SYRIE Alors que Bachar Al-Assad écrase Homs sous les bombes, le soutien de la Russie et de la Chine à Damas favorise l'internationalisation qu'elles prétendent vouloir éviter. Bachar Al-Assad reste visiblement persuadé que la révolution est soluble dans la violence et la torture utilisée comme arme de destruction massive. La pluie de roquettes et d'obus qui s'abat sans répit depuis vingt jours sur Homs, le fief de l'insurrection, se poursuivait – mais avec plus d'intensité – en milieu de semaine. Au moment où la contestation gagne pour la première fois Damas et Alep, le régime cherche à reprendre aux insurgés de l'Armée syrienne libre (ASL) le quartier sunnite de Bab Amro, dont plus de la moitié des 100.000 habitants auraient fui. Le mouvement d'une soixantaine de chars sur la route Damas- Homs, le pilonnage de deux autres quartiers de cette ville martyr et le déploiement de blindés à Inchaat, un quartier contigu de Bab Amro que survolent des avions : tout indique que Bachar Al-Assad s'apprête à lancer un assaut final sur la ville. Signe qui ne trompe pas : l'opposition demande une évacuation des femmes et des enfants de cette zone où les hôpitaux de fortune construits à la hâte ne sont plus que ruines, tandis que la Croix rouge internationale tente de négocier une trêve de deux heures par jour avec Damas pour acheminer son aide à une population privée de tout. «Force d'occupation» Tout se passe comme si le régime, conscient de n'avoir plus les forces suffisantes pour «traiter» plusieurs fronts à la fois, voulait mater Homs pour se concentrer sur Damas et Alep au cas où… Les progrès de l'ASL, en dépit de son hétérogénéité et de son manque de moyens, l'inquiètent en effet au plus haut point. Ses combattants – des déserteurs de l'armée et des civils armés – sont passés de l'«artisanat» à une réelle organisation. Ils ne se contentent plus de protéger les manifestations contre les snipers qui tirent sur tout ce qui bouge, vieillards, femmes et enfants compris, et contre les chabiha, les miliciens recrutés essentiellement dans les milieux alaouites par le régime. Ils multiplient les embuscades, mènent des représailles contre des cibles militaires, contrôlent des quartiers ou des axes routiers et échangent ou… recrutent les soldats qu'ils capturent. «L'armée syrienne peut entrer dans un village ou un quartier mais elle ne peut le tenir longtemps face au harcèlement des insurgés et au fait que ses troupes sont désormais perçues comme des forces d'occupation. Nulle part, on ne voit le régime réinstaurer durablement son contrôle. La force de l'ASL, c'est d'être en osmose avec une partie importante de la population qui l'héberge et la nourrit. C'est ce qui est nouveau depuis décembre», explique un expert occidental basé à Damas impressionné par «la profondeur de l'enracinement du mouvement populaire». Pas d'articles associés.