L'élection de Barak Obama à la présidence des Etats Unis changerait-elle en profondeur la politique américaine au Moyen Orient ? Si le candidat démocrate plaide pour la réhabilitation de la diplomatie, la réponse diffère en réalité selon les dossiers. L'Irak : Le candidat démocrate, contrairement à nombre de leaders de son parti, était dès le début contre l'intervention militaire américaine en Irak. En octobre 2002, il avait en effet voté, au Sénat, contre la résolution autorisant le président à engager la troupe. Sur le fonds, il n'a pas changé. Pour autant, il ne prône pas un retrait total et immédiat des forces américaines. Il estime que les Irakiens, chiites et sunnites, ont plus de chance de trouver un terrain d'entente si les Américains ne s'en mêlent pas, et plus encore s'ils savent que les Américains n'ont pas l'intention de rester. Il propose un retrait gradué à partir de la fin du mois de mars 2008. Il a répété à plusieurs reprises que les Américains n'avaient pas vocation à avoir des bases permanentes en Irak. Il ne serait cependant pas question d'un retrait total avant la fin du prochain mandat présidentiel. Resteraient sur place les troupes destinées à la protection des bâtiments et des personnels américains, celles chargées de l'entraînement de l'armée irakienne ainsi que des forces spéciales anti-terroristes. L'Iran: Comme Georges W. Bush, il affirme que tout doit être fait pour empêcher l'Iran de se doter d'une arme nucléaire. Comme lui, il s'interdit d'exclure l'usage de la force. Mais il entend privilégier la voie diplomatique et prône l'ouverture de négociations directes avec Téhéran, ainsi que le durcissement de la politique des sanctions, en concertations avec la communauté internationale. Le conflit israélo-palestinien: Barak Obama est sans aucun doute plus sensible au drame des Palestiniens que l'actuel président, ou encore le candidat républicain. Mais il n'est pas sûr qu'il infléchisse la politique américaine autant que l'espèrent les Palestiniens. Il s'est surtout jusqu'ici efforcé de rassurer l'électorat juif en rappelant l'engagement des Américains à défendre la sécurité d'Israël « notre meilleur allié et la seule démocratie dans la région ». Lors de sa tournée au Proche Orient, il n'est resté qu'une heure avec le président Palestinien Mahmoud Abbas Dans l' hypothèse où il serait élu il devrait cependant s'engager davantage que son prédécesseur sur ce dossier. Avec une démarche qui pourrait rappeler celle de Bill Clinton. Nombre de ses conseillers Daniel Shapiro, Anthony Lake, Susan Rice ou Dennis Ross- sont d'ailleurs d'anciens collaborateurs de Bill Clinton. La lutte contre le terrorisme : Sur ce dossier là, il ne faut pas s'attendre à ce que le candidat démocrate, devenu président, baisse la garde, bien au contraire. Obama prévoit même d'augmenter les effectifs de l'armée. Il affirme surtout vouloir mettre en place une vaste alliance anti-Al Qaida, « de Djibouti à Kandahar », sur le modèle de celle de l'Occident contre le communisme pendant la guerre froide. Il a déclaré à plusieurs reprises que la lutte contre le terrorisme pouvait justifier l'usage unilatéral de la force et laisser entendre que, lui à la Maison Blanche, les forces américaines pourraient intervenir dans les zones tribales pakistanaises, frontalières de l'Afghanistan, sans nécessairement avoir le feu vert d'Islamabad. Barak Obama est de ceux qui pensent que c'est en Afghanistan que se joue, pour l'essentiel, le combat contre Al Qaida. Il devrait augmenter l'effort de guerre américain dans ce pays, en utilisant sans doute les troupes retirées d'Irak. Lors d'un récent colloque réunissant des Américains et des représentants du monde arabe au Qatar, un sondage parmi les présents avait donné un très large avantage à Barak Obama. Il est sans doute assez naturellement le candidat préféré des opinions arabes. Mais gare aux illusions