Voici l'intégralité de l'interview : Smyet bak ? Saïd Taoussi. Smyet mok ? Fatima. Nimirou d'la carte ? G24232. Ça vous fait quoi d'être un “héros national" ? (Rires) Je suis très content. C'était un rêve de pouvoir devenir sélectionneur. J'espère que tout cela va durer et que l'équipe du Maroc retrouve son meilleur niveau. Vous devez avoir un emploi du temps de ministre, non ? Oui, je suis très sollicité mais ça va se tasser d'ici quelques jours, et le travail doit reprendre. Je sais que j'ai du pain sur la planche. Faites-nous rêver Si Taoussi. Promettez-nous la lune, une victoire en phase finale de la Coupe d'Afrique des nations (CAN)... Ecoutez, nous allons essayer de passer le premier tour, chose qui n'a pas été réalisée depuis 2004. On verra pour le reste. Mon objectif est de mettre en place une équipe solide et efficace pour les prochaines échéances, le Mondial 2014 et surtout la CAN, que notre pays organise en 2015. En Afrique du Sud, le Maroc jouera dans le même groupe que le Cap Vert, l'Angola et l'Afrique du Sud. Facile ? Rien n'est facile, croyez-moi. Je me concentre sur la préparation physique et mentale de l'équipe. Je me fiche des adversaires que nous avons en face. Nous n'avons peur de personne, il faut juste être prêt à 200 %. Les joueurs qui font partie du “star system" et qui gagnent des millions, un peu à la Younes Belhanda, ça vous intimide ? Honnêtement, je ne vois qu'un footballeur sur le terrain, un joueur que je dois guider et sa stature de star m'importe peu. Je suis le coach et les joueurs doivent respecter mes choix, même à tort. C'est tout. Pendant la mi-temps de Maroc – Mozambique (4-0), qu'avez-vous dit à vos joueurs pour les booster ? J'ai laissé passer deux minutes de silence complet, puis j'ai fait un long speech pour motiver les troupes. Franchement, le Mozambique n'était pas vraiment un foudre de guerre... Ils nous ont quand même battus à l'aller (2-0) et nous ont longtemps tenus en échec au retour, à Marrakech. C'était tout sauf évident... On les a eus à l'usure. On a gagné et on va en Afrique du Sud. C'est le plus important. Y a-t-il un syndrome du 4–0 à Marrakech (bien avant le Mozambique, le Maroc avait battu l'Algérie sur le même score) ? Non, c'est juste le football. Le contexte du match contre l'Algérie était différent. Maintenant, il y a de nouvelles choses qui se mettent en place. Il faut regarder l'avenir et mettre en place une équipe compétitive. Vous avez déclaré que le discours royal devant le parlement vous a beaucoup inspiré lors de ce match. Etonnant de votre part... En fait, le roi utilise toujours des versets coraniques pour encourager les gens à donner le meilleur d'eux-mêmes. J'ai l'habitude de m'en inspirer pour galvaniser mon équipe, et je vous assure que certains joueurs en ont la chair de poule. Vous avez lancé des Allah Akbar à la fin du match : c'est le jihad avec le ballon rond ? Il ne faut rien exagérer. C'est le vertige et l'excitation du moment, j'étais comme dans un rêve. Sur une photo, on vous voit embrasser la main d'Ali Fassi Fihri, président de la Fédé. Etes-vous proches de lui à ce point ? Je n'ai pas le souvenir de lui avoir embrassé la main, et je n'en vois pas la raison... Mais c'est quelqu'un qui a beaucoup fait pour la Fédération, même si les mauvais résultats de l'équipe l'ont mal récompensé. Notre qualification lui a rendu hommage. Est-il vrai que vous étiez annoncé en équipe nationale deux mois avant la nomination officielle du sélectionneur ? Absolument pas. En vérité, l'équipe nationale, j'y pense depuis deux ans. Je m'étais préparé mentalement. Je savais déjà avec qui et comment travailler pour reconstruire l'équipe et obtenir des résultats. Mes propos ont été déformés. Comment allez-vous manager les FAR, dont vous êtes aussi l'entraîneur, et les Lions en même temps ? Je pense que c'est dans mes cordes. Aux FAR, j'ai un staff de qualité qui connaît son rôle par cœur. Avec la sélection, il y a beaucoup de travail, mais c'est ponctuel. Je pense pouvoir porter les deux casquettes facilement, surtout que j'ai de bonnes relations avec les patrons des deux équipes. Après le match contre le Mozambique, vous avez reçu un coup de fil du général Housni Benslimane. Que vous a-t-il dit ? Il était ému et m'a beaucoup encouragé. Cet homme a toujours cru en moi. Quelle est la nature de votre relation avec le général ? C'est un second père pour moi. C'est un grand monsieur, qui m'étonnera toujours par sa sagesse et sa profonde connaissance des choses. Est-ce que Abdelilah Benkirane vous a félicité, lui qui voulait Baddou Zaki comme sélectionneur ? Non, mais je ne suis pas rancunier. Baddou Zaki n'était pas très content de votre nomination. Pouvez-vous dire du mal de lui ? Même pas en rêve. Il y a encore quelques jours, on s'est rencontrés lors du Salon du cheval d'El Jadida. Nous avons organisé un dîner avec nos familles respectives. On continue à se concerter sur tout. Par ailleurs, j'ai été honoré par les gens d'El Jadida qui m'ont offert un cheval à l'occasion de ma visite. Allez-vous revendre votre cheval ou le monter ? (Rires) Je vais le dresser d'abord. Ensuite, je vais me mettre à l'équitation, il y a un centre équestre juste à côté de chez moi, à Skhirat. Vous êtes l'entraîneur marocain le plus cher de l'histoire. Comment dépensez-vous vos 580 000 DH mensuels et allez-vous demander une révision de salaire ? Je laisse le soin aux supporters de fixer mon nouveau salaire en fonction du mérite et des résultats. Vous êtes un homme pieux : que lisez-vous à part le Coran ? Je lis beaucoup de livres sur la physiologie. A la base, c'est mon domaine. Je lis aussi des bouquins sur la finance et le management pour pouvoir partager des choses avec mes enfants qui étudient à l'étranger. Il faut rester à la page avec les jeunes, sinon vous êtes vite dépassé. Vous avez connu le succès avec le Moghreb de Fès. Etes-vous ami avec son maire, Hamid Chabat ? Oui. Et c'est normal, j'ai passé de belles années à Fès. J'aime bien le côté battant de Chabat. Vous ne seriez pas adepte du soufisme par hasard ? Non. Je suis musulman, point barre.