Ils ne constituent que 15% de la population malienne, et sont vus comme les premiers responsables de tous les maux du Mali depuis trente ans. On leur reproche leurs rebellions incessantes depuis 1962, d'être rentrés de Libye avec des armes pour se mettre au service des groupes armés, et de ne pas avoir fait bénéficier leurs populations des sommes importantes que leur donnait le pouvoir central pour leur développement, et cerise sur le gâteau, de songer depuis toujours à créer un Etat indépendant. Le ressentiment des populations des régions du Sud est énorme vis à vis de la communauté touarègue. Plus qu'Aqmi. Certes, dans l'immédiat, ce ressentiment ne dépasse pas le stade de la parole. Mais les Touaregs ont peur. A Bamako, ils se cachent.