La pression est à son summum à quelques jours de la rencontre opposant les Lions de l'Atlas à la sélection centrafricaine dans le cadre de la 5ème et avant dernière journée des éliminatoires de la Coupe d'Afrique des Nations 2012. Emmenés par l'expérimenté capitaine de la sélection centrafricaine, Eloge Enza-Yamissi (28 ans)... Les Marocains sont prévenus, la rencontre face à la RCA ne sera pas une partie de plaisir, d'autant plus que les hommes d'Eric Gerets seront privés de trois pièces maîtresses, à savoir Marouane Chamakh (suspendu), Adil Hermach (forfait), et Ahmed Kantari (convalescence). Eloge Enza-Yamissi, défenseur troyen (Troyes – France), livre ici l'état d'esprit de ses troupes à quelques jours du choc du groupe D des éliminatoires de la CAN 2012. Entretien... A quelques jours de la rencontre Centrafrique-Maroc, y a-t-il réellement besoin de s'inquiéter sur un probable forfait en vue de cette rencontre choc? Absolument pas, puisque je dois reprendre le chemin des entraînements à compter de cette semaine. Et je devrais être opérationnel pour le prochain match de championnat face au Stade Lavallois, vendredi prochain, à l'occasion de la 5e journée de Ligue 2. A quelques jours de la rencontre fatidique face au Maroc, dans quel état d'esprit êtes-vous? C'est vrai que j'y pense un petit peu, mais la priorité est au championnat. On y pensera en temps voulu. Mais on est très serein avant d'affronter le Maroc, on sait ce qu'il nous reste à faire. Un autre résultat que la victoire compliquerait sérieusement nos chances de qualification. C'est un miracle qu'on soit arrivé à ce stade à égalité de points avec la sélection marocaine à deux journées de la fin des éliminatoires. Personne n'aurait misé une pièce sur nous avant le début des éliminatoires, d'autant plus qu'avant de rencontrer le Maroc en septembre 2010, le groupe centrafricain ne se connaissait pas du tout. Je tiens à préciser tout de même que si on est actuellement premier ex-aequo avec le Maroc, ce n'est pas le fruit du hasard, mais plutôt dû à notre talent et notre volonté de réussir. En match de préparation, la RCA s'est inclinée en amical face à Malte sur le score de deux buts à un. Comment expliquer cette déconvenue? Il ne faut pas trop se fier à ce résultat, puisque de nombreux joueurs manquaient à l'appel. Le sélectionneur a testé de nouveaux joueurs. D'ailleurs, moi-même je n'ai pas participé à cette rencontre. En cas de victoire face au Maroc, le 4 septembre prochain, la RCA sera tout proche de se qualifier à la toute première Coupe d'Afrique des Nations de son histoire. Vous y pensez déjà? C'est certain que tout le monde pense à ce match. Pour les Centrafricains, cette rencontre face au Maroc équivaut à une finale de Coupe du Monde. Pour décrocher une qualification historique en Coupe d'Afrique des Nations, on devra sortir le match parfait face aux Marocains. Car, ce match à Bangui sera tout autre que celui disputé en septembre 2010 face au Maroc. Quel est votre ressenti sur ce choc qui opposera les deux premières équipes du Groupe D? Ça sera un match très difficile pour le Maroc, la pression reposera sur les épaules des Marocains. C'est une grande nation au niveau africain. En cas de défaite, ce serait terrible pour le football marocain, car le Maroc ne disputera pas la prochaine CAN. Tandis que nous, on sera devant notre public, nous n'avons rien à perdre. Et ça sera notre force. En cas de mauvais résultat, ça ne sera pas autant catastrophique que ça. Nous aurons beaucoup moins la pression que les Marocains. La dernière défaite de la République Centrafricaine sur ses terres remonte au 6 juillet 2003, les Centrafricains s'étaient inclinés à Bangui face au Burkina Faso, sur le score de trois buts à zéro. C'est dire à quel point votre équipe est difficile à manœuvrer à domicile! Exactement. La ferveur des supporters centrafricains dans le stade est incomparable avec celle des marocains par exemple. C'est ce qui nous aide à nous transcender sur le terrain. C'est en grande partie grâce à nos supporters que les équipes adverses ont du mal à chercher un bon résultat à Bangui. La pression est telle, que les équipes adverses ont tendance à craquer facilement. Mais, pour ce match on reste tout de même outsider, c'est le Maroc qui est favori. Espérons tout de même que les conditions soient réunies pour que l'on assiste à un beau match de football! Tout à fait. On essayera de parler au président de la fédération pour que cette rencontre face au Maroc soit une fête du football. Et que cette opposition se passe dans de bonnes conditions. La pelouse de Bangui est loin d'être un billard. On fera notre possible pour que l'état de la pelouse soit correct, car pour nous Centrafricains, jouer sur un terrain en bon état nous avantagerait fortement. Notre jeu est basé sur la rapidité, et on pratique un jeu au sol. A la désignation de l'arbitre d'origine tunisienne, M. Jedidi Slim, qui aura la lourde tâche d'officier la rencontre RCA-Maroc, de nombreux supporters centrafricains sont montés au créneau, prétextant une machination orchestrée par la CAF. Quel est votre point de vue à ce sujet? Si la Confédération Africaine de Football (CAF) a désigné cet arbitre pour cette rencontre à enjeux, c'est certainement qu'elle a jugé nécessaire de le désigner puisque c'est une rencontre très importante pour les deux équipes. Peu importe l'origine de l'arbitre tant que celui-ci est juste et correct. Admettons que le Maroc remporte la rencontre justement se reposant sur la qualité de son effectif, je serai le premier à les féliciter. Mais je ne pourrais accepter qu'une équipe soit plus avantagée qu'une autre. On demande simplement à l'arbitre d'être impartial, et c'est son boulot. Ça reste un match de football, c'est loin d'être la guerre, surtout que je connais quelques joueurs marocains. Qu'a apporté le technicien Français Jules Accorsi à la tête de votre sélection, au groupe centrafricain? Il a apporté énormément à l'équipe centrafricaine, notamment d'un point de vue tactique. C'est un point très important car pour rivaliser avec des grandes nations du football africain, tels que le Maroc ou l'Algérie, il faut être très bon tactiquement. Que pensez-vous du niveau actuel des Lions de l'Atlas, après leur nettes victoires face à l'Algérie et en amical face au Sénégal? Je pense que depuis l'arrivée de M. Eric Gerets, le groupe marocain a engrangé énormément de confiance et de sérénité contrairement lors du match aller à Casablanca, où j'avais ressenti que l'équipe du Maroc était beaucoup moins sereine. Le groupe marocain est plus solide et mieux organisé, à l'image de la prestation réalisée face à l'Algérie, où les Marocains ont montré de très bonnes choses sur le terrain. Individuellement, le Maroc possède de grands joueurs techniques évoluant dans les plus grands championnats au monde. En tant que capitaine, quel sont selon vous les points forts de la sélection centrafricaine? C'est avant tout la ferveur de nos supporters, lorsqu'on évolue à domicile. Dans toute ma carrière, je n'ai jamais vu une telle ferveur et une telle ambiance dans un stade de football, c'est vraiment impressionnant. On a également des joueurs capables de faire la différence à tout moment. Et enfin, on a une très grande motivation et détermination à se qualifier à notre première Coupe d'Afrique des Nations de l'histoire du pays. A contrario ses points faibles? On manque un peu de concentration, il faudrait qu'on travaille davantage sur ce point. Un pronostic? (Rires) Deux buts à zéro pour la République Centrafrique. Surtout que Marouane Chamakh sera absent lors de cette rencontre. C'est en quelque sorte la tour de contrôle au front de l'attaque marocaine. Comme je l'ai toujours dit, cette rencontre face au Maroc est avant tout un match de football. Il faut que ce soit une fête du football, et que le meilleur l'emporte.