A la veille du premier jour du nouvel an berbère 2971, fêté chaque 13 janvier, les appels se multiplient pour officialiser sa célébration et décréter cette date comme jour férié. Par Hayat Kamlal Idrissi
« Assougass mbarki », « Bonne année », « sana amazighia saïda », « Happy Yennayer »... Les murs des réseaux sociaux se sont parés ces derniers jours des vœux du nouvel an berbère. Un véritable engouement pour la fête traditionnelle marquant le début de l'an agricole au Maroc mais également dans les autres pays de l'Afrique du nord. Yennayer, Hagouza, Hwadez... les appellations diffèrent selon les régions, mais la fête garde sa forte symbolique en réunissant amazighs et arabes autour d'un événement très apprécié et surtout très spécial. Identité
Sur les réseaux sociaux, les appels se sont multipliés pour la célébration officielle de Yennayer entant que fête nationale. « C'est une fête purement marocaine, issue de notre héritage culturel et de notre identité amazighe. C'est tout à fait normal qu'elle soit célébrée et avec la plus grande fierté », écrit Sliman Mahmoud en réponse à la fatwa du prédicateur Abdelatif Al Maghrebi. Ce dernier à l'instar du très controversé Cheikh Hassan Kettani affirme que cette fête « païenne » est « haram ». Dans un tweet polémique, ce dernier indique « qu'il est proscrit de fêter le nouvel an amazigh pour tout musulman croyant en Dieu et suivant les préceptes du prophète ». Une fatwa qui a été très mal accueillie en provoquant une large vague d'indignation. La position du mufti salafiste n'a d'ailleurs pas affecté l'enthousiasme des « yennaristes » qui ont redoublé de véhémence dans leurs multiples appels à l'Etat marocain pour reconnaitre cette importante composante de l'héritage civilisationnel de notre pays. « Il faut reconnaitre cette fête comme le sont déjà celles des calendriers musulman et grégorien. Ce ne sera que la concrétisation des prérogatives de la Constitution de 2011 », argumente le jeune militant. Rappelant qu'en 2018, l'Algérie voisine a décrété jour férié le Nouvel an berbère. Une première d'ailleurs non seulement pour l'Algérie mais pour tous pays nord-africains, connus par leur composante identitaire amazighe. Malgré ses origines berbères, Hagouza est une tradition agricole commune entre Arabes et Amazighs marocains. Redécouverte
Si certains historiens affirment que le début du calendrier amazigh correspond à l'arrivée au pouvoir d'un monarque berbère lors de la 22e dynastie pharaonique, Yennayer est lié surtout au moment de répit des agriculteurs après le dur labour et l'éclosion des premières semences. Un évènement à fêter avec la famille en toute convivialité avec comme point central la gastronomie. Au Maroc, les habitudes et les traditions liées à Hagouza ou hwadez diffèrent selon les régions mais ont un point commun : Bien manger ce jour là pour que toute l'année soit prospère et fertile. Couscous aux sept légumes, poulet rôtis et dinde, blé concassé au lait et au miel, tchicha, œufs et fruits secs... le 13 janvier est un jour de faste et la table est bien garnie pour le bonheur de la grande famille réunie pour commencer l'année dans la joie et la bonne humeur. Un peu délaissée auparavant, Hagouza a retrouvé ces dernières années sa forte symbolique et son attrait auprès des marocains que ça soit en ville ou dans les campagnes. Les réseaux sociaux ont joué également un rôle dans la redécouvertes par les jeunes de leur culture première.