Le média britannique BBC a publié ce mercredi une enquête levant le voile sur le degré de corruption présent dans le football algérien, révélant notamment que le coût pour arranger une victoire dans un match de championnat s'élève à l'équivalent de 50.000 livres sterling (près de 8 millions de dinars). L'enquête de la BBC se base sur trois années d'investigations s'intéressant aux premières divisions du championnat algérien, durant lesquels le média britannique a recueilli les témoignages de plusieurs intermédiaires, joueurs actuels ou retraités, des arbitres, des initiateurs et des victimes de corruption. Le résultat révèle le caractère systémique et systématique de la corruption dans le football algérien. Une corruption ayant été autorisée à fleurir par les autorités à tous les niveaux. « Il est très facile d'arranger un match en Algérie », a expliqué un arrangeur de match. Selon un ancien haut responsable de la FIFA, « le football algérien a peut-être déjà atteint le point de non-retour ». La corruption dans le football national serait tellement courante qu'il existerait une liste des prix quasi-officielle connue de tous les arrangeurs de matchs. Ainsi, pour la Ligue 1, il faudrait payer un minimum d'un million de dinars pour bénéficier d'un pénalty en faveur de son équipe. Bénéficier d'un match nul coûterait le double. Le prix à payer pour une victoire et les trois points en première division dépasserait les 50.000 livres sterling, affirme le média britannique. Les coûts pour arranger un match augmentent quant à eux à l'approche de la fin de la saison, lorsque le sort des équipes est sur le point d'être fixé. La corruption ne concernerait pas seulement la première division. La deuxième division et même les catégories jeunes seraient également concernées par la corruption systémique. « Nous savons qui sont les corrupteurs, mais personne ne fait rien », affirme à la BBC un ancien haut responsable de la FAF. « C'est un problème politique, et lorsque les politiciens interfèrent dans le football, c'est la fin », ajoute-t-il. Informée de l'enquête de la BBC, la FIFA a affirmé « prendre le problème des matchs arrangés très au sérieux » et a indiqué être « en train de s'intéresser à la question et à recueillir des informations supplémentaires ». Les comités d'éthique et les comités disciplinaires de la FIFA auraient notamment ouvert un dossier sur la corruption du football algérien. Interrogé par la BBC, le président de la FAF Kheirredine Zetchi a tenté de se justifier en affirmant que « les faits auxquels la BBC se réfère concernent une période durant laquelle l'actuel Bureau Fédéral n'était pas en place », c'est-à-dire mars 2017, lorsqu'il a été élu. La BBC précise que son enquête a concerné les saisons 2015/2016, 2016/2017 et 2017/2018.