A 13 ans, Nordin Amrabat reçoit une nouvelle qui va changer sa vie. Son club, l'Ajax Amsterdam, décide de le laisser libre. Il faut dire que le jeune homme a manqué une bonne partie de la saison après avoir contracté la maladie d'Osgood-Schlatter. En raison de ses problèmes aux genoux, le Marocain craint de voir sa carrière s'arrêter avant même d'avoir vraiment commencé. "C'était dur", se souvient Amrabat pour FIFA.com. "Je m'entraînais à quelques centaines de mètres de l'Amsterdam ArenA. On pouvait voir le stade et on rêvait tous d'y jouer un jour. Je n'ai pas réussi à m'imposer à l'Ajax et c'est dommage, mais je suis tout de même très satisfait de mon sort.” Une décennie plus tard, l'ailier a effectivement toutes les raisons de se réjouir. Après avoir quitté les Lanciers, il doit faire le ménage dans une école voisine et la plonge dans un restaurant. Il envisage alors d'étudier le commerce, l'économie et le droit. Parallèlement, il rebondit dans une équipe amateur de deuxième division, Omniworld. Deux ans plus tard, il participe à la Ligue des champions de l'UEFA sous les couleurs du PSV Eindhoven. La suite de sa carrière le mène à Galatasaray, où il étoffe encore son palmarès. "Qu'on soit dans une équipe amateur, qu'on fasse la vaisselle ou qu'on dispute un match de Ligue des champions, il faut toujours être concentré à 100% sur ce qu'on fait. C'est une règle à laquelle je ne déroge jamais", explique-t-il. "Je suis une personne plutôt simple, mais je fais toujours de mon mieux." Transféré à Watford, Amrabat assure que ces débuts difficiles n'ont fait que renforcer sa détermination. Il en aura bien besoin s'il veut réaliser un autre rêve : disputer la Coupe du Monde de la FIFA, Russie 2018™, 20 ans après la dernière apparition des Lions de l'Atlas dans l'épreuve mondiale, lors de France 1998. "Je me souviens très bien du match contre l'Ecosse", poursuit Amrabat. "Nous étions tous debout. Je me rappelle aussi de la rencontre face au Brésil de Ronaldo. Le Maroc s'était incliné 3:0. Je n'ai pas oublié non plus le très beau but de Mustafa Hadji contre la Norvège." Après avoir admiré de loin l'ancien joueur de Nancy et d'Aston Villa, Amrabat côtoie désormais son idole à chaque rassemblement de la sélection. "Hadji a toujours été l'un de mes joueurs préférés. Aujourd'hui, il est entraîneur adjoint de l'équipe nationale. C'est un type fantastique. Au début, nous étions un peu intimidés mais maintenant, il fait vraiment partie du groupe." Cap sur la Russie Vingt ans après Hadji, Nourredine Naybet et leurs partenaires, Amrabat compte reprendre le flambeau à l'issue du tour final des qualifications africaines pour Russie 2018. Versés dans le Groupe C, les Lions de l'Atlas évoluent aux côtés du Gabon, de la Côte d'Ivoire et du Mali, ce dernier étant actuellement suspendu jusqu'à nouvel ordre. "Le football africain ne ressemble à aucun autre. On se retrouve toujours face à des adversaires puissants, rapides et ambitieux dans le jeu. De nombreux sélectionneurs étrangers sont arrivés récemment et ils insistent sur l'aspect technique. Ici, rien n'est facile", prévient-il, même s'il reste optimiste. "Nous avons un bon groupe, un bon encadrement et une bonne mentalité. Tous les ingrédients sont réunis pour que nous allions en Russie." En aidant son pays à atteindre la Russie, Amrabat bouclerait une nouvelle étape d'un long voyage qui a bien failli s'achever avant même d'avoir commencé.