A 23 ans, Karim El Mourabet a été freiné dans sa carrière professionnelle. Au chômage depuis juillet dernier et la fin de son contrat avec le FC Nantes, l'international marocain se languit aujourd'hui de retrouver le goût de la compétition. L'ancien Bleuet dispose actuellement de quelques touches et espère pouvoir rebondir rapidement après une période délicate dans l'anonymat de l'Assedic. ------------------------------------------------------------------------ Football.fr: Karim, quand avez-vous su que vous vous retrouveriez chômeur en juillet lorsque vous étiez au FC Nantes? Karim El Mourabet: En fait, je ne l'ai jamais vraiment su. Les dirigeants ne m'ont jamais rien dit en fait. Je n'ai jamais eu de discussion avec le président, le directeur sportif ou l'entraîneur, pour la simple et bonne raison que, pour qu'il y ait discussion, il faut qu'il y ait disposition des deux côtés. En face, je ne sentais rien. La saison dernière, avec Jean-Marc Furlan, on me faisait confiance et lui voulait me prolonger. Il a été viré trois mois plus tard, je n'ai plus joué avec Baptiste Gentili. J'ai eu l'occasion de discuter avec lui, il m'a dit que j'étais un bon professionnel, qu'il appréciait mon comportement car je ne cherche pas à faire de vague, je travaille dans mon coin, mais cela n'a rien changé à ma situation. "Entre 2.000 et 3.000 euros par mois" Ne croyez-vous pas que vous avez simplement payé le principe de dégraissage adopté par le FC Nantes? Si, c'est exactement ça. De toute façon, je suis arrivé dans la mauvaise période du FC Nantes et, quand on est un jeune joueur, c'est d'autant plus difficile de se faire connaître quand votre club est complètement instable. Le plan de carrière en prend un coup... En six saisons passées là-bas, j'ai dû connaître dix entraîneurs, des actionnaires différents, des présidents au nombre de trois il me semble... Sur le plan sportif, lors de ma première saison, on a failli descendre, on est tombé en Ligue 2 l'année suivante, il y a eu le feuilleton Barthez, puis toutes les histoires que l'on connaît... Et là, le club est dans une politique de dégraissage alors ils évitent autant que possible de prolonger les contrats qui se terminent. Et depuis, vous n'avez pas réussi à vous relancer ailleurs... Oui, j'ai eu beaucoup de touches, pas mal de contacts en France et en Europe mais, pour des raisons diverses, rien n'a jamais abouti. J'ai passé plus d'un mois à l'essai dans un club israélien l'été dernier mais on ne s'est pas entendu pour le contrat. J'ai aussi failli signer à Colmar, en National, mais la DNCG n'a pas permis de concrétiser les choses. J'ai été en Bulgarie, dans un petit club de première division, mais je n'ai pas voulu signer car cela m'a paru trop "mafieux". Mais, même si je ne suis plus sous contrat depuis cinq mois, je m'entretiens, j'ai un préparateur physique personnel, je profite des installations d'Orléans, qui est en CFA, et j'attends de trouver une belle opportunité. Le quotidien d'un chômeur dans le football professionnel, ça ressemble à quoi? Ce n'est jamais facile et, au début, j'ai à la fois bien et mal vécu cette situation. Ma chance, c'est que je suis très bien entouré. J'ai des parents exceptionnels, des frères et soeurs qui sont présents aussi et puis, je ne perds pas espoir car le téléphone continue de sonner. J'ai des pistes intéressantes en Turquie actuellement et j'ai bon espoir. Mais il ne faut pas croire que le football professionnel, c'est uniquement Cristiano Ronaldo et toutes ces stars. Moi, mon indemnité de chômage oscille entre 2.000 et 3.000 euros. Je sais que c'est déjà beaucoup d'argent car je n'ai pas oublié d'où je viens et je connais la valeur de l'argent, mais on est bien loin des millions d'euros qui sont brassés tout en haut de l'échelle. Et l'immense majorité des footballeurs est dans ma situation. Il ne faut pas croire que notre monde se résume aux stars. Elles, elles gagnent beaucoup d'argent, c'est tant mieux pour elles, mais ce n'est que la partie visible de l'iceberg. "J'étais avec Gourcuff et "Lass" en Espoirs" Craignez-vous pour la suite de votre carrière? On y pense, forcément, mais je suis de nature optimiste et, dans mon éducation, on m'a appris qu'il ne fallait jamais rien lâcher. Je n'abandonnerai pas et j'ai faim. J'ai envie de jouer, peu importe où, retrouver la saveur de la compétition, l'ambiance des vestiaires, ... Je suis jeune, je n'ai que 23 ans, je suis encore dans ce milieu avec l'envie d'apprendre. Je viens d'un milieu social pas forcément très facile, on ne m'a jamais rien donné, je sais ce que peut représenter le mérite. Êtiez-vous préparé à affronter une telle situation? Quand on est un jeune joueur, qu'on signe son premier contrat professionnel dans son club formateur, on sait que tout cela existe, mais on n'est jamais vraiment préparé à faire face. Mais encore une fois, j'ai été bien entouré quand il le fallait et je n'ai pas perdu la motivation. Je pense que, quand on a 35 ans, qu'on est en fin de carrière, on ne vit pas les choses de la même façon, on est peut-être moins dans l'urgence. Moi, il y a quelques temps encore, j'ai été appelé en équipe de France Espoirs avec Yoann Gourcuff ou Lassana Diarra. J'ai aussi une sélection nationale avec l'équipe du Maroc. Les Lions de l'Atlas me manquent affreusement, je meurs d'envie d'y retourner... Mais il faut que je trouve un club rapidement. En l'état, pensez-vous que votre situation puisse se débloquer rapidement? Oui, je pense que d'ici la fin de l'année 2010, j'aurai signé un nouveau contrat. Je l'espère en tout cas. Je discute régulièrement avec pas mal de monde en France mais mes contacts en Turquie sont assez avancés. On va voir ce que tout cela va donner. En tout cas, j'attends que cela se décante avec impatience. Jouer en Russie, aux Pays-Bas, peu importe où on me donnera ma chance, si les structures du club sont saines, tout comme l'entourage, alors je répondrai présent.