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Fayçal Fajr : de Rouen à la Liga
Publié dans Lions De l'Atlas le 16 - 02 - 2018

International marocain surdoué, Fayçal Fajr détient par ailleurs le record du nombre de passes décisives sur une saison en Ligue 2. Un record sur le point d'être pulvérisé par le havrais Zinédine Ferhat.
Entretien - Fayçal Fajr avec Bertrand Queneutte :
BQ : Le record est en passe de tomber. Pas trop déçu ?
FF : Les records sont fait pour être battus. Moi, je souhaite le bien à tout le monde, et je souhaite à Zinédine Ferhat de battre le record et même d'en mettre 25 s'il faut.
BQ : Comment avez-vous fait, à l'époque, pour en mettre 15 ?
FF : Au départ, ce n'était pas un objectif. Mais quand tu commences à marquer et à faire des passes, il y a un petit challenge qui naît entre joueurs. On se demande quel joueur va marquer le plus ou faire le plus de passes. Tu rentres dans un petit engrenage. C'est comme meilleur buteur, quand tu marques tu as envie d'en marquer encore et encore. Tu as envie d'avoir le record. C'est une spirale positive. Mais encore une fois, mon objectif premier cette année-là, c'était de faire monter le club en Ligue 1. Remporter le titre de meilleur passeur, ça fait plaisir, mais à aucun moment je n'ai fait passer l'individuel avant le collectif.
"Je lui souhaite de battre le record"
BQ : Ce record a-t-il été un tremplin, en fin de saison ?
FF : Bien sûr. Cela t'ouvre d'autres portes. Dans le football, les statistiques sont très importantes. Moi, cela m'a ouvert les portes du championnat espagnol.
BQ : Cette fameuses saison 2013/2014, vous avez notamment délivré de nombreuses passes à Mathieu Duhamel (6). Il y avait une véritable complicité entre vous ?
FF : Oui, sur le terrain et en dehors. Lui et moi, on s'entendait très bien. On est de la même ville. Je savais exactement où il voulait que je lui transmette le ballon. C'est très important. Et c'est ce qui a fait qu'il a su marquer plusieurs buts et moi délivrer plusieurs passes. Cela nous a permis de remporter les deux trophées.
"Mathieu et moi, on s'entendait très bien"
BQ : Mathieu est ensuite passé au HAC et à QRM, entre autres. Il a laissé un souvenir mitigé. On lui a collé une étiquette de joueur caractériel. Vous comprenez ?
FF : Dans le foot, si tu n'as pas de caractère, on te marche dessus. Et quand tu en as, ça ne plait pas. Mathieu, il est caractériel. Mais comme plein de joueurs. Moi aussi je le suis. Mais c'est un gentil garçon, jamais il n'a été méchant. Son caractère fait que c'est un gagneur, un bosseur. Il est comme moi. Tous les deux, on a réussi tardivement, on est rentré très tard dans le monde pro. Avant, on a trimé, on a galéré, on a travaillé. On est passé par toutes les étapes : de la PH à la CFA, en passant par la DH, la DHR. Ce n'est pas un emmerdeur. A Caen ou au Havre il a eu des problèmes, mais il y en a partout des problèmes.
" A Caen, on m'a dit : tu pars ! Je n'ai toujours pas compris pourquoi"
BQ : Vous avez le sentiment qu'on vous a collé la même étiquette ?
FF : A Caen, ça a été pareil pour moi, l'année du record. Lui, ça a été l'année d'après. Moi, encore aujourd'hui, je n'ai pas compris pourquoi j'étais parti de Caen. J'aurais bien aimé savoir. Un joueur qui te met 8 buts et 15 passes décisives, qui a des stats, qui te fait monter en Ligue 1 et qui fait une grosse saison, pourquoi tu ne le gardes pas ? Pourquoi ? Donne moi des raisons. Je suis parti en mauvais terme, et je ne sais pas pourquoi. On a parlé de mon caractère, ou du fait que soit disant je n'acceptais pas la concurrence. C'est faux. S'ils avaient su comment j'étais vraiment à l'intérieur, ils n'auraient pas dit tout ça. C'est pour ça que c'est important de chercher à savoir ce qu'un joueur ressent vraiment au fond de lui. Mais moi, on m'a juste dit « tu pars ». Mon père m'a dit : « Tu as vu comment ils t'ont jeté. Si tu es mon fils, tu ne retournes pas au Havre »
BQ : Avant cela, vous êtes passé par plusieurs clubs normands, et notamment le HAC. Pourquoi n'avez-vous pas percé au Havre ?
FF : C'est simple. A l'époque, j'avais douze ans et je jouais à Petit-Quevilly. J'ai été recruté par le HAC, club professionnel. Je suis parti loin de ma famille. Certains y arrivent, d'autres non. Moi, je suis très proche de ma famille et je n'ai pas réussi. Avec le recul, je me dis que je n'étais quand même pas très loin d'elle, mais j'avais l'impression d'être à l'opposé. Malgré tout, j'ai fait trois bonnes saisons. Et à la fin, on m'a dit que je ne pourrais pas devenir pro. C'est très dur à accepte pour un jeune. Et je me demande comment ils font pour savoir et pour dire ça. D'autant que ceux qui te disent ça n'ont jamais été pro. Dans ma génération, ils ont aussi viré Payet et Tabanou. Deux joueurs qui sont devenus pros. Moi, j'ai continué à travailler après avoir été viré. Je me suis dit que si ce n'était pas maintenant, ce serait plus tard. Ensuite, Le Havre a voulu me faire signer quand j'étais à Fréjus, en National. La raison pour laquelle je n'y suis pas allé ? Mon père m'a dit : « tu as vu comment ils t'ont jeté. Si tu es mon fils, tu n'y retournes pas ». Je ne suis pas rancunier, mais voilà...
BQ : Ce parcours et toutes ces difficultés t'ont donné de la force ?
FF : Une force incroyable. Et je remercie ma famille d'avoir toujours été là. Je ne remercie d'ailleurs que ma famille, et quelques personnes qui m'ont aidé et qui ont été importantes. Mais dans la vie, que tu sois en haut ou en bas, il n'y a que la famille pour t'épauler.
BQ : L'Espagne, c'était l'un de vos rêves ?
FF : Depuis tout jeune, oui. A l'époque, avec mon père, on n'avait pas les chaînes pour avoir tous les matchs. En revanche, on avait Real Madrid TV, qui n'était pas crypté. Du coup, je regardais le championnat espagnol et les matchs du Real. J'étais amoureux du Real Madrid. C'est un championnat que je voulais découvrir, et je remercie Dieu de m'avoir donné la chance de le faire.
BQ : Vous vous éclatez aujourd'hui en Espagne ?
FF : Je m'éclatais aussi en France, mais en Espagne je m'éclate parce que tu joues contre des très grosses équipes, des grands joueurs, et dans un football avec une philosophie que tout le monde aime. Même si le championnat de France évolue, en Angleterre et en Espagne, ce sont deux championnats qui sont au TOP.
"Mon départ de Caen, je l'ai toujours en travers de la gorge""Dans le foot, quand on ne veut plus de toi, on te jette comme une merde"
BQ : Finalement, vous avez démarré tard et votre ascension dans le monde pro a été fulgurante. Vous en êtes conscient ?
FF : Oui mais pourquoi a-t-elle été fulgurante ? Parce que le fait d'être parti de Caen dans ces conditions-là, je l'ai toujours en travers de la gorge. Et cela m'a rendu plus fort. Cela m'a donné envie d'aller chercher encore plus loin. Je me suis dit que dans le foot, tu avais beau faire des gros matchs, avoir des statistiques, quand un club ne veut plus de toi, on te jette comme une merde. C'est injuste, c'est aussi comme ça dans la vie, donc il faut profiter. J'aurais pu faire en Ligue 1 ce que je fais en Liga, mais on ne m'a pas donné ma chance. Je n'ai peut-être pas tout bien fait, mais je n'ai jamais triché ni déconné. J'étais sérieux.
"La Coupe du monde avec le Maroc ? Un rêve de gosse"
BQ : Vous allez prendre aussi beaucoup de plaisir l'été prochain : Coupe du Monde en Russie avec le Maroc ?
FF : C'est un rêve de gosse. Quelque chose dont tu rêves quand tu es jeune, le fait de pouvoir défendre les couleurs de ton pays. Je n'ai pas encore les mots pour définir ce que je ressens, mais j'ai hâte. BQ : Le gamin de Saint-Etienne du Rouvray qui dispute une Coupe du Monde trente ans plus tard, c'est magique ?
FF : Moi je ne pense pas à jouer le Portugal ou l'Espagne, à gagner de l'argent et prendre des primes. Moi ce qui me fait kiffer, c'est ça. C'est de me dire que je suis parti de très très bas et que j'arrive aujourd'hui à jouer une Coupe du Monde. Je repense à toutes les difficultés. Aux fois où j'étais à deux doigts d'arrêter. Dans la vie, c'est comme ça, il y a des gens qui te veulent du bien et d'autres du mal. Entre guillemets, c'est aussi grâce à tous ceux qui m'ont voulu du mal que j'ai réussi.
On espère que l'ancien havrais Issam Chebake sera de la partie...
Aujourd'hui, on a encore quatre mois. Je souhaite à tous les marocains qui jouent au foot d'être au top, et d'y participer. Après, un choix sera fait par le sélectionneur. Mais moi, même si je ne la faisais pas, je supporterais le Maroc. Je le suivrais à fond. Je le suivais auparavant, je pleurais auparavant. J'étais spectateur, maintenant je suis acteur. Et je travaille tous les jours, très dur, pour garder ma place. Car le plus difficile, une fois rentré dans la sélection, c'est d'y rester.
Ndlr : En 2013/2014, Fayçal Fajr est mis en concurrence avec Jérôme Rothen. Peu utilisé sur les cinq premières journées, il connaît un début de saison difficile, avant d'exploser finalement et d'inscrire 8 buts et 15 passes décisives. Malgré une saison fantastique, son club ne le conserve pas.
Entretien - Fayçal Fajr avec Bertrand Queneutte :
BQ : Le record est en passe de tomber. Pas trop déçu ?
FF : Les records sont fait pour être battus. Moi, je souhaite le bien à tout le monde, et je souhaite à Zinédine Ferhat de battre le record et même d'en mettre 25 s'il faut.
BQ : Comment avez-vous fait, à l'époque, pour en mettre 15 ?
FF : Au départ, ce n'était pas un objectif. Mais quand tu commences à marquer et à faire des passes, il y a un petit challenge qui naît entre joueurs. On se demande quel joueur va marquer le plus ou faire le plus de passes. Tu rentres dans un petit engrenage. C'est comme meilleur buteur, quand tu marques tu as envie d'en marquer encore et encore. Tu as envie d'avoir le record. C'est une spirale positive. Mais encore une fois, mon objectif premier cette année-là, c'était de faire monter le club en Ligue 1. Remporter le titre de meilleur passeur, ça fait plaisir, mais à aucun moment je n'ai fait passer l'individuel avant le collectif.
"Je lui souhaite de battre le record"
BQ : Ce record a-t-il été un tremplin, en fin de saison ?
FF : Bien sûr. Cela t'ouvre d'autres portes. Dans le football, les statistiques sont très importantes. Moi, cela m'a ouvert les portes du championnat espagnol.
BQ : Cette fameuses saison 2013/2014, vous avez notamment délivré de nombreuses passes à Mathieu Duhamel (6). Il y avait une véritable complicité entre vous ?
FF : Oui, sur le terrain et en dehors. Lui et moi, on s'entendait très bien. On est de la même ville. Je savais exactement où il voulait que je lui transmette le ballon. C'est très important. Et c'est ce qui a fait qu'il a su marquer plusieurs buts et moi délivrer plusieurs passes. Cela nous a permis de remporter les deux trophées.
"Mathieu et moi, on s'entendait très bien"
BQ : Mathieu est ensuite passé au HAC et à QRM, entre autres. Il a laissé un souvenir mitigé. On lui a collé une étiquette de joueur caractériel. Vous comprenez ?
FF : Dans le foot, si tu n'as pas de caractère, on te marche dessus. Et quand tu en as, ça ne plait pas. Mathieu, il est caractériel. Mais comme plein de joueurs. Moi aussi je le suis. Mais c'est un gentil garçon, jamais il n'a été méchant. Son caractère fait que c'est un gagneur, un bosseur. Il est comme moi. Tous les deux, on a réussi tardivement, on est rentré très tard dans le monde pro. Avant, on a trimé, on a galéré, on a travaillé. On est passé par toutes les étapes : de la PH à la CFA, en passant par la DH, la DHR. Ce n'est pas un emmerdeur. A Caen ou au Havre il a eu des problèmes, mais il y en a partout des problèmes.
" A Caen, on m'a dit : tu pars ! Je n'ai toujours pas compris pourquoi"
BQ : Vous avez le sentiment qu'on vous a collé la même étiquette ?
FF : A Caen, ça a été pareil pour moi, l'année du record. Lui, ça a été l'année d'après. Moi, encore aujourd'hui, je n'ai pas compris pourquoi j'étais parti de Caen. J'aurais bien aimé savoir. Un joueur qui te met 8 buts et 15 passes décisives, qui a des stats, qui te fait monter en Ligue 1 et qui fait une grosse saison, pourquoi tu ne le gardes pas ? Pourquoi ? Donne moi des raisons. Je suis parti en mauvais terme, et je ne sais pas pourquoi. On a parlé de mon caractère, ou du fait que soit disant je n'acceptais pas la concurrence. C'est faux. S'ils avaient su comment j'étais vraiment à l'intérieur, ils n'auraient pas dit tout ça. C'est pour ça que c'est important de chercher à savoir ce qu'un joueur ressent vraiment au fond de lui. Mais moi, on m'a juste dit « tu pars ». Mon père m'a dit : « Tu as vu comment ils t'ont jeté. Si tu es mon fils, tu ne retournes pas au Havre »
BQ : Avant cela, vous êtes passé par plusieurs clubs normands, et notamment le HAC. Pourquoi n'avez-vous pas percé au Havre ?
FF : C'est simple. A l'époque, j'avais douze ans et je jouais à Petit-Quevilly. J'ai été recruté par le HAC, club professionnel. Je suis parti loin de ma famille. Certains y arrivent, d'autres non. Moi, je suis très proche de ma famille et je n'ai pas réussi. Avec le recul, je me dis que je n'étais quand même pas très loin d'elle, mais j'avais l'impression d'être à l'opposé. Malgré tout, j'ai fait trois bonnes saisons. Et à la fin, on m'a dit que je ne pourrais pas devenir pro. C'est très dur à accepte pour un jeune. Et je me demande comment ils font pour savoir et pour dire ça. D'autant que ceux qui te disent ça n'ont jamais été pro. Dans ma génération, ils ont aussi viré Payet et Tabanou. Deux joueurs qui sont devenus pros. Moi, j'ai continué à travailler après avoir été viré. Je me suis dit que si ce n'était pas maintenant, ce serait plus tard. Ensuite, Le Havre a voulu me faire signer quand j'étais à Fréjus, en National. La raison pour laquelle je n'y suis pas allé ? Mon père m'a dit : « tu as vu comment ils t'ont jeté. Si tu es mon fils, tu n'y retournes pas ». Je ne suis pas rancunier, mais voilà...
BQ : Ce parcours et toutes ces difficultés t'ont donné de la force ?
FF : Une force incroyable. Et je remercie ma famille d'avoir toujours été là. Je ne remercie d'ailleurs que ma famille, et quelques personnes qui m'ont aidé et qui ont été importantes. Mais dans la vie, que tu sois en haut ou en bas, il n'y a que la famille pour t'épauler.
BQ : L'Espagne, c'était l'un de vos rêves ?
FF : Depuis tout jeune, oui. A l'époque, avec mon père, on n'avait pas les chaînes pour avoir tous les matchs. En revanche, on avait Real Madrid TV, qui n'était pas crypté. Du coup, je regardais le championnat espagnol et les matchs du Real. J'étais amoureux du Real Madrid. C'est un championnat que je voulais découvrir, et je remercie Dieu de m'avoir donné la chance de le faire.
BQ : Vous vous éclatez aujourd'hui en Espagne ?
FF : Je m'éclatais aussi en France, mais en Espagne je m'éclate parce que tu joues contre des très grosses équipes, des grands joueurs, et dans un football avec une philosophie que tout le monde aime. Même si le championnat de France évolue, en Angleterre et en Espagne, ce sont deux championnats qui sont au TOP.
"Mon départ de Caen, je l'ai toujours en travers de la gorge""Dans le foot, quand on ne veut plus de toi, on te jette comme une merde"
BQ : Finalement, vous avez démarré tard et votre ascension dans le monde pro a été fulgurante. Vous en êtes conscient ?
FF : Oui mais pourquoi a-t-elle été fulgurante ? Parce que le fait d'être parti de Caen dans ces conditions-là, je l'ai toujours en travers de la gorge. Et cela m'a rendu plus fort. Cela m'a donné envie d'aller chercher encore plus loin. Je me suis dit que dans le foot, tu avais beau faire des gros matchs, avoir des statistiques, quand un club ne veut plus de toi, on te jette comme une merde. C'est injuste, c'est aussi comme ça dans la vie, donc il faut profiter. J'aurais pu faire en Ligue 1 ce que je fais en Liga, mais on ne m'a pas donné ma chance. Je n'ai peut-être pas tout bien fait, mais je n'ai jamais triché ni déconné. J'étais sérieux.
"La Coupe du monde avec le Maroc ? Un rêve de gosse"
BQ : Vous allez prendre aussi beaucoup de plaisir l'été prochain : Coupe du Monde en Russie avec le Maroc ?
FF : C'est un rêve de gosse. Quelque chose dont tu rêves quand tu es jeune, le fait de pouvoir défendre les couleurs de ton pays. Je n'ai pas encore les mots pour définir ce que je ressens, mais j'ai hâte. BQ : Le gamin de Saint-Etienne du Rouvray qui dispute une Coupe du Monde trente ans plus tard, c'est magique ?
FF : Moi je ne pense pas à jouer le Portugal ou l'Espagne, à gagner de l'argent et prendre des primes. Moi ce qui me fait kiffer, c'est ça. C'est de me dire que je suis parti de très très bas et que j'arrive aujourd'hui à jouer une Coupe du Monde. Je repense à toutes les difficultés. Aux fois où j'étais à deux doigts d'arrêter. Dans la vie, c'est comme ça, il y a des gens qui te veulent du bien et d'autres du mal. Entre guillemets, c'est aussi grâce à tous ceux qui m'ont voulu du mal que j'ai réussi.
On espère que l'ancien havrais Issam Chebake sera de la partie...
Aujourd'hui, on a encore quatre mois. Je souhaite à tous les marocains qui jouent au foot d'être au top, et d'y participer. Après, un choix sera fait par le sélectionneur. Mais moi, même si je ne la faisais pas, je supporterais le Maroc. Je le suivrais à fond. Je le suivais auparavant, je pleurais auparavant. J'étais spectateur, maintenant je suis acteur. Et je travaille tous les jours, très dur, pour garder ma place. Car le plus difficile, une fois rentré dans la sélection, c'est d'y rester.
Ndlr : En 2013/2014, Fayçal Fajr est mis en concurrence avec Jérôme Rothen. Peu utilisé sur les cinq premières journées, il connaît un début de saison difficile, avant d'exploser finalement et d'inscrire 8 buts et 15 passes décisives. Malgré une saison fantastique, son club ne le conserve pas.


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