Le Maroc est candidat à l'organisation du Mondial 2026 de football. L'idée est largement plébiscitée, mais le pays est-il prêt ? Doctorant en sciences de gestion, Mehdi Alaoui Mhammedi livre son analyse. Avant la candidature officielle à l'organisation de la Coupe du monde 2026, l'idée est déjà soutenue à l'unanimité au Maroc : politiciens et médias supportent inconditionnellement le projet. Une chose est sûre, l'événement pourra apporter au Maroc une notoriété internationale. Quelles retombées ? Néanmoins, avons-nous posé les bonnes questions ? Hormis la problématique du financement qui peut à elle seule faire remettre en question la faisabilité du projet, deux questions méritent, à mon sens, une réponse plausible avant d'y injecter des fonds publics : quelles seront les retombées économiques et sociales sur le territoire hôte ? Quelle sera l'utilité de mastodontes stades après la fin de la compétition ? Savez-vous que les JO de Londres 2012 ont coûté plus de 12 milliards d'euros [1]? Cette somme a été financée à 52% par l'Etat, 8% par des collectivités locales, 19% par une loterie publique et 21% par des fonds privés. Plus récemment, Rio a mobilisé plus de 17 milliards d'euros pour l'organisation des Jeux olympiques d'été de 2016. L'organisation du Mondial 2010 en Afrique du Sud avait coûté plus 4,5 milliards d'euros. Une facture récente, l'accueil du Mondial 2014 à Rio nécessitait un investissement de 11 milliards d'euros. Dans la foulée de ces chiffres énormes, le Maroc propose pour la cinquième fois d'accueillir l'événement phare de la FIFA. L'idée de l'organisation de la Coupe du monde n'est pas récente, elle remonte plus précisément à 1994, l'édition qui a été remportée pour la première fois par les Etats-Unis. Ensuite, le Maroc a candidaté successivement aux éditions 1998, 2006 et 2010. Hormis la candidature de 2010, elles se sont toutes terminées par un point commun, tous les projets de construction de stades sont restés sur papiers et les prototypes ont été archivés juste après les séances de vote. Quelle est l'utilité d'un stade d'une capacité de 40 000 supporteurs, situés aux périphéries lointaines des grandes villes ? Exceptionnellement, la candidature de 2010 a donné naissance à quatre stades : le stade Ibn Battouta de Tanger, le stade Adrar d'Agadir, le grand stade de Marrakech et le grand stade de Fès. Quant aux retards de réalisation, on n'en parle même pas. Mais, le football marocain a-t-il besoin de ces mastodontes ? Quelle est l'utilité d'un stade d'une capacité de 40 000 supporteurs, situés aux périphéries lointaines des grandes villes ? Des tribunes déjà vides Chaque week-end, avec une nouvelle journée du championnat national, on est forcé de retourner vers la dure réalité. Hormis les deux clubs casablancais (WAC/Raja) qui ont un très grand nombre de supporteurs au Maroc et en Europe, des fans reconnus pour leurs fidélités et leur engouement, qui remplissent dans chaque match de la Botola – le championnat national – et des compétitions africaines les coins du stade Mohammed V, les autres matchs de la Botola se jouent généralement devant des tribunes désertes. Le vide quasi-absolu ! Dans la plupart des cas, la recette des matches est tellement faible qu'elle ne génère aucun profit. Parfois, elle ne couvre même pas les frais d'exploitation du stade. Les clubs de la Hassania d'Agadir et du Difaa d'El Jadida servent d'exemple. Les deux clubs pratiquent le beau jeu et occupent les premiers rangs du classement. Cependant, ils disputent leurs matches devant des tribunes quasi-désertes. N'est-il pas plus judicieux de démocratiser la culture sportive ? Afin d'enrayer la violence et de limiter au maximum les dégâts en cas d'actes de vandalisme, les quatre nouveaux stades ont été bâtis dans des zones périphériques souvent dépourvues des services les plus souvent essentiels, une demi-mesure qui a vite montré son échec. Un clin d'œil aux initiateurs de l'idée du nouveau stade de Casablanca à El Mansouria, qui se situe à 40 km de Casablanca ! Voilà un point important sur lequel il faut se pencher. Le stade a une durée de vie limitée et les coûts d'entretien évoluent dans le temps. De même, en l'absence de lignes régulières desservant ces zones, des infrastructures pour faciliter l'accès et la sortie des stades, des centres de divertissement et des magasins, ces investissements sont devenus des mastodontes inutiles, coûteux, exploités uniquement les week-ends, sans apport considérable et sans impact positif sur le tourisme, l'économie de la ville et l'entourage du stade. N'est-il pas plus judicieux de démocratiser la culture sportive, tout en édifiant des complexes sportifs d'une capacité moyenne dans les différentes villes du royaume ? Avant la candidature officielle à l'organisation de la Coupe du monde 2026, l'idée est déjà soutenue à l'unanimité au Maroc : politiciens et médias supportent inconditionnellement le projet. Une chose est sûre, l'événement pourra apporter au Maroc une notoriété internationale. Quelles retombées ? Néanmoins, avons-nous posé les bonnes questions ? Hormis la problématique du financement qui peut à elle seule faire remettre en question la faisabilité du projet, deux questions méritent, à mon sens, une réponse plausible avant d'y injecter des fonds publics : quelles seront les retombées économiques et sociales sur le territoire hôte ? Quelle sera l'utilité de mastodontes stades après la fin de la compétition ? Savez-vous que les JO de Londres 2012 ont coûté plus de 12 milliards d'euros [1]? Cette somme a été financée à 52% par l'Etat, 8% par des collectivités locales, 19% par une loterie publique et 21% par des fonds privés. Plus récemment, Rio a mobilisé plus de 17 milliards d'euros pour l'organisation des Jeux olympiques d'été de 2016. L'organisation du Mondial 2010 en Afrique du Sud avait coûté plus 4,5 milliards d'euros. Une facture récente, l'accueil du Mondial 2014 à Rio nécessitait un investissement de 11 milliards d'euros. Dans la foulée de ces chiffres énormes, le Maroc propose pour la cinquième fois d'accueillir l'événement phare de la FIFA. L'idée de l'organisation de la Coupe du monde n'est pas récente, elle remonte plus précisément à 1994, l'édition qui a été remportée pour la première fois par les Etats-Unis. Ensuite, le Maroc a candidaté successivement aux éditions 1998, 2006 et 2010. Hormis la candidature de 2010, elles se sont toutes terminées par un point commun, tous les projets de construction de stades sont restés sur papiers et les prototypes ont été archivés juste après les séances de vote. Quelle est l'utilité d'un stade d'une capacité de 40 000 supporteurs, situés aux périphéries lointaines des grandes villes ? Exceptionnellement, la candidature de 2010 a donné naissance à quatre stades : le stade Ibn Battouta de Tanger, le stade Adrar d'Agadir, le grand stade de Marrakech et le grand stade de Fès. Quant aux retards de réalisation, on n'en parle même pas. Mais, le football marocain a-t-il besoin de ces mastodontes ? Quelle est l'utilité d'un stade d'une capacité de 40 000 supporteurs, situés aux périphéries lointaines des grandes villes ? Des tribunes déjà vides Chaque week-end, avec une nouvelle journée du championnat national, on est forcé de retourner vers la dure réalité. Hormis les deux clubs casablancais (WAC/Raja) qui ont un très grand nombre de supporteurs au Maroc et en Europe, des fans reconnus pour leurs fidélités et leur engouement, qui remplissent dans chaque match de la Botola – le championnat national – et des compétitions africaines les coins du stade Mohammed V, les autres matchs de la Botola se jouent généralement devant des tribunes désertes. Le vide quasi-absolu ! Dans la plupart des cas, la recette des matches est tellement faible qu'elle ne génère aucun profit. Parfois, elle ne couvre même pas les frais d'exploitation du stade. Les clubs de la Hassania d'Agadir et du Difaa d'El Jadida servent d'exemple. Les deux clubs pratiquent le beau jeu et occupent les premiers rangs du classement. Cependant, ils disputent leurs matches devant des tribunes quasi-désertes. N'est-il pas plus judicieux de démocratiser la culture sportive ? Afin d'enrayer la violence et de limiter au maximum les dégâts en cas d'actes de vandalisme, les quatre nouveaux stades ont été bâtis dans des zones périphériques souvent dépourvues des services les plus souvent essentiels, une demi-mesure qui a vite montré son échec. Un clin d'œil aux initiateurs de l'idée du nouveau stade de Casablanca à El Mansouria, qui se situe à 40 km de Casablanca ! Voilà un point important sur lequel il faut se pencher. Le stade a une durée de vie limitée et les coûts d'entretien évoluent dans le temps. De même, en l'absence de lignes régulières desservant ces zones, des infrastructures pour faciliter l'accès et la sortie des stades, des centres de divertissement et des magasins, ces investissements sont devenus des mastodontes inutiles, coûteux, exploités uniquement les week-ends, sans apport considérable et sans impact positif sur le tourisme, l'économie de la ville et l'entourage du stade. N'est-il pas plus judicieux de démocratiser la culture sportive, tout en édifiant des complexes sportifs d'une capacité moyenne dans les différentes villes du royaume ?