Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est inquiété lundi de l'impact des prix élevés de l'alimentation sur le développement, à l'ouverture du sommet du G8 au Japon. « Le niveau élevé des prix de l'alimentation est en train de ronger les acquis réalisés dans le domaine du développement », a prévenu Ban Ki-moon au sommet des huit puissances les plus riches (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni, Russie) réunies à Hokkaïdo. Le Secrétaire général a appelé les dirigeants mondiaux à agir sur toute l'étendue des besoins actuels, en fournissant une assistance alimentaire, des semences, des engrais, ainsi qu'à s'engager dans l'investissement agricole à long terme, à lever les restrictions à l'exportation et les droits sur les biens agricoles, notamment à des fins humanitaires et à réduire les subventions dans les pays en développement. Ban Ki-moon a insisté sur le lien existant entre le changement climatique -- qui fait déjà sentir ses effets à l'heure actuelle - et l'insécurité alimentaire, notamment en Afrique où la majorité du continent subit une sécheresse et la modification des schémas climatiques connus. Prenant la parole à ses côtés lors d'une conférence de presse, le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a appelé à accroître le financement du Programme alimentaire mondial (PAM). Le PAM a besoin d'environ 3 milliards de dollars par an sous forme de contributions volontaires. « Cette année ce sera plutôt entre 5 et 6 milliards », a dit R. Zoellick, évoquant la création d'un mécanisme pour financer le PAM sans procéder chaque année à un nouvel appel à contributions. Robert Zoellick a estimé à environ 3,5 milliards de dollars le coût des besoins à court terme dans le domaine agricole dans 50 pays, que la communauté internationale devra financer. Enfin, il a fustigé les restrictions aux exportations de produits agricoles et les taxes sur les produits agricoles achetés par le PAM à des fins humanitaires. Rappelant que 26 pays exportateurs de produits agricoles ont maintenu ou introduit de telles mesures, il a appelé l'Assemblée générale des Nations Unies à voter en septembre une résolution éliminant les restrictions imposées au PAM. Le président de la Banque mondiale a par ailleurs appelé les Etats-Unis et l'Union européenne à réduire leurs subventions agricoles, ainsi que les taxes destinées à subventionner les bio-carburants, notamment ceux à base d'oléagineux. Il a enfin insisté sur la marge importante qui existe pour améliorer les méthodes de production agricole en Afrique, où 4,9% des terres seulement sont irriguées (contre 40% en Asie du Sud-Est), et où 11% seulement de l'Afrique Sub-Saharienne utilise des graines améliorées, contre 55% en Asie et 48% au Moyen-Orient.